« Les festivals indépendants, on le sait, ne courent pas les rues d’Algérie ».

bla-tile_s5-6f97bC’est ainsi que Sarah Haidar journaliste à Algerie News débute un de ses articles sur le numéro 0 du festival Bla-Tilès. Avec son accord nous avons extrait quelques passages de son article Sans frontières et Sans limite, donnant une authenticité qui nous permet de mieux comprendre les enjeux de ce festival et sa place dans la société algérienne. Sarah fait partie de ces jeunes journalistes qui révolutionnent avec brio, mais pas sans risque, la pensée au Maghreb. Nous aurons le plaisir de l’accueillir prochainement dans nos colonnes pour en savoir plus.

ART MALGRÉ COUVRE-FEU !
« Il est 18h lorsque les festivaliers arrivent au restaurant « L’Ambassade » où il est prévu un pot de bienvenue, les allocutions d’ouverture et un récital en duo entre le bluesman camerounais Roland Tchakounté, et le luthiste algérien Mohamed Zami. Farid, le serveur, habitué aux fiestas artistiques dans cet établissement, nous avertit, l’air de s’excuser : « Les autorités nous obligent, depuis quelques semaines, à fermer à 23h !  » ; un client noyé dans les vapeurs de cigarette et de bière :  » Il veulent islamiser Tizi Ouzou ! Ils se fourrent le doigt dans l’œil !  » Cette nouvelle jette un froid dans la salle : imposer un couvre-feu aux artistes, quelle idée ! Le plus curieux, c’est que le maire de la ville ne tardera pas à se joindre au groupe, et ce n’est pas du Coca-Cola qu’il consommera ! Bref, la restriction ne gâchera pas la fête, parole de punks kabyles !
Parmi la cinquantaine de personnes, on remarquera très aisément Roland Tchakounté, visage illuminé par une joie enfantine : « Il est beau, le pays kabyle !  », lance-t-il tout simplement. A ses côtés, Mohamed Zami, un habitué des lieux et de la région, écoute les murmures de son oud et accorde ces sons de l’Ailleurs qui vont bientôt nous envoûter. Les deux se retrouvent dans la petite scène aménagée devant le mur en pierres, au bout du resto. Ils prennent vingt minutes à  » balancer » leurs univers musicaux jusqu’à trouver un point de rencontre magique dont nous allons découvrir les miracles. En attendant, on aperçoit l’artiste peintre Arezki Larbi, discutant avec Saâdia Saighi, programmatrice au Panorama des cinémas du Maghreb, et Hassen Metref, directeur du festival « Racont’Art »… Plus loin, Tomoko, la calligraphe japonaise, et son compagnon Hassen Larbi, compositeur et chef d’orchestre de musique classique, conversant avec d’autres artistes.( ….. )

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TIZI EN MODE BOOM !

Bla Tilès , c’est surtout les spectacles de rue. Et c’est le DJ français Alex Millan, venu pour la première fois en Algérie, qui a transformé la placette de l’ancienne Mairie de Tizi Ouzou en une énorme discothèque à ciel ouvert. Quelques 500 personnes se sont rassemblées dès 19h en face de la scène installée à l’entrée de l’hôtel de ville, devenu aujourd’hui un musée. D’abord réservé, les bras croisés, l’air interrogateur, le public ne sait pas comment réagir à cette méga fiesta qui débarque dans sa ville habituée aux évènements culturels confinés dans les salles. Il regarde ce diablotin de la « platine » remixer des chansons, créer un tourbillon électro-hip-hop-disco-house-reggae, triturer sa tablette et se contorsionner sur scène, le corps en parfaite symbiose avec la musique, lançant ainsi une invitation claire à son auditoire. Un quart d’heure plus tard, quelques personnes répondent à l’appel et commencent à se dérider, à se débrider, en osant quelques pas de danse.
Bientôt, la placette se transformera en une piste géante, où des groupes d’amis se lâcheront enfin aux rythmes déjantés de Millan. Certains maîtrisent parfaitement la break-dance ; artistes anonymes et décomplexés, ces jeunes de Tizi ont créé leur propre spectacle et ont formé un cercle de dizaines de personnes autour d’eux. D’autres ont carrément ajusté leur danse kabyle aux sons de la house et de la techno ! Même les trois coupures d’électricité n’ont pu décourager ce public décidé à s’amuser et à profiter jusqu’au bout de cette chance inouïe de danser comme dans une boîte de nuit (si ce n’est mieux) sans payer les douloureux frais d’entrée et de consommation !

Le spectacle a duré trois heures entières et la foule a atteint le nombre de 700 personnes. A la fin de la soirée, Alex a tellement réussi à conquérir son public que celui-ci lui a inventé un nouveau nom… kabyle : Ghilex Millan ! »

bla-tiles-sans-frontiere 3L’équipe du festival a décidé de parcourir la France , s’invitant dans des lieux pour présenter le projet, et présenter l’édition 2014 en créant des espaces de convivialité. Nous avons le plaisir d’accueillir la première à la Coopérative du Zèbre, autour d’une kémia et d’un couscous au cardon (le cardon est si vous ne le savez une spécialité lyonnaise mais aussi kabyle voir catalane,http://fr.wikipedia.org/wiki/Cardon) et de moments musicaux : Salah Gaoua bien sûr mais aussi, en fin de soirée, le nouveau DJ qui fait groover les gazelles et les gadjos « Omarmatoué  »

 

Franck Bonnéric

BLA TILES SANS FRONTIÈRE le samedi 9 novembre 19h Coopérative du Zèbre (Réservation conseillée)

Un lien vers l’article de Sarah Haïdar du 18 mai 2013
http://www.algerienews.info/sans-frontieres-et-sans-limites
Un lien vers l’artcle de Sarah Haïdar du 21 mai 2013 :
http://www.algerienews.info/un-feu-salvateur-ravage-la-kabylie/
le lien de la page facebook,du festival où tu pourras trouver des infos, photos.. https://www.facebook.com/Blatiles?fref=ts