Fish & Chips
Envoyé spécial du Zèbre dans la « Perfide Albion », notre camarade JPV a ainsi vécu une bonne dizaine d’années en Angleterre. Au point d’en connaître les us et les coutumes et les pubs. Il nous relate aujourd’hui cette aventure à paraître en 4 épisodes. Afin de nous expliquer un tant soit peu le pourquoi du comment du Brexit, qu’il avait plus que senti venir…
Fish & Chips #4 : Helter Skelter
Mai 2004. J’ai envie de voir ailleurs. J’en fait part au boss. Il me dit qu’en fait, il veut vendre l’agence. Mais pas à n’importe qui. Un indien serait intéressé mais il va en faire n’importe quoi, il n’a jamais fait hôtellerie. Il me dit que si je veux, au lieu d’aller bosser chez Five stars recruitment et finir aigris, con et cynique, je peux la reprendre et devenir chef d’entreprise.
Grand blanc. J’allais avoir mon business.
Et pas n’importe quoi, un business existant depuis plus de 10 ans avec un carnet d’adresse conséquent. Comme quoi, when there’s a will, there’s a way, c’est bien vrai.
Il me demande où je compte m’établir. À Reading bien sur…
Et donc je débute en tant que patron. Bon, je suis seul. Un Sole trader. C’est mon statut, après vous avez plusieurs types : La Company Limited, un peu comme une SARL ; Public Limited Company, où l’état détient des parts. Il n’existe pas de statut auto-entrepreneur, c’est un concept incohérent pour les anglo-saxon, grands maîtres du monde des affaires. Pour ces créatures en costume, plafonner le chiffre d’affaire d’une entreprise pour une histoire de statut est tout simplement inconcevable. C’est comme leur expliquer l’ouverture d’une entreprise en France avec un statut autre que micro-entrepreneur et l’URSSAF te tombant dessus en te demandant de payer une avance basée sur ton prévisionnel. Pour un anglais c’est absurde. Mais là, je n’étais pas en France et ici, ou là-bas, c’était super facile. Je suis allé voir le comptable, ça a duré vingt minutes. Après je suis allé à la banque pour ouvrir un compte pro. Quinze minutes. Allez, salut.
Après j’ai commencé à contacter tous mes meilleurs clients pour placer. Et c’est parti. J’ai fait une première année magnifique. J’étais dans le système. Un vrai petit libéral, mais je ne faisais pas n’importe quoi. Pas de grosse voiture rutilante, pas d’Aston Martin, pas de Lexus ou de BMW. Non, un vélo. En ville, ça aide. Plus tard en 2007 une Vauxhall Corsa d’occase avec le volant à droite parce qu’en novembre, lorsque le crachin et le froid se filent rencard, la petite reine abdique et laisse place à la voiture, ce gouffre financier.
Je ne fréquentais pas les hommes d’affaires ou les lieux super branchés de Londres, j’en avais horreur. Je restais à Reading, c’était vivant, international et plus facile en termes de distance. Je m’étais acoquiné avec des ingénieurs bossant pour des compagnies de téléphonie mobile. En fait, quand j’y pense maintenant, les smart phone, c’est eux. Ils bossaient dessus. Ils m’expliquaient toutes les possibilités qui nous seraient offertes, depuis notre portable, pour nous rendre la vie plus facile. C’était vivant, vibrant, insouciant, tout le monde rêvait. Certains français ou suisses ayant commencés comme serveur dans un resto se voyaient Community Manager à parcourir le monde, ordi portable en main, costume 3 pièces au bout de 5 ans, à peine la trentaine.
