Vivre en pandémia, c’est chouette et puis c’est pas loin !

Plus de cent morts dans une même journée, puis soixante, puis plus de deux cent… ça refroidit, non ?
En tout cas, une nouvelle volée de mesures est apparue. Un conseil de sécurité s’est réuni dans la soirée du samedi 7 mars et peu après 23 heures apparaissait dans les médias un »brouillon » de diverses dispositions. Toute la Lombardie et plusieurs zones limitrophes sont devenues zones rouges !
J’ai entendu que la diffusion aux journalistes de ce document aurait été réalisée par des élus de la Ligue du Nord… histoire d’affoler un peu plus. Résultats : environ vingt mille personnes se sont précipitées dans les gares pour fuir la ville. Pas de bol pour une bonne partie d’entre eux, ils ont été reçus dans leurs villes méridionales par les autorités qui leur ont ouvert la porte… de la quarantaine !
Le décret paru dans la nuit interdit par exemple l’ouverture des supermarchés le week-end, à l’intérieur une distance d’un mètre doit être tenue entre les clients, les discothèques et les stations de ski ferment (étonnant, on pouvait penser que c’était le cas auparavant) et puis les sorties, entrées et les déplacements sont interdits ou très fortement limités pour certains cas exceptionnels.
Ça ne rigole plus du tout. D’ailleurs la plupart des gens respectent consciencieusement les règles à Milan. On voit de longues queues en dehors des pharmacies ou des supermarchés où chacun laisse une distance de sécurité devant lui. Un quart des personnes porte un masque, les rues se vident…
Et puis sûrement en partie à cause de cette »fuite » méridionale, dans la nuit du lundi 9, ces mesures ont été étendues à tout le pays.
Ça tombe bien, une étude réalisée par des Chinois et apparue dans les journaux mardi matin, change quelque peu la donne : le virus ne serait pas une simple gripette, mais quelque chose de plus dangereux et plus contagieux que ce qui se disait ces derniers temps…
Dans cette ambiance anxiogène où de nouvelles restrictions arrivent tous les jours, ambiance qui, rassurez-vous, ne tardera pas à arriver en France, nous pouvons mieux voir, mieux comprendre un certain nombre de choses.
En effet, cette pandémie agit comme un analyseur. C’est à dire un événement qui vient révéler certains points aveugles d’une société fonctionnant en mode habituel. Ainsi, par exemple, pour ceux qui en doutaient, le Lombard est très souvent respectueux des règles. Ça devient franchement visible.
Mais aussi, la destruction de l’Etat social, comme en France, par les libéraux-socio-démocrates ou les conservateurs apparaît de manière bien plus cruelle. Les hôpitaux étaient déjà en flux tendu, restriction budgétaire oblige, aujourd’hui, ils sont logiquement débordés. Sûrement, une partie des électeurs heureux de payer moins d’impôts et qui se retrouvent maintenant sur des brancards dans les couloirs ne font pas encore le rapprochement. Espérons que cet événement provoquera un pli entre deux réels qu’ils refusent encore de voir.
Et puis bien sûr, la précarité. Aujourd’hui elle apparaît dans toute sa splendeur. Tous ces contrats inventés pour »lutter contre le chômage », ces contrats au projets, ces CDD à horaires variables, ces invitations à devenir une entreprise-tout.e-seul.e-et-ne-pas-payer-de-charges,… Tous ces contrats donnent une belle situation catastrophique pour une partie des citoyens. C’est simple : pas de possibilité de travail, pas de revenu et rien qui vient de l’Etat… Reste la famille pour ceux qui en ont une assez riche et/ou assez sympa.
Quant à ceux qui bossent au black…
Du côté de la pauvreté, c’est pas jojo non plus. Les bénévoles hésitent à distribuer des repas gratos et pourtant il y a du monde qui vient, et pas que des clochards, je peux vous le dire, j’ai été filer un coup de main la semaine dernière.
Pauvreté plus logement, c’est pas mal aussi. Quand on habite à sept dans deux pièces et qu’il vaut mieux rester à la maison ou… qu’un des sept est malade…
Et puis les personnes âgées qui ne peuvent désormais plus être visitées…
Bon, bref, sociologues du monde entier, venez, la société italienne montre des facettes habituellement cachées… Ou alors attendez un peu, ça va arriver près de chez vous.
P.S. : un petit bonus du jeudi après-midi
désormais, pour sortir de chez soi, nous devons remplir un formulaire intitulé »auto-certification » qui doit expliquer la raison de la sortie. La police peut vous le demander. Inutile de présenter un »simple promenade », seules des courses, une visite médicale ou des raisons expressément professionnelles sont valables…