UnipopPlus dynamique que jamais et le cartable bourré de nouveautés, l’UNIPOP de Lyon entame sa 10ème saison, avec un thème sulfureux : Les « Liaisons dangereuses » en art, en politique, en sociologie, en littérature, en psychologie. Une cinquantaine de cours de toutes disciplines et près de 20 séances d’ateliers (philo, étymologie, écriture et découverte du roman « les liaisons dangereuses »). L’équipe des intervenant-e-s, encore enrichie de nouveaux spécialistes, présente le programme 2012-2013 le mercredi 2 octobre au TNP salle Jean BOUISE à 19h. La rentrée officielle de l’UNIPOP aura lieu le mercredi 9 octobre aux Archives municipales (métro Perrache) avec un débat autour des « Biens communs » et du Partage des savoirs.
Et bien entendu comme à l’accoutumée, les cours sont ouverts à toutes et tous sans inscription ni adhésion. Ne soyez pas inquiet si vous loupez un cours, ils sont tous écoutables en ligne, et même téléchargeables gratuitement sur le site http://unipoplyon.fr/.

 

unipop-2013-2014 5Plus curieux qu’une mouche du coche, le zèbre a décidé de rencontrer l’équipe tout au long de l’année. Première interview avec Françoise Bressat présidente de l’Université Populaire de Lyon et de Lilian Mathieu sociologue, directeur de recherche au CNRS et intervenant historique de l’unipop. Le sujet, les intervenants plus de 25, et le choix des saisons.

Franck Bonnéric : 25 intervenants qui vont entamer la nouvelle saison ? On remarque que c’est principalement des universitaires, est-ce un choix ?

unipop-2013-2014 4Lilian : Je dirais que ce n’est pas une condition d’être universitaire pour intervenir à l’université populaire, il faut maitriser son sujet, il y a quand même un impératif de qualité et de compétence des intervenants qui doivent maitriser leur sujet. Il est vrai que le milieu universitaire a été le premier vivier de recrutement des enseignants, cela c’est fait par réseaux… Ce n’est pas une condition nécessaire mais il est vrai que cela peut apparaitre comme une garantie. Mais ce n’est pas n’importe quel universitaire qui accepte de faire des cours bénévoles, de les préparer, de prendre sur son temps …

unipop-2013-2014 2Françoise : Au début il y avait cinq professeurs qui faisait entre 10 et 12 cours par an ce qui est était vraiment lourd. Et maintenant il y a 25 professeurs qui font entre 3 et 5 cours par an ce qui multiplie les disciplines, multiplie les publics et oblige forcément à une ouverture. Alors effectivement, nous avons quelques exceptions, même si le gros quota des intervenants sont des universitaires, mais ce sont surtout des personnes qui veulent faire de l’enseignement alternatif. Pour donner un exemple, Laura Foulquier, lorsqu’elle a débarqué à l’Université populaire, ne connaissait personne. Elle m’a écrit en me disant que ça l’intéressait, et elle est venue assister à un cours. Elle est tombée raide dingue du système, puis elle a voulu faire des cours. Elle enseigne à la faculté, mais surtout dans le secondaire. C’est une exception qui confirme la règle mais je ne pose jamais le principe qu’il faut être universitaire pour venir, il faut vouloir partager, et avoir un sujet sur lequel on se sent compétent…

unipop-2013-2014 5Lilian  : Il y a des gens qui se présentaient pour faire des cours, dès qu’on leur disait que c’était bénévole et qu’on expliquait le but d’Unipop, ils disparaissaient de la circulation. Je dirais que les mercenaires, les gens trop intéressés ou les allumés, on les repère et d’eux-même ils voient que c’est pas pour eux.

