Fin de « Pattie »

(21 Nuits avec Pattie, de Arnaud et Jean-Marie Larrieu)

 

Une jeune et ravissante femme débarque dans un village somptueusement perché du Languedoc, pour l’enterrement de sa mère : figure charismatique de la joie de vivre, des plaisirs amoureux, de la liberté conquérante du corps et de l’esprit, de l’amour des lettres et des hommes, conjugués ensemble ou séparément…

Pas facile d’être la fille d’une pareille égérie surtout quand on est timide, effacée et même un tantinet frigide… Soudain, le cadavre de cette encombrante mère disparaît… Qui l’a enlevé ? Un amoureux transi, un nécrophile pervers ou un jouisseur jusqueboutiste ??? Une enquête amusée mais pas amusante, démarre, entraînant notre héroïne dans de funèbres fantasmagories.

Caroline découvre dans cette oasis de verdure un repaire de joyeux vivants bobos/babas déguisés en autochtones, qui prônent la bonne bouffe et le bon vivre loin de la ville ! Ces gais lurons la laissent de marbre, trop occupée qu’elle est à retrouver sa mère…

Le sujet s’annonce drôle, insolent, décalé, joyeusement paillard et ça se traîne, ça bégaye, ça se la raconte et on n’y croit pas une seconde !

 

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Karine Viard, qui n’oublie jamais d’être Karine Viard, profère, avec « cœur », ses interminables tirades salaces, visiblement écrites par des mecs obsédés de la queue, seul outil de bonheur universel… Face à l’étalage indigeste de la vie sexuelle d’une Pattie trop épanouie pour être vraie, Caroline/Isabelle Carré promène sa maigreur, sa naïveté et sa pudeur : c’est grotesque !

On se proclame ici en phase avec une nature sauvage, riche et ensoleillée, on se veut différent des abrutis de la ville ; ici, les femmes font (enfin) joyeusement le ménage et la cuisine, pendant que les mecs se baignent à poil… Leur unique bonheur est de se faire sauter dans tous les sens par un « vrai » mec, bien membré… Quel programme !

Face à ce débordement de vitalité, Caroline/Isabelle Carré, la citadine aux grands yeux tristes, incarne la frigidité, la solitude et l’échec amoureux puisqu’aucun mâle, à commencer par son mari, n’a réussi à la combler… La démonstration est limpide et annoncée : le salut viendra, sur fond de JMG Le Clézio, de la fusion avec la nature, « masculine » de préférence !

Ici triomphe la baise « phallocentrée », avec concours de bites assuré où Sergi Lopez, le « Catalan » (s’il vous plaît), grimpe sans peine au sommet du ridicule macho !

Tout cela est d’un convenu désolant et ce n’est pas le malheureux Dussolier, alibi culturel corseté et pompeux, qui va sauver les meubles de cette fable lourdingue… ni Denis Lavant qui fait du Denis Lavant comme d’habitude

Film prétentieux, faussement poétique et faussement libéré… Seule la nature y est réjouissante, qui ne parvient pas à faire oublier la lourdeur démonstrative d’une insolence toute parisienne.

On avait vraiment rêvé d’une œuvre audacieuse et dérangeante, qui nous aurait « ragaillardis » en ces temps sombres d’interdits et de peurs. Consolons-nous : ce n’est que « Pattie » remise …

La Vieille dame indigne