De 2004 à octobre 2008 la vie a été belle, douce et confortable. Mon club de musculation avec piscine, sauna, hammam et lounge, les restos, au moins deux fois par semaine, soit chez des clients, soit avec les potes, soit avec des candidats pour des postes clés, soit pour une date foireuse. Des virées chez mes clients écossais dans de vieux manoirs, en cuisine avec le chef Andrew, son fond brun de veau lié sur le piano, mijotant paisiblement. Ah l’Ecosse, Scotland. C’est la côte ouest qu’il faut visiter. Rien de plus enivrant que d’être devant ces paysages immenses, les couleurs changeantes sur la bruyère, les fleurs sauvages et la tourbe. Féérique, c’est l’adjectif qui dépeindrait le mieux l’Ecosse.
Et puis les weekends, les arrangements avec plusieurs hôtels quatre étoiles luxe, dont un magnifique dans le Hampshire, Une vieille maison bourgeoise du XVIIIème prés de Winchester. Je place un couple et j’ai deux piaules en all inclusivepour deux nuits, pour mes potes et moi. Cet établissement a grande fierté de servir un cognac datant de 1809. Les chambres doivent faire 50m2, la salle de bain 20, deux courts de tennis, très classe avant l’afternoon tea, une piste d’atterrissage pour hélicoptère. Oui, certains mariés britanniques aiment faire leur arrivée en hélico, c’est tellement bon pour l’image et les souvenirs d’un futur couple divorcé. Et puis en 2005 ou en 2006, l’environnement n’était pas encore à l’ordre du jour. On s’en tapait. On commençait à recycler mais on consommait comme des chancres. En tout cas, sur les iles britanniques, l’écologie était timide. Les trains de la First Great Western arrivant dans la gare de Paddington fonctionnaient au diesel. Faire cent mètres dans le hall central c’était comme se taper un footing sur le périph à l’heure de pointe. C’est à cette époque qu’est apparu pour la première fois la Congestion charge à Londres où tu devais t’acquitter d’une somme de 5 Livres sterling pour pouvoir rouler dans le centre de Londres. L’interdiction de fumer dans les lieus publics est arrivée en 2007. Ce n’était pas si terrible. C’était même mieux. Nos fringues n’empestaient plus le tabac. Refermons la parenthèse.
C’était la belle vie. Mais tu gagnes en maturité lorsque tu réalises que les bonnes choses ont une fin.
En décembre 2007 je prends l’avion direction Los Angeles. J’en parlerai dans un autre carnet de voyage. C’est juste que… je suis à Monterey, près de Big Sur, on s’est arrêté pour la nuit dans un motel avant de rejoindre San Francisco pour le jour de l’an. Je ne dors pas à cause du Jetlag. Je regarde la télé. Un mot revient souvent sur CBS : Subprime. Des millions de propriétaires incapables de rembourser des taux d’intérêts qui ont augmenté, Freddy Mac et Freddy Mae les piliers du crédit immobilier américain dans la tourmente.
Je ne le savais pas, il me restait dix mois de bonheur confortable avant les abysses.
Octobre 2008. Ça devait arriver. Je n’ai rien vu venir. Pourtant ça partait bien. Beaucoup de placements en septembre, un nouvel employé, un français avec du bagout, un bon niveau d’anglais et la pêche.
Alors que je bois mon café du matin, j’écoute les infos sur BBC one. Les cours plongent, les banques font faillites les unes après les autres, Northern Rock, le fond de pension le plus populaire au Royaume uni, prêt à mettre la clé sous la porte, laissant des millions de retraités anglais sans retraite ou presque. L’état a dû éponger les dettes et garantir une pension aux retraités en panique, faisant la queue devant les agences. Des managers que l’on retrouvait mort dans leur voiture ou chez eux. Trop d’emprunts et un projet qui meurt faute de clients.
Après c’est l’avalanche. Les banques les plus faibles font faillites, idem pour les compagnies d’assurances, puis les entreprises commencent à fermer ou à licencier en masse. Pendant ce temps-là, dans le brouhaha des déclarations censées rassurer la populace, les plus malins rachètent à très bas prix de nombreuses entreprises.
