Johnny got his gun

De l’invasion de la France par les États-Unis d’Amérique.

N’est-il pas étonnant que lorsqu’une formation d’extrême droite cale son discours sur une théorie du grand remplacement par les musulmans, personne ne tique sur le fait que oui, il y a déjà eu un grand remplacement, mais pas par les musulmans ?

Il est surprenant de voir que depuis 1945, personne n’ait levé le petit doigt pour réaliser à quel point tous les pans de notre société ont été imprégnés par le modèle américain. Que ce soit dans la culture, à la télévision, dans les médias, les campagnes électorales, la publicité, le marketing, la langue, l’urbanisme et surtout, l’économie.

Cet article ne se veut nullement critique envers un modèle, mais tend à exposer des faits établis que n’importe quelle personne peut observer dans sa vie de tous les jours. Nous nous pencherons donc sur trois aspects de cette invasion, car à ce stade, nous ne pouvons plus parler d’influence.

Le Langage

Le français s’est enrichi de plusieurs autres langues au cours des siècles. Et puisque certains pointent du doigt une minorité sur la langue arabe, il serait judicieux de leur rappeler que des mots comme sirop, bougie, jupe, gabelle existent dans notre dico depuis des centaines d’années et n’ont pas attendu l’indépendance de l’Algérie pour débarquer dans nos livres. Ces mots ont été transformés et francisés au fil du temps.

En revanche, depuis 40 ans, de nouvelles expressions ont fait irruption sans subir aucun changement linguistique, seulement peut être au niveau de la prononciation les français n’étant généralement pas très à l’aise avec cette discipline. Tout d’abord, l’abréviation LOL. Lors de mon arrivée en Angleterre en 2001, j’entendais déjà cette expression que je n’avais jamais entendu précédemment en France. Elle signifie Laugh Out Loud. En 2008 à Reading (Royaume Uni) je rencontrais de jeunes français qui l’utilisaient tous mais n’en connaissaient pas la signification. C’est LOL un point c’est tout, avec un immense sourire en prime. Un de ces sourires forcés et imités que j’ai vu tant de fois aux Etats Unis. C’est là où ça a fait tilt. Et c’est une avalanche de néologisme qui s’est abattue sur notre pays avec des mots comme brushing, open, cool, blazer, spoiler, weekend, teaser, shopping, market, fast food, pop, rush, discount, OMG (Oh My God), smoking, revolver, hardware, tuning, tag, cake etc. Plus de 500 mots anglais sont plus utilisés que certains mots de langue française. Ceci ressemble fort à un remplacement pour moi. Jacques Toubon, alors ministre de la culture de 1995 à 1997 sous le gouvernement d’Alain Juppé avait tiré la sonnette d’alarme. Mais son discours restait inaudible, même sa proposition de loi n’a pas tenu. Le pire est arrivé avec l’avènement d’internet. Le fait qu’il n’y ai pas de mots français dans le vocabulaire informatique démontre notre retard en la matière.

Si nous devions nous projeter dans 50 ans, qu’adviendra-t-il de notre langue ? Mum remplacera maman ? Dad, remplacera papa ? Ne devrions-nous pas imposer un cadre et faire que ces mots restent dans l’éphémère grâce à une éducation maîtrisée et non pas les inclure dans le dico ? Lorsque je joue au Scrabble, tout devient tellement confus.

Télévision

C’est par ce moyen que le remplacement a eu lieu. D’abord il y a eu Walt Disney ; toucher les enfants en premier, c’est capital. Dans 20 ans, ils seront tous imprégnés des images mais aussi des messages sous-jacents de ce qui définit l’Amérique/ Marche ou Crève, le plus fort réussi etc. Puis les séries. Magnum, Starsky et Hutch, the Duke of hazard, Love boat, les feux de l’amour, les émissions télé comme le juste prix, les couples qui veulent se marier, les jeunes déjà mariés, les émissions de gym et puis après dans la phase finale du grand abrutissement les émissions de téléréalité qui ont déferlés sur notre culture, laminant un terrain vide, en friche, laissé à l’abandon par une société avide de consommation, d’émotions fortes et de rires débiles. Et oui toutes ces émissions looking 10 years younger, où un homme ou une femme se font relooker parce que dans ce pays, le paraitre est super important. Une société où l’extérieur prime sur l’intérieur ; you are what you eat (vous êtes ce que vous mangez), Supernany ou family swap où le mari va vivre avec la femme d’un autre pour voir la différence. Le voyeurisme et l’exhibitionnisme ont de beaux jours devant eux, quand des gens acceptent de se mettre nus devant des millions de gens pour un minimum de reconnaissance.

