Les hommes croient connaître les meilleurs coins
à genoux dans l’eau calme sombre
là où c’est sûr les truites se cachent
je n’ai jamais voulu pousser au-delà
des lignes aiguisées érigées en frontières
portant des noms de rasoir
qui séparent la peau
et regardent les formes de nos faiblesses
gravées dans l’après-midi
cette soudaine faim végétarienne pour la viande
des larmes sur le clavier
tyrannies du comme il faut
nous offrons la pitié le pardon
à nous-mêmes et nos amantes
aux défaillances que nous soulignons chaque jour
insistant sur le prochain jeudi
oubliant désormais le prénom l’une de l’autre
la mère des désirs
nous les a gravés sous la peau.
J’appelle la sœur pierre qui se souvient
de la main de ma grand-mère
coiffée sur le chemin du marché
aux bateaux
On peut choisir de ne pas vivre
auprès des tombes où nos grands-mères chantent
dans le vent au travers des maïs.
Il y a eu des temps plus doux
pour aimer des richesses différentes
si c’étaient seulement les étoiles
que nous désirions
conquérir
je pourrais tourner ton cher visage
dans le prisme lumineux
le long de ma ligne
jetée dans les rapides
seule dos à dos
labourant le courant
en quelque été distant
cherchant notre chemin plus loin que l’os
nous nous allongerons dans la rivière
silencieuses comme un caribou
et les enfants nous porteront à manger.
Tu portes le panier de pêche jaune
un filet sur l’épaule
un sac-à-dos
je balance les cannes brisées
nos rythmes filent à travers les arbres
revendiquent une créance aux rives escarpées
nous montons vers la source