Tu penses que tu es dans une niche mais non, le mal vient t’atteindre, comme une flèche empoisonnée. Les clients lancent le massacre, ils t’appellent, le jour même, pour arrêter le recrutement. Ils vont se mettre en standby, tous leur guestsayant annulés séminaires, repas, mariages. Ils n’ont plus de clients, du coup, ils n’ont plus besoin de personnel. Et tu te prépares à boire la tasse. Tu commences à calculer combien de Livres sterling tu as mis à l’abri et combien de temps tu pourras tenir.
Ça c’était la secousse, mais après il y a les répliques. Comme pour un tremblement de terre. Et souvent les répliques sont dévastatrices. Vous vous souvenez de la réceptionniste qui avait foiré son opération de change ? C’est comme ça que j’ai reçu la double peine. Mon entreprise, des entreprises comme la mienne et tous les pensionnaires anglais vivant en France l’ont vécu en live : La dévaluation. La Banque d’Angleterre venait de décider la baisse de la Livre et ce afin d’encourager les exportations. Elle se négociait à 1.50€, elle tombait à 1.10€. Donc pour recruter un chef de partie, le salaire tombait à 11.000 au lieu de 15.000 par an. Et il est bien évident que tu n’allais pas appeler un candidat et l’insulter avec un salaire aussi ridicule.
J’ai tenu un an. Cinq ou six placements m’ont aidé un tant soit peu et puis j’ai dû reprendre un emploi en septembre 2010. Un call centre avec pleins de nationalités différentes. L’ambiance était sympa, forcément, plein de jeunes naïfs prêts à l’abattoir discutant de leurs fringues et prenant un air supérieur lorsqu’ils te parlaient, comme dans leurs séries débiles. Sauf pour deux autres types qui étaient dans la même galère que moi, le même âge que moi, groggy debout, hébétés par ce qu’il venait de se passer, hébétés de voir ces jeunes baignant dans l’ignorance sans se poser de questions.
Tout me débèquetait. Je ne sortais plus, ne fréquentais quasiment plus personne, groggy, sonné debout. J’ai perdu dix kilos. Ce monde fait de paillettes, de strass, de lumières artificielles, de clinquant me dégoutait. Les bonnes manières forcées, cet univers où il faut tout cacher en termes de sentiments ne pouvait convenir à mon âme latine. Porter sans cesse un masque et faire semblant ce n’était plus pour moi. Et ce système injuste, hypocrite et puéril a finalement détrôné cette vision naïve que je m’étais faite de la Perfide Albion. J’avais vu son vrai visage. Le visage du système. Celui dans lequel nous vivons.
Mais comme l’a si bien dit Nietzsche « Tout ce qui ne te tue pas te rend plus fort ».
J’ai attendu l’opportunité pour me casser. Tous les jours je regardais la carte de France, des films en français, Nougaro, Bashung, I Am, NTM et Brassens à fond.
J’ai commencé à lire Noam Chomsky sur les conseils d’un ami, à faire des recherches sur l’élément déclencheur de cette crise, le rôle des banques, des fonds de pensions, des compagnies d’assurances, le fait qu’un an auparavant il y avait eu une crise énergétique passée sous silence, pourtant, ce sont les plus importantes pour pouvoir prédire le comportement des marchés financiers à venir, bref, tout pour comprendre ce tsunami. Deux mots : Goldman Sachs. Ou Chicago Boys ou Milton Friedman. Toute cette pourriture néo libérale.
Fin novembre un ami me rencarde sur un poste de directeur d’hôtel en Corrèze. L’opportunité tant attendue. Du vert. Du recul. Et enfin une bouffe digne de ce nom à portée de main, au quotidien. Je dis oui.
Je suis parti le 28 novembre 2010. Une main devant, une main derrière comme le disaient les pieds noirs. Ma mère étant née en Tunisie, je me suis dit c’est juste une malédiction et mieux vaut laisser couler lorsque tu t’aventures dans ce genre de divagations de quadra désargenté.
