Petites Histoire Stupéfiantes 2

Trompette, Voix et Cartes Postales

petites-histoire-stupefiantes-2 1Où comment, alors que vous irez au théâtre, vous chanterez Julio et Adamo.
Il y a dix jours, j’ai rencontré Jean-Claude Bolle-Reddat, qui m’a parlé de son spectacle,  » Petites histoires stupéfiantes« , qu’il joue au Théâtre des Ateliers jusqu’au 19 octobre.
Courez-y ! C’est un vrai numéro d’acteur, qui joue sa partition, ou plutôt ses partitions d’une voix de maître ! Le secret est peut-être là dans ce spectacle sans décor, sans accessoire ou presque… quelques cartes postales, un aspirateur, une bouteille de vin, comme pour illustrer les paroles inaugurales du spectacle « Je viens les mains vides ! ». Pourtant, ce spectacle regorge de petits cadeaux pour le spectateur :
Une présence sur scène, une voix dont la moindre modulation est perceptible et montre la folie douce (ou dure !) des narrateurs de ces histoires.

L’abominable Tante Mick et ses histoires de petite fille désobéissante gravement punie, histoires à la morale atroce, mais finalement pas si éloignée de celle des contes de notre enfance : le Petit Chaperon Rouge, dans sa version originale, n’est pas sortie du ventre du loup par le gentil bûcheron. Non ! elle a désobéi, a parlé à un  » loup » inconnu qui l’a « dévorée » et… fin de l’histoire. Bruno Betthelheim explique bien les vraies vertus du conte… Jean-Claude Bolle-Reddat revêt à merveille, en même temps qu’un petit chapeau ridicule, le rôle de cette tatie mielleuse mais méchante, souriante et sadique. Et le grain de la voix du comédien, son visage nous suffisent pour voir apparaître la tata vieille bique que nous connaissons (presque ) tous… Si si ! vous connaissez bien tous une grand-tante, une vieille cousine ou une voisine qui vous fait vous enfuir, par peur de ses baisers ou d’un bonbon un peu moisi…

Jean-Michel Durandeau, sa femme, des deux ex, la moquette, ses enfants. Sa vie son œuvre ! Il faut quand même bien avouer que ce personnage est touchant. Mais les textes sont drôles, le jeu également. Alors on rit de bon cœur.

Il y en a d’autres encore des narrateurs : Alex Roux par exemple, personnage un peu errant, qui écrit à « sa Solange », des cartes postales teintées de rancœur, de tendresse, et d’impossibilité à dire… Ce pauvre Alex Roux dont la vie semble rythmée par d’éternelles vacances dans des endroits glauques.
Alors oui, le spectacle « Petites histoires stupéfiantes » est à voir parce qu’effectivement, c’est l’humanité  » valeureuse et lamentable » qui parle, chante, joue devant nos yeux. Mais toujours sur un mode tellement comique qu’il ne laisse pas de place à un attendrissement misérabiliste. On rit de ces personnes faibles, déjantées, hors cadre. On en rit, il me semble, et c’est là le tour de force à la fois du texte de Noëlle Renaude et du jeu de Jean-Claude Bolle – Reddat, sans s’en moquer et sans les plaindre…

 

Emma Ravot

Petites histoires stupéfiantes, au théâtre des Ateliers, du 1er au 19 octobre. 20h30 du lundi au vendredi. 19h le samedi