Le Zèbre fait le tapin ! – I

charb1Compte rendu des échanges du mardi 14 octobre 2014 entre Lilian Mathieu, sociologue spécialiste de la « condition prostituée », et la rédaction du Zèbre.

Introduction de Lilian Mathieu :

Nous avons décidé d’engager la discussion à partir de la question suivante : « Faut-il abolir la prostitution ? » La formulation et les termes de cette question n’ont pas été choisis au hasard. C’est en effet en utilisant cette notion d’abolition qu’est posé le débat qui est mené en France depuis plusieurs années sur ce sujet, alors qu’on pourrait tout à fait imaginer d’autres formulations : disparition, suppression ou diminution de la prostitution. Ce sont des termes à peu près équivalents mais qui ne sont pas utilisés : on parle d’éliminer les taudis, de faire baisser le chômage mais on parle seulement d’abolir la prostitution.

Petite histoire de l’abolitionnisme

La principale raison en est que ce projet d’abolition de la prostitution est surtout défendu par un mouvement social qui se désigne lui-même comme abolitionniste. C’est un mouvement ancien, qui est né en Angleterre dans les années 1860, et qui visait initialement l’abolition de la réglementation de la prostitution. La prostitution était à l’époque, et spécialement en France, une activité réglementée : les femmes qui l’exerçaient étaient obligées de s’inscrire comme prostituées sur des registres municipaux tenus par la police, et également de se soumettre à des examens gynécologiques réguliers.

Les abolitionnistes estimaient que la réglementation contribuait à asservir les prostituées aux pouvoirs arbitraires de la police, légitimait le vice et était inefficace du point de vue sanitaire puisque seules les prostituées étaient contrôlées. Ce qu’il visait n’était donc pas l’abolition de la prostitution elle-même ; cette abolition de la réglementation a été obtenue en France en deux temps, en 1946 avec l’interdiction des bordels et en 1960 avec la suppression du contrôle sanitaire.

charb2Les abolitionnistes de la seconde moitié du XIXe siècle se recrutaient surtout dans la petite bourgeoisie protestante puritaine, avec le soutien des 1ères féministes et des socialistes. Ils se désignaient comme abolitionnistes en référence à la lutte pour l’abolition de l’esclavage qui avait été menée dans les mêmes milieux protestants quelques décennies plus tôt. A la fin du XIXe siècle, les abolitionnistes ont mobilisé ce précédent de la lutte contre l’esclavage pour dénoncer ce qu’ils ont appelé la traite des blanches, en parallèle avec la traite des noirs, des esclaves africains. La traite des blanches c’était la migration internationale de femmes qui circulaient entre les bordels de différents pays. Les abolitionnistes disaient que c’était des pauvres jeunes filles naïves qui avaient été trompées par de vils proxénètes ; ils disaient que la traite des blanches était pire que la traite des noirs puisque les esclaves africains n’avaient certes pas un sort enviable mais au moins ils étaient convertis au christianisme et aux valeurs du travail, tandis que les femmes blanches étaient condamnées au pire du vice et de la dépravation.

Les héritiers de ce mouvement sont toujours bien vivants et actifs, même s’il y a eu des évolutions. La première est qu’en France l’abolitionnisme ne recrute plus parmi les protestants mais parmi les cathos, à l’instar de la principale association qui s’appelle le Mouvement du Nid. Depuis quelques années les ont rejoints certains courants féministes et altermondialistes. Ils se revendiquent toujours de ce label d’abolitionniste, mais ce n’est plus la même abolition qu’ils veulent : ils réclament l’abolition de la prostitution elle-même, qu’ils assimilent plus que jamais à l’esclavage qui opérerait avec la complicité et pour le bénéfice des clients, puisque ce sont eux qui paient pour bénéficier des prestations des prostituées. D’où le constat que s’il n’y avait pas de clients il n’y aurait pas de prostituées. La conclusion logique de ce raisonnement c’est qu’il faut faire du recours à la prostitution un délit — projet qui a été débattu politiquement ces derniers mois même si son adoption est pour l’instant bloquée.

charb2De la naïveté des prostituées…

Je vous ai présenté un seul côté du débat actuel. Mais s’il y a débat, c’est qu’il y en a d’autres qui ne partagent pas le même point de vue. Ce qui est en effet assez curieux, c’est que ce sont spécialement les premières concernées qui ne sont pas d’accord — en l’occurrence les prostituées, qui disent qu’elles ne veulent pas voir la prostitution abolie parce que c’est leur moyen de gagner leur vie, mais que par contre elles aimeraient moins de répression par la police et plus de droits sociaux.