Que dire sur ce pays étrange, parfois pénible, parfois sournois, parfois marrant et surprenant ?
Déjà, il serait opportun de relativiser, il s’agit là de mon ressenti. Certains adorent ce genre de contrée, d’autres la détestent. Moi je l’aime et je ne l’aime pas. S’ils n’avaient pas cette Reine qui ne sert strictement à rien sauf à couter un pognon de dingue, s’ils ne votaient pas pour des libéraux cachés comme Tony Blair ou affirmés comme Cameron ou Boris Johnson et si le climat était plus clément, je l’aimerais un peu plus. Alors tu gardes dans tes valises ce que tu peux d’Angleterre, le flegme, le recul, le sarcasme, le ministère du sillywalk, les œufs au bacon, le pub, la Ale, la langue, la musique et ta Credit Card Barclay qui te permettra de subvenir à tes besoins le premier mois et que tu n’auras pas à rembourser.
Je vous l’ai dit au début, la musique a été le fil conducteur. Au Royaume Uni elle est une Déesse. Elle est vénérée partout. Au supermarché ils passent The Cure. Dans la rue ils débarquent à quatre avec un orgue, une basse, une gratte une batterie et commence à reprendre un morceau des Fuzztones. Même dans le pire club où tu vas danser lorsque tu n’as pas sommeil et que les shots se font plus fréquents, la musique est bonne. Même en variétoche ils produisent de la qualité alors qu’en France nous sommes restés scotchés aux années 80 et sa musique qui donne envie de prendre un neuf millimètre. Outre les concerts de revenants comme the Wedding Present, Massive Attack et une nuée de nouveaux groupes, la plupart des pubs proposaient des soirées karaoké avec concours. Il n’y avait ni Johnny, ni Cloclo. En revanche toute la pop et la soul allant des années 50 à 2000 étaient là. A la deuxième pinte les voix s’échauffaient et les pointures défilaient. Il n’y a pas photo, les anglais sont de grands chanteurs.
Et puis faut pas rêver. Vous ne pouvez pas dire que la France est meilleure que l’Angleterre et vice versa. Vous avez, comme partout, de bonnes choses et de moins bonnes. C’est juste que nous sommes tous humains, et en tant qu’humains, à des années lumières de la perfection.
Dans ces cas-là, il n’y a qu’une chose à faire, mixer les deux dans un shaker, shake, not steered, et voir le résultat.
I guess you just have to find out by yourself…
JPV
Épilogue.
Back to memory lane…
Juillet 2022. Plus de 20 ans après mon arrivée sur le sol britannique. Je suis dans Forbury’s Park à Reading. Le gazon n’a pas trop changé, les arbres sont toujours aussi grandioses pour le sudiste que je suis, baignant dans le sec toute l’année. La vie fourmille, les bancs ne sont pas tagués, sauf celui en retrait, derrière les feuillus, au pied d’un chêne centenaire. Il est occupé par Bill et sa bande de rebelles SDF fort sympathiques mais assez imbibés, le verbe disparate et l’intonation vague, comme une tempête dans la mer d‘Irlande. Et j’en aurais vu des SDF dans cette ville de plus de 200.000 habitants. Beaucoup plus qu’en 2002 en tout cas.
C’est Bastille Day Festival, deux journées pour les anglais ayant un faible pour la gastronomie et les vins français. Et en particulier le stand de Bobby. Il est bilingue français. Il adore notre vin. Il en raffole, c’est écrit sur son visage… côtes Rôtis. Il en vend, il a un stock phénoménal pour ces deux jours de découvertes de notre terroir. Je suis venu présenter, à la demande de potes restés sur place, mon projet de visites guidées en France. Juste 4 petits jours pour prendre la température d’un pays livré aux affres du Brexit. Est-il visible, palpable ? Oui, malgré les sourires polis, il y a un malaise. Est-il à ce point nuisible ? En tout cas Bobby a voté contre le Brexit, et là, il en a gros. Même ceux qui ont voté en faveur se mordent les doigts. Il y a d’ailleurs, durant cette journée un stand avec drapeaux européens, français et britanniques pour dire que le Brexit c’est du pipeau. Du grand n’importe quoi.
