Guerrilla girls

guerrilla-girls-228 1Mini jupe, bas résilles, talons aiguilles… et un masque de gorille : voilà à quoi on reconnaît les Guerrilla Girls, groupe de femmes artistes, écrivains, cinéastes, né au milieu des années 80. Scandalisé par une exposition du Museum of Modern Art de New York intitulée « An International Survey of Painting and Sculpture » (1985) qui présentait uniquement des artistes blancs et seulement 13 femmes sur les 169 sélectionnés, un groupe d’artistes femmes fonde les Guerrilla Girls pour dénoncer le sexisme et le racisme de la sphère culturelle. Militantes féministes auto-nommées « La Conscience du monde de l’art« , elles créent depuis 25 ans des posters et des tracts afin d’interpeller le public sur les nombreuses discriminations qui sévissent dans les institutions artistiques.

guerrilla-girls-228 2Usant de l’humour et de l’ironie comme méthode d’action, elles luttent contre les injustices tout en proposant une nouvelle lecture de l’histoire de l’art. Ainsi les membres du groupe choisissent-ils comme pseudonyme des noms d’artistes femmes décédées, comme Frida Kahlo, Kathe Kollwitz ou Anais Nin. L’intention ? S’effacer derrière la cause qu’elles défendent, comme l’expliquent celles venues présenter le travail des Guerrilla Girls en 2010 au Centre Pompidou : « Surtout, nous voulions que l’accent soit mis sur le fond, non pas sur nos personnalités ou notre propre travail ».. Pour «  Paula Modersohn-Becker  » :  » la situation des femmes et des artistes de couleur dans le monde de l’art était si pathétique, que tout ce que nous pouvions faire était de se moquer de lui. C’était si bon de ridiculiser et dénigrer un système qui nous a exclus. Moquer cette idée périmée que les féministes n’ont pas un sens de l’humour. »

guerrilla-girls-228 1Ajoutez à cela les masques de gorilles dont elles s’affublent à chacune de leur apparition publique. Apparus après le lapsus d’une des membres du groupe, qui au lieu d’écrire « guerrilla » écrivit « gorrilla », ils témoignent de l’humour décalé du collectif, et concentrent l’attention du public sur son discours et non sur l’identité de ses membres. C’est aussi une référence à King Kong, symbole de la domination masculine et de la virilité dont elles s’approprient l’image. C’est encore une référence à Marlene Dietrich, qui affublée d’un costume de singe, avait su effrayer les foules des années 30 dans dans un film hollywoodien. Justicières masquées du monde de l’art, à l’instar d’un Batman, d’un Robin des Bois ou d’une Wonder Woman, elles provoquent ainsi l’inquiétude dans le monde de l’art. Personne ne peut savoir d’où elles viennent, combien elles sont, quand et où elles frapperont ?

guerrilla-girls-228 2Leur fait le plus marquant, reste leur participation à la Biennale de Venise en 2005. Les Guerrilla Girls y produisent six posters critiquant ouvertement « l’ethno et le phallocentrisme » de la Biennale de Venise. Exposées, leurs affiches exposées sont alors achetées par les institutions, qui font pourtant l’objet de leurs critiques. Contradictoire pour certain, mais pas pour elles, comme elle l’explique, qui revendiquent  » une incroyable opportunité de pouvoir critiquer le monde de l’art de l’intérieur. De la même façon que la Fontaine (1917) de Marcel Duchamp, qui au départ se voulait être une critique acerbe de la notion d’œuvre d’art, pour finalement devenir un chef d’œuvre « . Ainsi les affiches des Guerrilla Girls intègrent-elles les collections des musées qu’elles critiquent.

Quand à ceux qui les comparent avec les femmes à barbe, rien à voir, beaucoup plus  » provos et créative « , à l’américaine peut-être !!

Depuis 25 ans, les Guerrilla Girls parcourent le monde, c’est à Villeurbanne qu’elles frapperont la prochaine fois. Le combat continue.

 

Laurie Fabulous

GUERRILLA GIRLS Exposition du samedi 25 janvier au samedi 15 mars 2014 – vernissage le vendredi 24 janvier – 19h – Maison du Livre, de l’Image et du Son
After du vernissage de l’exposition Club Sonic spécial : au programme, un mélange de Dark 80’s, de rock indé, d’électro, de Mutant disco et de tubes plus ou moins sexy … 22H30 04H00 Les djs : Hang The DJ, Dee O’Flash, Robert C. Milk

pour en savoir plus http://www.guerrillagirls.com/tours/index.shtml http://elles.centrepompidou.fr/blog/?p=748
http://womanns-world.com/wp-content/uploads/2011/12/050407_guerilla-girls-artwork.jpg
Guerrilla Girls : Estrogen Bombing at Yoko Ono’s Meltdown. Watch the entire session from the Purcell Room in the Queen Elizabeth Hall.