La belle au bois dormant à l’Opéra de Lyon du 15 au 24 novembre
Personne ne sera naïf : dans cette Belle au bois dormant, le conte de Perrault n’est qu’un prétexte. Le prétexte à un déploiement de mouvements gracieusement coordonnés ou savamment déstructurés, où l’émotion se garde de toute mièvrerie par une fréquente bonne dose d’humour. Le chorégraphe et metteur en scène Marcos Morau a inventé pour le Ballet de l’Opéra de Lyon un spectacle qui, certes, s’appuie sur le récit initial et la musique de Tchaïkovski, mais en opérant une sorte de renversement narratif donnant la priorité au contexte plus qu’aux personnages.
Pas de soli virtuoses ici, puisqu’il n’y a pas d’héroïne ni de héros autour desquels s’organiserait le récit. C’est l’ensemble, précisément, qui a la primauté, et l’homogénéité des costumes (de Silvia Delagneau) renforce cette heureuse dimension, par exemple mise en relief quand les danseuses se transmettent continument le poupon figurant la belle endormie ou lors d’une scène de panique collective où toute la troupe traverse la scène en courant. Un décor sobre mais astucieux (car démontable !) et surtout un travail des lumières intensifiant les contrastes parachèvent ce qui est une indéniable réussite du Ballet de l’Opéra de Lyon.
La Belle peut continuer à roupiller tranquille, l’ensemble assure le spectacle sans elle de la meilleure des manières.
Carmen S.
(c) Jean-Louis Fernandez