Première chose, tu ne vois pas que le niveau de vie a chuté. Tu vois plus de SDF et des annonces pour du travail à foison mais sinon c’est business as usual. Le britannique ne te dira pas ouvertement comment se porte son niveau de vie. Il se balade, il a une pinte à la main et le petit sur les épaules, c’est samedi, il fait chaud, it’s a glorious day !C’est à toi de deviner. Et de questionner les potes français travaillant depuis plus de 20 piges sur place. Pour la classe moyenne il y a une baisse du pouvoir d’achat. La plupart vivent à crédit. Et le Brexit ? Des tonnes d’offres d’emplois restant sans réponses dû à un manque énorme de main d’œuvre, des heures d’attentes pour prendre le Ferry, des pénuries (dues également aux pénuries), des inégalités encore plus criantes au niveau des salaires. £250.000 par an pour la directrice d’une école privée où le chef technicien prendra seulement £25.000. Avec ce salaire, tu ne peux même pas te louer un appart pour toi tout seul. Où un misérable studio. Or a trailer ? les prix ont tous augmenté.
Depuis la crise de 2008, le nombre de chaine remplaçant d’anciennes entreprises individuelles ou coopératives est exponentiel. Que des franchisés. Uniformisation de l’urbanisation, du business, des mentalités, du discours, disparition totale de l’individu. Il y a un autre pays comme celui-ci : C’est la Chine.
Peut être 3 restaurants ont subsisté, tenus par les mêmes propriétaires. Le Thaï Corner, toujours aussi bon, le resto des potes sardes, le Griffin’, à Caversham, le bled de l’autre côté de la Tamise et le London Street Brasserie dont les prix se rapprochent plus d’un étoilé Michelin, sans la qualité. Le reste n’est qu’une de suite de chaines. Les loyers sont tellement élevés qu’une entreprise individuelle n’a aucune chance dans le centre-ville. Il y a même un Wendy’s, comme aux States, à l’angle de Friar street et de station road. Jakson’s corner vient de fermer, une entreprise familiale de plus de cent ans. Quelle tristesse. Les pubs indépendants sont inlassablement remplacés par des chaines, le pub d’antan devient Le bar tout aseptisé, tous modernes, suivant des standards bien précis basés sur des études marketing d’une entreprise londonienne spécialisée dans la communication. Quelle joie de vivre ! Pour un esprit formaté, vivant dans le superficiel et l’apparence, c’est génial ! Mais pour les potes qui écoutent les Weddind Present ce monde est devenu gris, terne et idiot. Nous sommes tous et toutes touché-e-s par ce même phénomène où l’entrepreneuriat individuel est maltraité.
A part ça certaines choses semblent immuables comme par exemple les gens qui ne te regardent pas. C’est le pays où personne ne se regarde. J’adore cette couverture douce que l’on appelle anonymat.
J’ai croisé une personne avec un panneau de forme circulaire avec écrit « I suffer from autism », pour bien signifier qu’elle est autiste. C’est ça aussi l’Angleterre.
Et puis enfin, j’ai pu m’arrêter dans un de mes pubs qui subsistent encore, the Angel Inn, où j’ai pu déguster plusieurs pintes d’Ale.
Elle m’a semblé lointaine cette Angleterre que j’ai laissé il y a 12 ans. Comme si elle partait à la dérive, like if she was left astray. Comme si elle s’éloignait de l’Europe toujours un peu plus, se refermant sur elle-même, comme une huitre sur un bateau fantôme naviguant lentement dans des eaux troubles et stagnantes.
JPV