Les chroniques dansées de MC-Chouchou #2
Le Grand Bal de Dyptik : corps envoûtés et ambiance post-apocalyptique
S’il y a un spectacle où il ne faut pas raconter l’entrée en matière, c’est bien celui-là, sous peine de tuer le suspens. Impossible cette fois d’être bien installé dans son fauteuil : dès la première seconde, on est sur le qui-vive et la tension ne diminue que lorsque la lumière s’éteint.
Stupéfaction donc et le spectacle tient ses promesses.
Une performance physique, interprétée au millimètre.
Le Grand Bal, dernier spectacle de la compagnie Dyptik de Saint-Etienne, dirigée par Mehdi Meghari et Souhail Marchiche a été présenté au Radiant Bellevue les 20, 21 et 22 septembre dans le cadre de la Biennale de la Danse.
Pendant plus d’une heure, les neuf danceur.se.s, Mounir Amhiln, Charly Bouges, Yohann Daher, Nicolas Grosclaude, Hava Hudry, Beatrice Mognol, Carla Munier, Davide Salvadori, Alice Sundara, s’agitent sans trêve sous nos yeux. Leurs corps se tordent, se démembrent, leurs têtes se penchent, tels des zombies, leurs jambes se tendent, leurs bras tournoient. Toutes les cellules de leur corps sont mises au service de la danse. Ils sautent, ensemble, séparément, à deux, sur scène, parmi les spectateurs.ices, dans les gradins. Tout est en mouvement, sans arrêt, sans contrôle. La danse s’est emparée d’eux et ne les lâche plus. Les corps se meuvent devant nous, traversés de mouvements frénétiques qui miment la maladie, l’envoutement, l’euphorie. La dramaturgie est intense, totale : les visages se déforment sous l’expression d’émotions aussi diverses que la douleur, la tristesse ou la joie.
Un spectacle total : danse, musique, lumière
Spectacle total donc qui prend tout l’espace, et l’ambiance musicale de Patrick de Oliveira et lumineuse de Richard Gratas et François-Xavier Gallet-Lemaitre y est y pour beaucoup. Elle nous englobe dans un cocon de sons et de lumière qui surgissent de tous les côtés, des gradins à la scène. Par moment, la musique accompagne classiquement la danse, à d’autres, les danseur.se.s chantonnent sur scène une ritournelle en portugais. Puis soudain, on est saisi : la musique change de provenance, se loge directement dans notre oreille comme si on venait nous la murmurer. Le jeu des lumières accompagne non seulement les corps en mouvement mais ce qui fait aussi toute l’intensité de la danse : les grimaces, les sourires, les mains.
« Un putain de bon spectacle »
Les danseur.euse.s enchaînent les tableaux sans arrêt. Pas de pause. Alors qu’à un moment, on a l’impression d’être dans une espèce de fête de village, on se retrouve l’instant d’après projeté face une danse macabre, une espèce déambulation « zombiesque » avant de se retrouver témoins d’une danse de la joie. Ça va vite. C’est dynamique. A la fin, il faut pourtant s’arrêter : les corps se rassemblent, se calment. Les respirations saccadées se tranquillisent. Certain.e.s des danseur.se.s s’allongent, puis peu à peu d’autres les suivent. La ritournelle portugaise est encore murmurée, peu à peu tout s’éteint. Rideau.
« c’est un putain de bon spectacle… », me glisse à l’oreille mon voisin de fauteuil. J’acquiesce. La lumière s’allume dans la salle, standing ovation.
MC Chouchou
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