A priori, l’équation est simple, mais c’est mieux avec les deux doigts dans la prise : caisse claire & charley + grosse caisse & ride + telecaster & orange head + jazz bass & ampeg + dingo & tambourine = cave humide, 120 dB, smog et promiscuité…

¿ Qué quiere el Pueblo ?!

 

Et que demande le peuple actuellement ? A priori Charlie Hebdo… On croit rêver après avoir cauchemardé. Mais j’espère néanmoins que tous les blondins et les blondasses qui votent Maréchal ou Civitas, auront bien pensé à s’abonner. Et j’aimerais être un mouche (a human fly, buzz buzz !) pour surprendre leur lecture avant la grand messe dominicale ; celle de l’hostie du matin et celle du suppo télévisé du soir. Quant à savoir si faire chanter la Marseillaise dans les banlieues endiguera la propension des barbus – toutes superstitions confondues – à récupérer les brebis égarées ; j’ai comme un sérieux doute. Mais puisque la saison est au rêve et/ou au cauchemar qui deviennent réalité, je propose ainsi à tous les moutons noirs de nous rejoindre dans les caves humides ; là où les guitares s’évertuent à cisailler la grisaille. Notamment celle de l’information infâme et récurrente, qui s’évertue à amalgamer tout et n’importe quoi, à grand renfort de slogans vides de sens. Basta cosi, et le meilleur moyen pour éviter la surdose de petites phrases politiquement correctes ou non, c’est sûrement de se caler la tète dans les enceintes.

 

En commençant par aller voir le concert des bordelais de JC Satan ! D’une part parce que ça coule de source scéniquement parlant, en matière d’orgie garage & groove, noisy et saturée. Et d’autre part parce que, avec un tel nom, ils devraient rapidement s’attirer les foudres de quelques illuminés du religieusement votre, qui effectuent un retour à la mode aux quatre coins de la planète depuis l’avènement du 21e siècle. Affrétez ainsi votre diligence ce samedi 31 janvier pour vous rendre aux Abattoirs de Bourgoin-Jallieu ; une salle où les adeptes de l’acoustiquement votre, sauront vous brosser dans le sens du poil, sachant qui plus est, que JC Satan ouvrira ce soir-là pour Hint. Hint qui jouera également la veille du coté de Macon, à la Cavazik.

 

A what ?

A what ?

Et concernant ce trio angevin ayant repris la route – du post rock expérimental – après une longue absence, voici ce qu’en disait récemment mon camarade Philippe Petit, lui qui les avait signé pour deux disques sur son label Pandémonium Records : « Vers le milieu des années 90, Hint allait révolutionner Pandémonium en se faisant remixer ; le magazine Hyacinth nous parlait alors de formations bizarroïdes qui renouvelaient totalement le genre électronique. Et je me souviens qu’il m’a fallu un moment pour percer le mystère de ce trio, car si la beauté mélodique « sautait aux oreilles », le « comment ça marche » était loin d’être évident en ce temps là… Magique période quand Autechre, Panasonic ou Oval bouleversèrent tous mes fondements musicaux… ». Bouleversés ou non, vous voici prévenus. Et parés pour migrer en masse vers les Abattoirs…

À moins que vous soyez plutôt aficionados de la déambulation en pentes, et dans ce cas-là, un concert au Trokson le même soir (samedi 31) devrait retenir votre attention, à partir du moment où la noïse magistralement torturée vous titille à l’intérieur. Bienvenue dans l’antre de la Montée de la Grande Côte, où A What ? – un quatuor du cru – a dorénavant tous les atouts en main pour faire vibrer les fondations de la colline et le pic de vos sens. A What ? (http://awhat.bandcamp.com) qui distille un genre de noise rock du meilleur aloi, à caser quelque part entre Fugazi et Talking Heads ; ce qui laisse une sacrée marge de manœuvre… Il n’empêche que leurs précédentes sorties amplis au vent, ont démontré à un public qui n’en demandait pas tant, une réelle maîtrise scénique et un vrai savoir-faire au niveau de compos, pourtant alambiquées. Désigné par une interrogation, A What ? est également ainsi une invitation à conjuguer à l’impératif ! Sachant que la caverne sera quoi qu’il en soit surchauffée, puisque The Hi-Lites auront ouvert le feu au Trokson la veille (vendredi 13) en mode garage punk 2.0.

 

Et ensuite ? Il sera peut-être temps d’aller voir ailleurs si vous y êtes. Par exemple du coté du Laboratoire  à Vienne le vendredi 6 février pour une soirée Rock’ o Lab n°4 avec de lumineux chasseurs de disques (Tous en Tong et Les Qonass) et un trio qui commence vraiment à pousser les murs : Little Garçon.

La recette ? Chants et guitares féminines qui transgressent brillamment l’ordinaire du punk rock + batteur rouquin au top, non sans rappeler un certain Dave Grohl quant à la précision de ses frappes. Avec des mélodies qui accrochent constamment les oreilles, nul doute que ce petit garçon deviendra grand.

 

J’aimerais enfin vous inviter à suivre Grrrnd Zéro à la trace, ne serait-ce qu’en considérant l’avancement des travaux dans leur nouveau lieu, du coté Décines-Charpieu entre La Soie et Warmaudio. Et la meilleure des façons de filer un coup de main si vous n’avez pas l’âme d’un maçon (…), c’est peut-être de vous débrouiller pour aller au concert du mercredi 11 février qui réunira Dope Body (US), Pneu (Tours) et Binaire (Marseille, Lyon). Ce qui fait au moins trois bonnes raisons de vous essayer au jeu de pistes, quant à savoir dans quelle salle, ces déménageurs sonores viendront battrent le fer. Inutile de vous faire un topo sur chaque groupe ; vous savez d’ores et déjà qu’il serait limite inconvenant de manquer ce rendez-vous.

 

À bon entendeur…

 

Laurent Zine