Nouvelle tournée du spectacle Tartuffe 2012, en ce début d’année 2014. Traditionnellement annoncé comme une comédie, en grande partie en raison de son heureux et invraisemblable dénouement du cinquième acte. La première version du Tartuffe (interdite et disparue) ne comportait que trois actes et se concluait par la victoire du fourbe, c’est le choix pris par Vercelletto. Tartuffe sera multiconfessionnel et se situera au confluent de deux religions : la catholique et la musulmane. Problème au comment contemporain dans ce 21ème siècle, siècle des religions !
Installé depuis plus d’un an au Centre Charlie Chaplin , Laurent Vercelletto présentait ainsi sa démarche : » Je tenais à monter à Vaulx-en-Velin un texte de référence, et le choix de Tartuffe s’est imposé pour de multiples raisons. Tout d’abord, je souhaitais faire entendre cette langue sublime du XVIIe qui est au sommet de sa beauté et de sa complexité, voire de la sophistication. Et puis, mon choix s’est porté sur Tartuffe en raison de ce qui se passe aujourd’hui, avec une place des religions qui devient centrale dans le monde, et même en France où l’on assiste à l’expression violente d’un intégrisme catholique qu’on avait oublié. C’est en train de devenir une véritable problématique de société : en une vingtaine d’années, les lignes de fracture se sont déplacées du mur de Berlin au 11 septembre 2001. Ces questions me passionnent depuis longtemps, comme s’il fallait sans cesse revendiquer la séparation de l’Église et de l’État.
Le Tartuffe aborde la question de l’intégrisme religieux ; les religions, parce qu’elles se réfèrent à un absolu – le divin – connaissent toutes la tentation de l’intégrisme ; intégrisme qui se construit sur une volonté de pouvoir social et politique, et (ou) sur une crispation identitaire. Les dévots du XVIIème siècle, dont la volonté de toute puissance est ici attaquée par Molière, ne sont qu’une variante des intégrismes d’aujourd’hui. Et peu importe finalement que Tartuffe soit un vrai ou un faux dévot ; il représente la menace d’une toute puissance et d’un envahissement du religieux faisant régner dans la maisonnée une terreur morale et physique. »
L’histoire d’un parasite qui va s’ingénier à dépouiller la famille, femme et fille comprises dans le butin. L’histoire d’un dévot, ou plutôt d’un faux dévot comme (Molière s’empresse prudemment de rectifier), qui va rapidement imposer sa loi sur la famille, image d’une société fragile. C’est bien sur l’histoire de ces mariages forcés sous fond d’obligation morale ou culturelle. Le Tartuffe aborde la question de l’intégrisme religieux, la place des religions qui devient centrale dans le monde, et même en France où l’on assiste à l’expression violente d’un intégrisme catholique que l’on croyait disparu.
Un décor sobre signé Charles Rios, un grand rectangle cerné de voiles, un sol bleu horizon. Une bande son qui mêle avec virtuosité et légèreté musique sacrée et chant des muezzins. Les sons de cloches résonnent sur l’appel du muezzin, Les chandeliers à sept branches honnis par Dieudonné côtoient la croix, Orgon et Tartuffe portent la barbe, les personnages habillés à la Duquesnoy symbole d’une bourgeoisie rétrograde.
Une distribution parfaite, Philippe Vincenot campe un Orgon banquier parisien rigide et versatile. Vercelletto, qui fut comédien avant d’être metteur en scène, une surprenante interprétation de Madame Pernelle, mère d’Orgon. Alexia Chandon-Piazza, Maud Roulet et Côme Thieulin, issus, l’E.N.S.A.T.T ont un jeu remarquable plein de vivacité ; quant à Dorine, interprétée de manière très originale par une Christine Brotons qui en fait le pivot ingénieux de l’histoire…
TARTUFFE 2012
28 janvier au 31 janvier à Vaulx en Velin – Centre Charlie Chaplin 04 72 04 81 18
21 février à Saint Symphorien d’Ozon – Espace Louise Labé 04 78 02 36 36
28 février à Saint Fons – Théâtre Jean Marais 04 78 67 68 29