unipop-2013-2014 4Françoise : Puis leur compétence n’est pas forcément reconnue par un diplôme. Il y a des gens qui même très diplômés ne savent pas intéresser un public, tout le monde le sait. Il y a des personnes qui ont vidé la salle, on ne dira pas de nom ! Ils ne sont pas revenus car ils se sont aperçus que ce n’était pas leur truc. Les personnes qui enseignent sont donc des gens qui ont vraiment envie de rencontrer un type de public, qui vont réussir à l’accrocher, et qui y trouvent un plaisir particulier.

unipop-2013-2014 2Lilian  : C’est aussi qu’ils acceptent une remise en question. La formule qui reste quand même prédominante, c’est une heure de cours un peu magistrale, et une heure de discussion. Pendant ce moment, des gens ne sont pas forcément d’accord, contestent, demandent des précisions. Si on n’est pas en mesure de répondre aux questions alors on s’aperçoit qu’on est un peu faible… Donc, ils acceptent ce type d’échange avec un public, ce qui n’existe pas à la faculté. A la « fac », il y a une posture d’autorité de celui qui de toutes façons, à la fin du semestre, donnera une note. L’institution garantie la tranquillité de l’enseignant. Ce n’est pas non plus les mêmes formats pédagogiques. Le public de l’Université populaire n’a pas a priori le même bagage qu’un étudiant de troisième année d’université. Il faut à la fois ne pas bêtifier, ni vulgariser au ras du sol, mais s’ajuster au fait que les gens ne sont pas nécessairement des spécialistes. Un exercice pédagogie que moi je trouve très stimulant mais aussi très exigeant. Pour moi, d’une certaine manière, les cours exigent plus de travail de préparation, ou en tout cas un travail de préparation différent de ce que je fais à la faculté. Ce n’est pas du tout le même public !

unipop-2013-2014 5Franck Bonnéric : Vous avez le don à chaque fois de trouver des titres qui provoquent. L’année dernière « La Crise dans tous ses États », cette année Les Liaisons dangereuses…

unipop-2013-2014 4Françoise  : La tradition du titre, c’est à Philippe Corcuff qu’on la doit. Dans toutes les universités populaires de France et d’ailleurs, il n’y a pratiquement jamais de thèmes. Philippe avait envie de choisir un thème au départ, je crois qu’il y avait à la fois son goût pour fédérer les différents intervenants, puis c’était aussi un peu le côté challenge de chaque intervenant. Au début, ce n’était pas bien compliqué, puisque c’était que des sciences-po, philo, enfin ça tournait un peu vers les sciences humaines. C’est devenu un peu plus compliqué quand on a eu l’histoire de l’art ou l’astrophysique. Mais finalement tout le monde y a trouvé un certain plaisir. Il y a un côté joueur, mais cela souligne aussi ce côté transversal. Il y a des approches différentes, une approche histoire de l’art, une approche science-po, une approche socio d’un sujet. Il y a aussi le côté festif de la chose, avec les Liaisons dangereuses cette année. Apparemment ça a beaucoup inspiré ; tout le monde a trouvé des super sujets !

unipop-2013-2014 5Lilian : Chaque année au mois de juin on se retrouve, c’est un moment de convivialité. Il est sympa de se retrouver avec tout les enseignants pour discuter un petit peu de l’année écoulée et surtout de préparer l’année suivante. C’est vrai que les années précédentes on avait d’avantage cogité longuement pour trouver un titre. C’est vrai que pour moi ça fait la 7ème année que je vais intervenir. Au bout d’un moment, on arrive un peu au bout de ses compétences et de ce qu’on peut raconter. C’est aussi une chose stimulante de l’Université populaire : on ne refait jamais le même cours, donc il faut se renouveler, mais c’est exigeant. Les Liaisons dangereuses est l’un des thèmes le plus consensuel, qui peut être potentiellement approprié par le plus grand nombre des intervenants de l’UP.
Il y avait un côté un peu, « olé olé » si on fait référence au bouquin de Choderlos de Laclos, alors moi, je travaille notamment sur la prostitution. Il y a un peu tout ce qui tourne autour du libertinage, des sexualités un peu sulfureuses…

 

Franck Bonnéric

 

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