Human Torch est Oscar Gonzalez de l’état de Oaxaca est cusinier à New York. Il envoie 350 dollars par semaine. Robin est Ernesto Mendez de Mexico City est gigolo à Times Square New York. Il envoie 200 dollars par semaine. Wonder woman est Maria Luisa Romero de l’état mexicain Puebla. Elle travaille dans une laverie à Brooklyn New York. Elle envoie 150 dollars par semaine à sa famille. Mr. Elastic est Sergio Garcia de l’état de Mexico est serveur à New York, et envoie 350 dollars par semaine…
Dulce Pinzón s’intéresse à une catégorie de super-héros moins médiatisé, soulever, de manière satirique, à la fois la question de notre définition de l’héroïsme et de notre ignorance et indifférence pour la main-d’œuvre qui alimente notre économie de consommation. Elle rend ici hommage à ces hommes et ces femmes, qui réussissent tant bien que mal, sans le moindre pouvoir surnaturel, à supporter de difficiles conditions de travail afin d’aider leurs familles et communautés à survivre et prospérer.
Elle explique : « Après le 11 septembre, la notion de “héros” a commencé à surgir de plus en plus fréquemment dans la conscience publique. À cette époque de crise nationale et mondiale, la notion a servi pour reconnaitre ceux qui ont fait preuve d’un courage extraordinaire ou d’une détermination face aux risques, parfois même prêt à sacrifier leur vie pour tenter de sauver les autres.
Le travailleur immigré mexicain à New York est un parfait exemple du héros qui passe inaperçu, poursuit-elle. Il est fréquent pour un travailleur mexicain à New York de faire des heures supplémentaires dans des conditions extrêmes à très bas salaires qui sont économisées au prix de lourds sacrifices et envoyées à leurs familles et communautés au Mexique, qui comptent sur eux pour survivre. L’économie mexicaine est tranquillement devenue dépendante de l’argent envoyé par les travailleurs aux États-Unis. Inversement, l’économie américaine est discrètement devenue tributaire de la main-d’œuvre des immigrants mexicains. »
Tout est super dans notre vie, nous avons le super héros qui nous sauve du danger invisible, le super braqueur que l’on arrête un jour ! Le super terroriste que l’on élimine forcément ! Le super patron qui crée de l’emploi de milliers d’ouvrier ! La super start up qui va changer notre vie de demain ! Le super cuissot le top men qui fait frémir nos papilles virtuelles ! La liste est longue de ces Supermans ou Wonderwomans du virtuel médiatique, mais à quoi rêvons nous (Kent)…
Ces héros intemporels et modernes, véhiculent l’image de tout puissance et de pouvoir. Avec eux, c’est la suprématie de la culture, de l’argent, d’un modèle économique voire du pays tout entier. Les Etats-Unis sont les maîtres du monde ! Qui mieux que le superhéros Captain America pour représenter cet idéal de superpuissance et d’hégémonie ?
Alors même que nos sociétés ont montré ces dernières années un regain d’intérêt marqué pour l’image du super-héros, Dulce Pinson inverse les rôles et les concepts, la femme de ménage, le transporteur, le livreur devienne le temps d’un clic, d’un regard, d’une photo, des gens qui existent, des gens bien comme l’on dit dans le langage populaire, des gens à aimer, à respecter et surtout à regarder. En affichant le lieu de naissance, le lieu de travail et surtout l’argent envoyé au Mexique, elle démontre l’absurdité de ce système qui ne vit que sur la pauvreté de l’autre, immigré bien sur. Questionnements en lien avec les problématiques économiques actuelles, elles nous interrogent sur la pertinence des modèles véhiculés par nos sociétés ?
FRANCK BONNÉRIC
Dulce Pinzòn “Super-heros” Yann Delacour “En déplacement” 2000-2013 Exposition 16 mai – 13 juillet 2013 LE BLEU DU CIEL 12, rue des fantasques 69001 Lyon ouvert du mercredi au samedi de 14h30 à 19h30 /www.lebleuduciel.net/