Bonjour chez vous, les Zébrés et les Z’autres.
Si nous avons bien évidemment prévu de vous pondre un numéro estival focalisé sur « qui couche avec qui sous le soleil de la croisette en maigrissant sans effort » ; nous nous sommes bizarrement rendu compte en comité de rédaction qu’avant l’été, il y avait le printemps. Et valsent ainsi les saisons sans que l’on s’en aperçoive, tels les trous dans la couche d’ozone et telles des révolutions étouffées à l’automne.
Oui mais Le Printemps ! Rien que d’évoquer son nom, et me voici instantanément tout chose. Avec une envie incontrôlable de me rouler dans l’herbe jusqu’en bas de la colline. Le printemps tant attendu, synonyme de renaissance, de la flore et des corps.
Stop ou encore ?
Le printemps à double tranchant, celui de Rimbaud et de Victor Hugo. Bientôt celui des Municipales. Et celui de la fin de la trêve hivernale. Sale temps pour les naïfs. Ceux qui dans mon genre pensaient, que cette saison comme autrefois rimait, avec l’éveil des sens, voire des consciences. Non, bien au contraire. Un printemps qui me rappelle l’hiver qu’on n’a pas eu. Rude et sournois. Semblable à celui du plateau de Langres. Par un dimanche après-midi, sous un grand ciel plombé. Où tout est bien sûr fermé. Caroublé à double tour. Et d’abord les hommes. Dont rien n’imagine filtrer. Un printemps sacrifié. Emprisonné derrière des persiennes. Qui me ferait presque préférer l’hiver, mais en version Baudelaire.
Parenthèse et volets refermés. Il n’y aura ainsi pas de printemps pour tout le monde. Quand reprendront les expulsions locatives. Puis celles des squats, des campements et des bidonvilles. Mais qui s’en soucie ? A priori pas vraiment les grands médias trop occupés par le néant préélectoral. Difficile en effet aujourd’hui d’allumer la radio, la télé et le net, sans entendre débiter aux « informations » des flows de Rien. Le Rien décliné à toutes les sauces. Scandales financiers et coucheries à gogo. Un rien d’insécurité. Et un rien de discrédit. Un soupçon de petites phrases assassines. Un rien résumant les rituels politiques. Un rien d’illusions. Et puis rien que des fais divers. Rien que des peurs, des sondages et des plaintes. Rien que des effets d’annonce et des promesses bientôt non tenues. Rien que le plaisir incendiaire de jouer avec le feu. Rien sur le fond. Rien de chez rien. Le néant mais sans l’être.
Et rien ou pas grand-chose sur ces 10 millions de français en situation de fragilité – parfois extrême – par rapport au logement, selon le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre (FAP). Qui s’échine à rappeler que « la pauvreté n’est pas un crime », alors que chaque jour, les journaux télévisés semblent insinuer le contraire. Salauds de pauvres. Qui font tâche dans le décor bucolique de nos villes. Et surtout des centres-villes, où ils deviennent progressivement personae non gratae. Sans Domiciles Fixes, Sans-papiers, prostitués, roms, chômeurs, banlieusards, jeunes et vieux désœuvrés… la liste est longue. Et un peu plus tous les jours. Mais on est priés de s’en souvenir uniquement à Noël. Pas au printemps. Et sûrement pas avant les Municipales. Dans des villes que l’on ambitionne propres et dynamiques.
Interpellés par L’état du Mal-Logement en France publié récemment par la FAP, nous avons ainsi décidé de mettre la dose sur le sujet selon différents angles et/ou sensibilités, propres à chacun(e) des membres de cette rédaction. La plupart des papiers sont publiés ce mercredi 12 mars, sachant que d’autres suivront jusqu’au jour j du printemps. Pour être ultérieurement regroupés dans un PDF.
Libre à vous ensuite d’en faire ou non des confettis virtuels, pour fêter l’avènement du printemps… Que nous vous souhaitons néanmoins resplendissant.