Les dessins sont exécutés sur des feuilles de papier ordinaire, enfant, Mamadou Cissé griffonnait sur des boîtes en carton, en Casamance, au Sénégal.
« Au départ, je dessinais pour ne pas dormir, après avoir essayé la lecture et les mots croisés. C’est devenu si présent que je ne peux plus m’en passer« , explique-t-il,
Lui qui a exposé à la Fondation Cartier, fut boulanger, couturier, restaurateur tapissier de meubles. Et travaille aujourd’hui comme agent de sécurité et gardien, la nuit, dans un vaste entrepôt de logistique à Fresnes.
Ses constructions des villes et des monuments, « en mouvement, qui montent vers le ciel pour laisser de la place à la terre en bas, qui ont de l’eau, de la couleur, de l’énergie« , dit-il. « Laisser de la place à la terre au sol, car si on continue comme cela, surtout quand on sera neuf milliards, demain Paris sera à Bruxelles !« .
Il figure ces architectures, mégalopoles imaginées, comme vues d’avion, avec une précision étonnante, chaque dessin est conçu comme une géométrie complexe. Son travail , un rituel comme il l’explique. « Je commence chez moi par ce que j’appelle le grillage, l’ébauche de la structure, puis je m’amuse avec le relief, partant de monuments anciens qui symbolisent la ville et leur ajoutant des immeubles modernes, des ponts, des axes routiers. Après j’habille à ma façon« .
Immeubles aux multiples fenêtres, gratte-ciels le long desquels glissent les grands axes autoroutiers et les ports fluviaux. Projets architecturaux utopiques ou l’on pourrait « faire vivre tout le monde ». Un document de vie, selon les mots d’Alessandro Mendini, designer et architecte italien qui scénographie l’exposition Histoires de voir consacré à l’art dit « naïf, autodidacte ou primitif ».
Toujours réalisées aux feutres multicolores,la maîtrise des couleurs, l’audace et la précision de sa “palette”, la composition à chaque fois différente, transforment ses créations et nous transportent dans un autre monde.
« Si on n’avait pas ces couleurs en Afrique je ne sais pas comment on serait. Je parle de la couleur des tissus, des maisons, tout se marie. Pourquoi resterait-on toujours dans des standards, dans des villes uniformément grises où on se fait la gueule ? », interroge l’artiste qui rêve « d’un monde meilleur et d’un urbanisme mieux pensé où les gens seraient mieux logés »
FB
DEMAIN NOS VILLES, MAMADOU CISSÉ 10 septembre au 26 octobre 2013 GALERIE REGARD SUD 1/3, rue des Pierres Plantées – Lyon 1er – 04 78 27 44 67
D’Aristide Caillaud à Mamadou Cissé http://imago.blog.lemonde.fr/2012/04/27/daristide-caillaud-a-mamadou-cisse/