Tapin : du verbe « taper », avec le suffixe -in. À l’origine, désigne un soldat qui bat le tambour, puis le travail, en argot, puis le « racolage sur la voie publique », pour enfin désigner la prostituée elle-même : « Deux tapins guettaient encore le dernier client » Simonin. (source : Wiktionnaire).
Oui, mardi prochain, le Zèbre fait le tapin.
Le Zèbre et Lilian Mathieu vous proposent d’arpenter quelques lieux communs de la prostitution, de faire des tours et détours dans cet espace qui donne lieu à de nombreux fantasmes, souvent en noir et blanc. Problème social, fléau, source d’insécurité, traite des Blanches, mais aussi tout un imaginaire romantique et romanesque autour de froufroutantes demoiselles pensionnaires de maisons closes, de maquereaux violents mais amoureux, de prostituées vieillissantes mais au grand cœur telle Madame Rosa dans La Vie devant soi.
Nous tapinerons donc, tel le joyeux tambour des origines, autour d’une question principale « Faut-il abolir la prostitution ? ». Cette interrogation recouvre de nombreux enjeux : accompagnement des prostitué(e)s, féminisme et prostitution, la prostitution et la loi, la place de la violence, la prise en compte de la parole des prostitué(e)s…
« Ah faudrait rouvrir les maisons closes ! »
me dit l’autre jour un collègue, aux idées bien arrêtés. « Ça c’est sûr »répondit une autre collègue qui, pleine d’humaine compassion ajouta « Au moins, elles avaient un livret sanitaire ». La prostitution semble favoriser les opinions bien arrêtées. Chacun a un point de vue : abolitionnisme, liberté de se prostituer, encadrement, recensement des prostituées, exercice dans des lieux où le bruit du tambour se fera moins entendre, approche misérabiliste, ou populiste, ou victimaire… Souvent stigmatisante, même drapée d’humanité.
Il est pourtant bien difficile, après avoir lu un des ouvrages de Lilian Mathieu, de conserver un point de vue rigide et définitif. Parce que la prostitution y est envisagée de manière dépassionnée, comme la solution la meilleure ou en tout cas la moins pire à une situation toujours complexe, comme la source de revenus et donc le moyen de survie de personnes majeures, responsables, trop souvent considérées comme des mineures à vie.
Café socio, avec Lilian Mathieu, mardi 14 octobre, 20h, à la coopérative du Zèbre, rue Jean-Baptiste Say, Lyon 1er.
Ouvrages de Lilian Mathieu ayant servi à la préparation de la rencontre :
– La Condition prostituée , Ed. textuel, 2007
– La Fin du tapin, Sociologie de la croisade pour l’abolition de la prostitution, Ed. François Bourin, 2014