Hallucinations Collectives,
Dixième… Action !
Pour marquer son entrée dans la décimale du futur, l’enfant légitime de l’Étrange et autres TroMad Movies, proposera, du 11 au 17 avril prochains au Comœdia, une cuvée anniversaire très spéciale : un florilège de dix perles cinématographiques emblématiques de la ligne artistique du festival.
Des œuvres rares sur grand écran, qui célèbrent la diversité et l’audace au cinéma. Avis aux « amateurs d’aventure, de pure évasion et de divertissements puérils, aux amoureux du ridicule et du bizarre »…
Dix ans, putain ! 420 films programmés et diffusés, la rencontre avec plus de 90 intervenants et plus d’une quarantaine d’événements et manifestations en « off » du festival (Séances Hallucinées, Nuits Hallucinées, Épouvantables Bis à l’Institut Lumière et premiers Ciné Drive-In au Transbordeur). En 10 ans, l’association Zone Bis a mouillé du film et déroulé de la pelloche ! Du classique rare au nanar de troisième zone, de l’OFNI dérangeant au chef d’œuvre oublié, du film underground au film d’exploitation, Hallucinations Collectives a conjugué le cinéma à tous les genres et en a épelé toutes les séries, de B à Z sans oublier le X.
Le tout façon « Bison Futé du cinoche », la seule propre à tamiser les pépites délaissées par les grands circuits de distribution et à découvrir les futurs espoirs : chaque année des films sont en compétition, dont les avant-premières en ouverture et clôture de festival…
À l’usage des encore ignorants et autres non pratiquants des Hallus occupés par les pascales fêtes, il n’est qu’à énumérer les thématiques des précédentes éditions pour qu’ils se fassent une idée de ce qu’il sacrifient sur l’autel de la dévotion et du manque de curiosité : le post-humain, l’Italie mère de tous les bis, le New York des années 70/80, le « white trash », Philip K. Dick, la Belgique interdite (inoubliable Vase de Noces – d’étain, tiens !), Alice au Pays des Merveilles, les Freaks et autres mauvais gènes, l’innocence corrompue… autant de curieux territoires témérairement défrichés par les programmateurs et de chemins initiatiques vers les montagnes sacrées du septième art, avec notamment pour guides sherpas, les cartes blanches laissées aux invités (gens de métier, réalisateurs ou critiques) et les rétrospectives consacrées aux enfants terribles du cinéma : Hitoshi Matsumoto, Jess Franco, Richard Stanley, Charles Band, Michele Soavi, Paul Bartel…
Bref, chaque année à Pâques, Hallucinations Collectives, c’est un détour operator de première bourre au pays des images, pour faire sur grand écran triper ses mirettes et y mirer ses trip(e)s. Halluciner ensemble, ressusciter en somme !
Cette année, aux oubliettes les thématiques ! L’équipe s’offre un plateau anniversaire avec dix films de premier choix, dont un classique de l’exploitation italienne en copie restaurée (Le Grand Silence de Sergio Corbucci, avec Kinski et Trintignant), un classique de la série B américaine des années 80 en 35mm (Hitcher de Robert Harmon, avec Rutger Hauer), ou encore Epidemic, un des premiers films de Lars Von Trier (1987).
Le reste de la sélection sera en ligne prochainement. Au programme également, des hommages au réalisateur Bertrand Mandico et à l’éditeur Le Chat Qui Fume, une soirée spéciale 10 ans riche en surprises, et bien sûr, un incontournable du festival : le « film d’amour non simulé » ! Sans parler des films inédits et des deux compétitions habituelles (de la presse et du public pour les longs-métrages, des lycéens et du public pour les courts).
L’occasion de découvrir, par exemple, Message From the King (le nouveau film de Fabrice Welz), ou le dernier phénomène du cinéma sud-coréen : Tunnel.
En « off » du festival, la musique, la littérature et les arts graphiques seront à l’honneur la semaine précédant l’ouverture officielle du festival et investiront d’autres lieux que le Comœdia. Un ciné concert avec le groupe lyonnais Chromb ! qui créera en live l’accompagnement musical du film muet de SF Point ne Tueras (1929). Un concert des Hallucinations Auditives pendant le festival au Périscope, une fois terminée la dernière séance de la journée. L’occasion d’en prendre plein les oreilles après en avoir pris plein les yeux ! Le dessinateur américain Paul Kirchner sera également à l’honneur d’une exposition créée avec les éditions Tanibis basées à Villeurbanne. Celle-ci donnera à voir les différentes facettes de son travail, de sa BD Le Bus, à ses couvertures pour le magazine érotique Screw dans les années 70, en passant par les récits psychédéliques publiés à la même époque dans le magazine High Times. Pour terminer avec toutes ces propositions artistiques de choix, deux illustrateurs lyonnais, Emre Ohrun et Ivan Brun, réaliseront chacun une affiche anniversaire. Celles-ci seront sérigraphiées en nombre limité et dévoilées le soir de l’ouverture…
Pour terminer, laissons la parole au très cher Jean-Pierre Bouyxou (ciné – critique, Hara Kiri, Siné…), esprit libre certifié : « Comment ne pas se sentir chez soi dans un festival où, quand on demande aux organisateurs pourquoi ils ont sélectionné tel ou tel film sans même l’avoir vu, ils vous répondent que c’est précisément parce qu’ils avaient envie de le voir ? C’est comme ça qu’on découvre les vrais chefs d’œuvre. Et puis, à Hallucinations Collectives, ce n’est pas seulement le cinéma que l’on célèbre. C’est aussi l’amitié. Faudra que j’y retourne, tiens ! ».
Marco Jéru