Je me suis adonné à une petite expérience. J’ai balayé toutes les chaînes que me propose mon fournisseur internet. Au moins 85% sont des séries ou des émissions américaines. Si encore les séries proposées étaient de la même trempe que Mad Men ou The Wire ou Breaking Bad… mais c’est loin d’être le cas. En fait, on ne vous demande pas de penser et grâce à cet abrutissement cathodique on pense à votre place. Et comme le dit si bien Woody Allen en parlant de Los Angeles : «Ils ne jettent pas leurs ordures. Ils en font des émissions de variétés pour la télévision.».  Allez, souriez, vous payez la redevance télé…

Société

Il suffit juste de regarder autour de vous le nombre de publicités rédigées en anglais. C’est effarant.

Je conçois que le ministère du tourisme affiche des informations en plusieurs langues, mais des affiches 4×4 avec une phrase en anglais me donnent encore l’impression de vivre à Richmond ou Fresno. Le pire dans cette histoire c’est que 70% des gens qui passeront devant ce message publicitaire anglo-saxon ne comprendra rien, la traduction étant en bas à droite en caractère minuscule.

Une autre influence qui s’est muée en un fléau dans le décor français : les tags. Et encore une fois, c’est dans les années 80 qu’il faut remonter pour voir apparaitre ces saletés…

Là encore ne vous méprenez pas, j’aime le Street Art. Et si j’étais maire, j’encouragerais cette forme d’art populaire. Mais justement nous devons faire une distinction claire entre de vulgaires noms signés à la va vite dans le seul but de dégrader du mobilier urbain ou des bâtiments historiques, et de magnifiques fresques peintes sur des façades prévues à cet effet.

Il suffit qu’un rappeur américain porte une casquette ridicule, se tatoue et porte un pantalon au ras des fesses comme s’il venait de déféquer et tous les jeunes français vont suivre aveuglément le mouvement. L’apparence, la carte d’identité sociale dans ce monde cloisonné et déshumanisé.

Les uniformes de la police aussi ont évolué et une certaine similitude avec les flics du NYPD ou du LAPD émerge, des chaussures aux casquettes ridicules qui ont remplacé les képis. Observez bien, dans certains quartiers, ils jouent un rôle, ils y sont. Au final, tout le monde devient acteur et joue son rôle.

mais tous ces acteurs, faut quand même les nourrir. Heureusement que nous avons Mac Donald et Burger King. Ils sont là, dans toutes les villes majeures de France, les petites villes, les centres commerciaux, les zones industrielles glauques. Ils viennent narguer nos étoilés Michelin à Paris, polluent les papilles gustatives des 2 – 40 ans et viennent déboulonner le tabliers de sapeur, le coq au vin, les escargots, des siècles d’évolution culinaire jetés aux orties au nom de la rentabilité. Nous assistons à la chute de Rome.

Teenage Riot

Je sais, je vais passer pour un vieux grincheux omettant de parler des influences positives que ces sacrés yankees ont eu sur nous, pauvres français devenus incultes. Les écrivains tout d’abord, Hemingway, Faulkner, James Ellroy, Jonathan Little (vit en France et a écrit « les bienveillantes » en français), Howard Zinn, Noam Chomsky ; la musique avec le jazz, de Miles à John en passant par Theolonious, le blues, le rock, de Chuck Berry à Queens of the Stone Age, il y a de quoi faire… Les réalisateurs, Woody Allen, Sam Peckinpah, Jim Jarmush, David Lynch et non, non, non, pas cette pignouse cul cul la praline d’Emerich. Pas ce cinéma nationaliste et limite fascisant exaltant l’hypocrisie et la mièvrerie infantile. Car il s’agit bien là d’un duel pour notre pays contre cette mièvrerie typique du monde blanc anglo-saxon. Le monde où Peter Pan est roi et où la fée clochette se fait une trace sur la cuvette des chiottes du Waldorf. Le monde où chacun fait ce qu’il veut, quand il veut en consommant au quotidien que ce soit matériellement ou virtuellement pour combler un vide culturel, philosophique et psychologique intersidéral. L’ennui, la plus grande des angoisses.

Plus que jamais, nous devons bien séparer l’influence positive, dans la recherche, la culture et l’invasion, le trop plein, le point de non-retour, la chute.

Citoyennes, Citoyens, allons-nous laisser ces choses en l’état ?

Je pense que c’est too much !!

JPV