On a donc une situation assez originale d’une lutte en faveur de gens définis comme opprimés mais où ces gens récusent le fait d’être opprimés et s’opposent à ceux qui veulent les secourir. C’est une des limites de la comparaison avec l’esclavage : certains esclaves s’échappaient (ce qu’on appelait le marronnage), se révoltaient, bref les esclaves souhaitaient effectivement l’abolition de l’esclavage, par contre les prostituées ne souhaitent pas l’abolition de la prostitution. C’est une difficulté dont les abolitionnistes sont conscients, et à laquelle ils fournissent des explications qui valent qu’on s’y arrête.

Une première explication c’est que les prostituées qui veulent continuer à exercer ce qu’elles considèrent comme leur métier ne savent pas ce qu’elles disent. Les abolitionnistes partent du principe que personne ne peut délibérément choisir de se prostituer. Les abolitionnistes ont fréquemment recours à des arguments psychologiques pour expliquer que les prostituées ont subi des violences sexuelles dans l’enfance ou sont traumatisées par la répétition des actes sexuels, et donc il ne faut pas le croire quand elles disent qu’elles veulent continuer à se prostituer. De ce point de vue, la prostituée est irresponsable, au sens médical et juridique du terme : par l’exercice de la prostitution elle prouve qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait et que d’autres doivent décider à sa place de ce qui est bon pour elle.

Cette incapacité à décider par soi-même de son destin serait particulièrement présente chez les étrangères qui, toujours selon les abolitionnistes, représenteraient l’écrasante majorité des prostituées dans notre pays et seraient toutes victimes de la traite des êtres humains. Dans les écrits abolitionnistes, il y a souvent des chiffres mais quelle que soit la chose mesurée, c’est toujours 90 % : 90 % d’étrangères et 90 % de victimes de la traite. Du coup, il est suggéré que ce sont les mêmes dans les deux cas : toutes les étrangères seraient victimes de la traite.

charb2Quand on dit « victime de la traite », on pense à des jeunes femmes qui sont venues parce qu’elles ont été forcées ou trompées par des fausses promesses d’emploi de jeune fille au pair, et qui sont forcées à exercer une activité qui leur répugne. C’est une représentation qui est très commode politiquement : si cette étrangère est venue parce qu’elle a été trompée ou contrainte, et si elle a été forcée à se prostituer, la solution c’est d’abord qu’elle arrête de se prostituer, ensuite qu’on la renvoie dans son pays. C’est ce qui est prévu dans la loi actuellement en débat, où on prévoit de donner un titre de séjour provisoire à condition qu’elle arrête de se prostituer (et si le préfet veut bien). Mais c’est un titre provisoire, il n’est pas question qu’elle reste en France. Elle est certes victime de la traite, mais elle est avant tout une sans-papière.

Le 2e point qui m’intéresse ici, c’est le statut qui est accordé à la crédulité dans l’explication de la situation des prostituées étrangères. Une prostituée étrangère, ça croit toutes les promesses du 1er beau parleur venu qui lui fait miroiter un boulot fabuleux. Le schème de la naïveté est omniprésent dans le discours abolitionniste, et rejoint la thématique de l’irresponsabilité que j’évoquais à l’instant. La conclusion logique, c’est qu’une femme ne peut pas avoir un projet migratoire autonome ; l’image dominante du migrant c’est un homme, qui éventuellement fera ensuite venir sa femme par regroupement familial. Une femme, ça reste accroché à son foyer comme l’huître à son rocher ; il faut qu’une cause extérieure — un homme — la fasse bouger et organise tout le voyage pour qu’elle se déplace. Dans le discours abolitionniste, chaque fois que ce sont les femmes prostituées qui sont évoquées c’est avec des tournures passives, tandis que pour les hommes ce sont des tournures actives, et c’est à ce type de détail qu’on peut aussi repérer le sexisme, surtout s’il est largement inconscient.

C’est pire encore pour certaines comme les Nigérianes dont on ne cesse de dire qu’elles sont envoûtées par le vaudou, que les proxénètes utiliseraient pour les dissuader de les dénoncer à la police. Si l’homme africain n’est pas encore entré dans l’histoire, je ne vous parle même pas de sa femme… De la naïveté plus des croyances primitives comme traits constitutifs, vous avez un portrait à la fois raciste et sexiste, mais en toute bonne conscience et avec les meilleurs sentiments du monde.

charb2On voit que cet enjeu de la prostitution pose plus largement la question de la manière dont on considère les opprimés et de la place qu’on leur laisse dans la lutte contre leur oppression. Il serait inimaginable que ce soient des hommes qui mènent le combat féministe, ou que ce soient uniquement des Blancs qui luttent contre le racisme, au prétexte que les femmes ou les Noirs sont trop aliénés et trop assommés par leur oppression pour avoir la moindre idée de ce en quoi doit consister leur émancipation. C’est pourtant ce qu’on fait dans le cas des prostituées.

