Marc Chinal, réalisateur et objecteur de croissance lyonnais, vient de réaliser un reportage intitulé Corrompu(e)s. Un film qui tombe bien, pour ceux qui ne seraient pas informés sur un projet qui stagne depuis quelques mois, et qui même selon certains « a du plomb dans l’aile ! ». Si les opposants agacent sérieusement l’OL et Gérard Collomb. Ce documentaire ne va pas améliorer leur relation.
Dans le même temps, pour nous réconforter (!) on apprenait que le conseil général du Rhône a voté, à l’unanimité, le retrait de sa garantie financière de 40 millions d’euros pour le Grand Stade. « Les discussions entre l’OL et le prêteur n’ont donc pas abouti, a expliqué Michel Mercier. Craignant peut-être un jugement défavorable du Tribunal administratif ou de l’Europe, les conseillers généraux du département du Rhône ont, à l’unanimité, annulé la garantie qu’ils avaient accordée en décembre 2012.
Ce Cinquante deux minutes, dernier brulôt des opposants au projet de construction du Grand Stade dans la banlieue de Lyon, OL-Land, revient sur les aberrations du projet qui traîne depuis six ans. Un projet « syndrome de notre société de croissance », pour le réalisateur, réalisé avec peu de moyen, (une souscription a d’ailleurs été lancé). Il a toutes les qualités et certains défauts de ce type de reportage. Tout est décortiqué, de la première enquête publique au dernier sondage d’opinion, des projets alternatifs aux problèmes urbains et écologiques.
Ainsi, apprend t-on, qu’OL land, projet de complexe de sport et de loisir de grande envergure, a accaparé 50 hectares de la réserve foncière. Il remplacera des zones de bois, de prés et de terres agricoles par des infrastructures – en plus du stade – telles que des routes, des grands parkings, le centre d’entraînement de l’équipe professionnelle, les bureaux du siège de l’OL Groupe, une boutique OL Store, 2 hôtels, un centre de loisirs… Les terres, publiques et privées, ont été racheté/préempté, de1€ à 14€ le m² depuis 2008, revendues à 40€ le m² à l’OL et maintenant constructibles, ont atteint une valeur de 300€ le m².
Étienne Tête longuement interviewé dans le film déclare « Huit ans après, le stade n’est pas construit, il coûterait 400 millions d’euros auxquels il faut ajouter 200 à 400 millions d’euros d’argent public pour l’aménagement des accès, l’acquisition des rames de tramway… Le stade ne fait plus que 58 000 places, 3000 places de plus que la rénovation de Gerland. OL Groupe accumule les déficits. Les spectateurs sont de moins en moins nombreux. Le bouclage financier n’est toujours pas acquis. Le mythe du financement privé s’est effondré par l’intervention du Conseil Général, voire de la caisse des dépôts et consignations. »
Un documentaire qui éclaire sur des pratiques des plus étonnantes, et nous fait douter. Souvent aussi coûteux qu’inutiles, les grands stades qui fleurissent partout en France symbolisent les errements d’une économie de croissance et de bétonisation. Le titre est t-il exagéré ! Attention, le mot s’entend au sens lexical, c’est à dire « qui a perdu son intégrité ». « Il n’est pas question de valises de billets », précise Marc Chinal. À vous de le découvrir, lors des prochaines projections ou en cliquant sur le lien suivant, http://www.editions-rjtp.com/corrompu/ (le documentaire est en bas de page) …
Pierre Maurier
Débat et Projection à Lyon (mercredi 5 juin à 19h15, Café de La Cloche, 13 juin à 21h, Maison de l’écologie) et Meyzieu (11 juin à 19h, Maison des associations). Enfin, il peut être commandé en DVD au prix de 20 euros.