Mais, si tu es cloîtré chez toi, avec permission de sortie seulement pour aller faire des courses, mais alors, que faire ? Comme disait Lénine…
Ah super, enfin l’occasion d’épuiser ma pile de bouquins poussiéreuse, là sur ma table de chevet !
Par exemple, lire les trois Damasio en commençant par le dernier, Les Furtifs sur la société libéralo-capitaliste de contrôle et sur les multiples manières de résister, façon ZaDeuleuze.
Ou même, Habiter en Oiseau de circonstance et de Vincianne Despret où l’imaginaire sur ce que peut être un territoire se déploie.
Dai ! Se taper un paquet de films en commençant par l’incroyable Fuori Vena de Tekla Taidelli, quasi une spéciale dédicace à Zine, une ambiance punk-drogue-love à couper le souffle. D’ailleurs la plupart des acteurs sont morts…
Ecrire ! Ah oui écrire ! Voilà l’occasion unique ! Ecrire heu… ses mémoires, un article pour Le Zèbre, en corriger un (encore un énorme merci, Ben), écrire à une amie pour lui dire comment la vie va, comment désormais les choses ont changé, comment désormais vous comprenez mieux ce que vous êtes…
Et puis aussi faire le ménage, monter un meuble scandinave, en retaper un, sont fragiles ces animaux-là, finir ces menus travaux repoussés depuis longue date, peut-être celle du déménagement, d’ailleurs.
Eh bien non, rien de tout ça ! Entre des allers-retours à la fenêtre pour vérifier que c’est vraiment vrai, voir si ça change ou tout simplement par habitude au bout d’un moment, des grignotages dans le frigo, un suivi maniaque des infos malgré un internet qui dysfonctionne vu que tout le monde fait comme vous, des coups de téléphone pour parler justement des infos, quelques vidéos sur YouTube qui parle de la vie d’avant, celle où on regardait pas les vidéos sur YouTube, vous vous ennuierez grave !!!
Pas d’issue. Vous verrez. Même une »carrière » sur ProCyclingManager pourtant captivant, vous distraira à peine.
Vous vous ennuierez, donc jusqu’au moment où vous direz : bon, c’est fini, je fais plus rien pendant un mois, de toutes façons pas le choix, on a déconné pendant de longues semaines à rire des Chinois puis des Ritals. Maintenant, c’est notre tour. On s’est rassuré en parlant de gripette, on s’est dit qu’on avait des choses importantes à faire quand même, on s’est dit plus fort en continuant de s’embrasser, « Tous des cons ! Vive la Croix-Rousse ! ».
Bon basta comme on dit ici, maintenant, c’est a casa ou crever dans le couloir d’un hôpital, faute de places, pour une partie d’entre nous.
Bon courage, le meilleur est passé.