Bring The NoiZe :
Une rubrique discophile récurrente mais à périodicité totalement aléatoire ; on y parle de disques plus ou moins obscurs (mais pas toujours) et publiés pour la plupart par des micro labels tenus par des passionnés enthousiastes et dévoués (mais pas seulement) ; alors autant dire que la seule règle de conduite suivie ici est celle de la subjectivité voire de la mauvaise foi… ce qui signifie également que la meilleure façon de découvrir des musiques, des groupes et leurs disques, c’est d’aller les écouter et de se faire une opinion par soi-même.
Il y a une semaine, je te causais ici même de Magneto et de son premier album (réussi), Science Of Attraction. Le trio a décidé de ne pas en rester là et a publié en décembre 2014 un nouvel enregistrement sous la forme d’un (vraiment) très beau split, en compagnie de leurs copains de Pylone. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’en deux titres seulement Magneto ne fait que confirmer et s’impose comme l’un des meilleurs représentant de ce noise-rock certes très typé mais que j’aime tant. A noter toutefois que le titre Electric Land se veut bien plus mélodique qu’à l’accoutumée, lorgnant même du côté des groupes Dischord. Quant à Pylone… et bien je crois que le groupe atteint ici, en deux titres également, un nouveau pallier en matière de grande classe et d’élégance. Je n’ai jamais tari d’éloge au sujet de ces jeunes gens mais, si je devais en rajouter une couche, ce serait pour me féliciter du retour de Nadège (bassiste) en tant que chant lead sur Blank, une position qu’elle avait trop délaissée à mon goût depuis la séparation de son précédent groupe (Headwax, pour ne pas le nommer). Gravé sur vinyle et sous la forme d’un 10’, ce disque a été publié conjointement par une tripotée de labels dont je t’ai sûrement déjà parlé, et ce n’est pas terminé : Day Off, Gabu, Nothing To The Table, Some Produkt et Vlad Tepes. À noter également que Magneto sera en concert à Lyon le 8 aux Capucins et en compagnie de Madeincanada.
L’enchainement est tout trouvé puisque MADEINCANADA, trio parisien avec des bouts de Schoolbusdriver dedans, vient également de publier un nouveau disque très impressionnant. La aussi il s’agit d’un 10’ et d’un split doté d’une pochette nettement moins belle que celle du Magneto / Pylone mais infiniment plus drôle. Les deux titres signés Madeincanada dévoilent toujours ce même noise-rock chaudement insidieux et froidement implacable, brut et méchant, Shellac-quien, plutôt mid-tempo et extrêmement bien asséné. Originalité très relative mais une envie de mordre et de recracher les morceaux après les avoir consciencieusement mâchouillés. Sur l’autre face se trouve un groupe écossais (Glasgow) dont jusqu’ici je ne connaissais pas grand-chose, si ce n’est un single publié il y a quelques années : Ex Wives sont eux aussi des adeptes de Steve Albini and C° mais avec un sens de la vindicte à la limite du guerrier. Horses et 23 – 70 (certes plus anecdotique) me donnent largement envie d’en écouter plus de la part du groupe, un véritable album serait donc le bienvenu, non ? Ce split est une coproduction entre Cheap Satanism records, Fuzz-wire, Gabu (oui, encore eux) et Whosbrain records. Dernière précision, au sujet de Madeincanada : le groupe cherche toujours des contacts pour boucler définitivement sa tournée de printemps donc si tu as quelque chose à leur proposer, tu peux toujours leur écrire à madeincanada@fuzz-wire.net (merci pour eux).
Ce n’est pas une thématique mais presque ; voici encore un split et un vinyl 10’. Cette fois-ci il s’agit de deux groupes parisiens : Miss Dalloway et Enob. L’objet fait un peu peur, sûrement à cause de l’artwork signé Pauline Riveaux. Chacun des deux groupes s’octroie logiquement une face du disque avec à chaque fois un long titre dépassant les sept minutes. Si je commence par le cas de Miss Dalloway, c’est parce qu’il s’agit du groupe que je connais le moins, voire pas du tout. Plutôt noisy et vaguement grunge, The Worst Is Coming – brrr, quel titre… – est une composition lente et toute en tension retenue. La rage éclate de ci de là, au moment des refrains puis lorsque la guitare, déchirante et virale, entre vraiment en scène et renforce tout le côté angoissant. Là aussi ce titre donne envie d’en écouter beaucoup plus… La musique d’Enob est elle encore plus sombre et cet Epiderme porte bien son nom, tant ce titre donne instantanément la chair de poule. Démarrant comme une complainte noisy aux contours de scie circulaire (cette guitare en boucle…), Epiderme épaissit brutalement son propos à mi-parcours, lorgnant vers une lourdeur presque post hardcore qui déchaine les passions. Depuis ce disque, Enob a publié un album entier intitulé Demer Dezvous sous la forme d’un CDr et d’une cassette, un album enregistré dans des conditions nettement plus aléatoires mais qui me semble quand même restituer toute l’énergie angoissante d’un groupe que j’apprécie de plus en plus. Pour se procurer les disques d’Enob il faut cette fois-ci écrire à enobtheband@gmail.com.
Hazam.