Chroniques milanaises
Une série d’articles de Christophe Chigot, parti à la découverte des mouvements institutionnalistes en Italie. Comme en France, mais sûrement autrement, ces mouvements ont approché l’institution pour la déranger, la renverser, l’analyser avec ses protagonistes, en faire des objets politiques. Au programme, l’institution en négation de Basaglia et l’abolition de l’asile psychiatrique, le projet Olinda à Milan comme suite possible de l’abolition, Renato Curcio, l’institution totale, la prison, la socioanalyse narrative et bien d’autres pépites à se mettre dans la sandale.
Un doigt dans l’œil…
J’apprends l’italien. Une de mes professeures a cinq ans. Quand on discute, elle me corrige. Ça la scandalise quand elle se rend compte que je me trompe.
Mais aussi, on partage des erreurs. On ne s’en sort pas avec cette histoire de doigt, par exemple. C’est masculin au singulier, il dito, et au pluriel, ça devient féminin, le dita. C’est pas logique. Alors on se trompe.
Je me dis, ces petites erreurs, c’est notre trésor commun. Ce sont des formes de clin d’œil langagier. C’est chouette finalement. Notre doigt à nous, il est masculin puis masculin pluriel. Notre doigt à nous, il n’est pas tordu (1), comme celui des autres.
Bon, mais ce qui est drôle aussi, c’est que cette professeure, contrairement aux autres ou disons, beaucoup plus que les autres, elle progresse. Elle apprend l’italien. Beaucoup plus vite que moi, certes, mais elle aussi elle est en train d’apprendre et ça, ça la rend meilleure que les autres.
(1) En matière de doigt tordu, le français est pas mal non plus. Imaginez que le doigt s’écrivait doi et qu’un obscur courant latiniste a réussi à imposer le gt final pour rappeler à tout.e.s le digital latin… Merci le courant obscur.
Ah, si j’avais appris l’histoire, les maths et la chimie avec elle…
Christophe Chigot,
avec le soutien intransigeant de
Bénédicte Geslin.
Dessins de Koursk