10%   Série télévisée, réalisée par Cédric Klapisch, Lola Doillon et Antoine Garceau
Créée par Fanny Herrero, d’après une idée originale de Dominique Besnehard, Michel Vereecken et Julien Messemackers

Dix-pour-cent-Dominique-Besnehard-reve-de-Delon-Deneuve-et-BlancNoël avant l’heure, sur la 2 !

France 2 vient de nous gratifier d’une des meilleures séries françaises, même si ces termes semblent frôler l’oxymoron ! Osons donc, sans complexe, un triomphant cocorico en l’honneur de Cédric Klapisch, qui vient de taper dans l’œil des téléspectateurs du service public avec 2 premiers épisodes prometteurs : 2 bijoux ciselés dans la dentelle, par un cinéaste amoureux de ses acteurs/actrices au point de croquer avec ses mêmes belles dents, leurs travers et leurs talents !

Impossible ici de ne pas reconnaître la patte du « faiseur de films courts » : 2 actes aux durées parfaitement maîtrisées et aux chutes définitivement jubilatoires !

Le principe ? Soulever le voile des agences de casting, en puisant sa manne dans les croustillants souvenirs de Dominique Besnehard, grand « imprésario » devant l’éternel  ; à chaque épisode, 2 stars du petit monde français sont mises au pilori entre humour ravageur et observation clinique, au sein d’une équipe menée de main de fer par le patron de l’agence : Mathias Barneville, excellemment interprété par Thibault de Montalembert, cynique et brillant manipulateur, soudain déstabilisé par l’irruption de sa fille « cachée », qui s’incruste par la ruse et la force, dans SON agence !

Quiproquos, surprises en cascades, mensonges éhontés, flatteries outrancières, scènes de ménage improvisées ou savamment orchestrées, tout ce beau monde cavale et plie sous la houlette de la terrible Andréa (incarnée par l’irrésistible et convaincante Camille Cottin) ou sous la coupe de l’autre agent, le tendre Gabriel Sarda, ( parfait Grégory Montel) trop faible ou trop idéaliste pour ce terrible métier !

Les dialogues fusent légers et acides, enjôleurs ou perfides, toujours percutants ! On ne s’attarde jamais sur une scène et le rythme alerte rebondit jusqu’à un réjouissant final cut…

7bf5hG9Tout y est : la mauvaise foi, l’ambition, la peur de ne plus séduire, la volonté de pouvoir, le ridicule en smoking et habillé de faux semblants, la course au succès, la chute inévitable, la tendresse vraie ou jouée, la révolte et la complicité, la guerre ouverte ou masquée, le tout en direct ou presque, dans des histoires à dormir tout éveillés.

Morceaux d’anthologie que la rencontre titanesque entre Line Renaud et Françoise Fabian, s’arrachant les micros autour de leur amant mort ou le désespoir tragicomique de Cécile de France, prise au filet de « ses rides » jusqu’à se soumettre au Botox pour gagner le rôle « de l’immortelle » dont elle rêve chez Tarantino

Tout le monde joue le jeu avec une fraîcheur surprenante, de la jeune Camille, enfant révoltée et ambitieuse,  à Arlette, (Liliane Rovere) la vieille « imprésario », royale et nostalgique d’un empire sur le déclin, en passant par les « vraies » actrices qui assument allégrement de déboulonner leur  propre statue (statut ?) de stars.

Bienvenue donc à cette nouvelle série, prouesse d’intelligence et de talent, hommage brûlant aux artistes de tous poils et de tous gabarits, pour que vive encore et encore, à 100%, le cinéma qu’on aime !

La vieille dame indigne