L’Enfance Rouge & E.Robinson

l-enfance-rouge-e-robinson 1Pour beaucoup il est le plus grand performer/showman américain à être apparu dans les années 90. Lui, c’est Eugene Robinson , vétéran de la scène hardcore U.S. des 80’s avec Whipping Boy, bagarreur invétéré, écrivain, chroniqueur sportif, pornographe, bodybuilder en voie d’effondrement et tatoué de la tête aux pieds. Il est surtout connu pour être le frontman d’ Oxbow , insurpassable hydre noise rock qui en six albums disséminés sur plus de vingt années – le dernier en date, le génial The Narcotic Story, remonte déjà à 2007 – a révolutionné le rock bruitiste tout en ayant eu l’intelligence et la sensibilité de le faire évoluer vers toujours plus d’affect obsessionnel et de profondeur lumineuse.

Il y a donc presque un an jour pour jour, Eugene Robinson montait sur la scène du Sonic accompagné du groupe L’Enfance Rouge, devant seulement une quarantaine de spectateurs. Ce concert allait rapidement s’avérer être le moment musical le plus fort, le plus furieux et le plus magique de l’année 2012 pour toutes celles et tous ceux qui ce soir là avaient osé braver le froid et l’hiver pour venir se frotter à un déchainement électrique sans pareil (des sensations qui d’ailleurs ont trouvé moult échos sur les autres dates effectuées en ce mois de décembre par le tandem Eugene Robinson/L’Enfance Rouge). Complètement émerveillé, j’avais alors redécouvert cet Eugene Robinson qui m’avait à la fois complètement terrifié et définitivement hypnotisé lors de ma première confrontation avec Oxbow, c’était le 2 novembre 1996 au Pezner de Villeurbanne. Sans redonner dans l’exhibitionnisme et la confrontation physique directe, le colosse Robinson était bien redevenu cet outrage permanent, cette incitation à la débauche sonique et ce monstre dévastateur – toutes choses qu’il avait un peu mises de côté ces dernières années avec Oxbow, préférant une approche orgueilleuse plus théâtralisée et plus arty du malaise exprimé et de sa traduction musicale.

l-enfance-rouge-e-robinson 2Eugene Robinson revenu à un tel niveau d’incandescence voire de combustion instantanée, ce n’était pourtant absolument pas le fruit du hasard : L’Enfance Rouge , groupe franco-italien politiquement très engagé et baroudeur, qui n’hésite pas à collaborer avec des musiciens du Maghreb et rencontrés au gré d’incessants voyages (le sublime album Trapani – Halq Al Waady), était alors tout désigné pour servir les dessins énervés du chanteur. Cependant, ce jour là sur la scène du Sonic, on a également pu assister au phénomène inverse, en ce sens qu’Eugene Robinson se coulait parfaitement dans la musique (et le vieux répertoire) de L’Enfance Rouge, qu’il ne dirigeait pas forcément les débats à lui tout seul voire qu’il était lui-même constamment surpris par tout ce qui passait alors… Un état de tension permanente imposé par un trio de musiciens talentueux démontrant une puissance de feu incroyable, aussi bien rythmiquement qu’au niveau du jeu de guitare, une guitare tenue par un François Cambuzat toujours très inspiré et au moins aussi habité et furieux qu’Eugene Robinson. C’est pour cette raison que l’article que vous êtes en train de lire s’intitule « L’Enfance Rouge & Eugene Robinson » et non pas l’inverse, tout comme c’est peut-être pour préserver l’intensité du live que le groupe n’a pour l’instant pas enregistré d’album studio mais a préféré uniquement publier The First Will & Testament, un DVD filmé lors d’un concert parisien en 2012.

l-enfance-rouge-e-robinson logoSi vous avez raté L’Enfance Rouge & Eugene Robinson il y a un an, une séance de rattrapage a lieu ce mardi 3 décembre 2013, toujours au Sonic (4 quai des Etroits, Lyon 5ème) avec en prime une première partie de choix : les locaux d’Awhat ?, après quelques changements de line-up, viennent d’enregistrer une bonne démo dans le studio campagnard de J-L Prades (ingénieur du son de talent et maitre à penser du projet Imagho). De quoi en avoir l’eau à la bouche et de (re)découvrir ce groupe fort heureusement difficilement cataloguable et, pour la petite histoire, comprenant en son sein un vieux Bästard.

 

Hazam.

 

L’Enfance Rouge – Vendicatori

Oxbow – The Narcotic Story

Awhat ?