Enseignante

Je fais des promesses aux enfants
les après-midis hivernaux
comme des conversations de table
quand mon pied me brûle de parler trop
pour trop peu de mouvement
à part à l’intérieur
de mes propres godasses aux talons élimés
à part dans le petit cercle
de lumière dépressive
dans laquelle je suis piégée
les intensités de ma (notre) propre situation
où ce dont nous avons besoin et que nous n’avons pas
ne nous ont pas achevées
et les promesses résonnent comme une destruction
les flocons de neige blancs obstruent les ruelles
dérivant à travers les halls et les couloirs
pendant que je raconte des histoires sans fin
à l’heure du repas
le visage des enfants arbore des sourires compliqués
comme une question lourde
je sers la bouffe avec une efficacité effrayante
la parole est libre/ment ce qui est un état
de la condition d’être
nous sommes des forces élémentaires
qui se télescopent en chute libre.

Et qui dira que j’ai prononcé
des promesses
aurait mieux fait de rester dans la confusion
que le temps
a poussé long et droit
dans une saison de neige
la saison difficile où le soleil dépérit
qui dira quand ils bâtissent
les châteaux de glace à midi
laissant mes promesses prononcées
à ces enfants
qui diront
regardez–nous avons disposé les villes nouvelles
avec plus d’amour que nos rêves.

Qui entendra la cloche de la liberté mourante
dans le boucan des portes de prison
où les bonhommes de neige fondent dans l’obscurité
impardonnés et ainsi remémorés
pendant que le chaud midi parle d’une voix fougueuse ?

Comme nous nous sommes déchaînés à travers tant d’hivers
roulé des boules de neige joué à la guerre
frottant la neige contre nos visages bruns
et ils picotaient et brillaient
dans le soleil d’hiver
au lieu de chocolat nous roulions de la neige
sous nos langues
jusqu’à ce qu’elle fonde comme du sucre
brûlant les gerçures de nos lèvres
et nous avons secoué nos doigts engourdis
tout le long du chemin vers la maison
en nous souvenant que l’été arrivait.

Pendant que les promesses que je fais aux enfants
germent comme le blé d’une mise de printemps précoce
qui entendra le signal de la liberté
dans les chaînes des promesses
qui oubliera la malédiction du marginal
qui ne reconnaîtra notre saison
comme libre
qui dira
que les promesses corrompent
ce qu’elles n’inventent pas.