On pourrait aussi évoquer la manière dont la prostitution est uniquement pensée sous l’angle femme-prostituée / homme client, en ignorant la prostitution masculine pourtant relativement importante et l’émergence d’une clientèle féminine. On pourrait également évoquer la manière dont les politiques publiques visent à rendre invisible une activité qui fait tache dans le paysage urbain — Lyon est à ce titre un cas d’école depuis 12 ans. Mais je vais m’arrêter là.

Emma : Dans « La condition prostituée », tu définis la prostitution comme un espace social, un espace qui est marqué à la fois par une très grande violence mais aussi par un manque de cohésion et une solidarité a minima. Tu parles également de la prostitution comme une désaffiliation, c’est à dire un passage de la pleine intégration sociale à une inexistence sociale. Pourquoi as-tu choisi ce terme d’espace ? Et peux-tu également nous éclairer sur ce que tu entends par « désaffiliation » ?

 

charb2Lilian : J’ai utilisé le terme d’espace en référence à un concept de sociologie qui est celui de « champ» qui a été proposé par Pierre Bourdieu pour désigner un ensemble d’univers sociaux spécifiques. Dans sa théorie, Bourdieu s’est surtout intéressé à des univers socialement dominants : « le champ des évêques », « Le champ du patronat », « Le champ littéraire » etc., ce qui lui permet de repérer un certain nombre de caractéristiques propres à des univers sociaux. La prostitution est un univers social spécifique, relativement comparable mais c’est un univers dominé, stigmatisé, où les gens se retrouvent contraints et forcés avec différents types de pressions qui peuvent les amener à intégrer ce milieu là. Donc j’ai voulu marquer une différence, montrer qu’il y avait plus d’informalité et de flou dans cet univers de la prostitution, c’est pourquoi j’ai parlé d’espace pour marquer la différence et aussi parce que les concurrences, les rivalités et les classements hiérarchiques (dans le monde de la prostitution, il y a des catégories assez fines de prestige ou de dévalorisation), ont une transposition dans l’espace urbain. J’ai commencé à travailler sur la prostitution au début des années 90 à Lyon. C’était avant que la politique utilise le nettoyage urbain que j’ai évoqué. Il y avait des zones qui étaient spécialisées, plus ou moins prestigieuses. Cette hiérarchie symbolique avait une expression dans l’espace urbain : se retrouver dans une camionnette à Gerland ce n’était pas très prestigieux. Il y avait des zones qui étaient davantage cotées, il y avait le coin des travestis, les coins où il y avait les toxicomanes (qui étaient donc dévalorisées), les coins des traditionnelles… Celles-là, elles sont plutôt le haut du panier, c’était celles qui se retrouvaient dans le centre ville, dans le centre de la presqu’île… J’ai joué sur la polysémie du terme « espace » qui permet à la fois de désigner un monde social particulier, qui ressemble un peu à un champ au sens de Bourdieu mais avec des différences significatives et le fait qu’en lisant la distribution de la prostitution dans le paysage urbain, on pouvait avoir une grille de lecture de cette hiérarchisation.

Par rapport à la désaffiliation, ça rejoint la question de la violence et de la faiblesse de la solidarité, c’est un concept que j’ai emprunté à un autre sociologue, Robert Castel qui a critiqué la notion d’exclusion, qui est très courante dans les débats politiques et sociaux depuis pas mal d’années. Castel dit que parler d’exclusion signifie qu’il y a une frontière entre ceux qui sont intégrés à la société et puis il y a, de l’autre côté de la frontière, les SDF, les exclus, ceux qui vont au Restos du Cœur, ceux qui sont rejetés hors de la société. Présupposer une frontière bien nette empêche de voir tout le continuum de situations intermédiaires qui conduisent de la pleine intégration sociale (le fait d’avoir un emploi, un CDI notamment, qui permet de faire des projets pour l’avenir) à l’exclusion totale. La prostitution, il me semble, s’inscrit dans ces zones intermédiaires. La prostitution est ce qui permet à des gens de gagner leur vie, et parfois de ne pas trop mal gagner leur vie, pour certains et certaines qui savent « gérer leur affaire » mais qui ne donne par exemple pas le droit à la sécurité sociale, à la retraite. Pour les prostituées vieillissantes par exemple, c’est quand même un problème. Sans feuilles de paye pour trouver un logement comment faire ? Il faut bricoler, ou il faut trouver un propriétaire qui est prêt à vous louer un appartement mais qui vous dit : « Je sais que vous êtes une prostituée donc je peux tomber pour proxénétisme hôtelier, donc j’ai le droit à une prime de risque sur le loyer ». C’est pour ça que j’ai fait référence à ce concept de désaffiliation, c’est à dire qu’il y a des personnes qui peuvent avoir une façade d’existence à peu près intégrée socialement, mais avec beaucoup de vulnérabilité, du fait de ces fragilités de statut, spécialement (et Castel y est très attentif) au regard de la protection sociale. En quoi ça rejoint la question de la faiblesse, de la solidarité, et de la violence ? Parce que c’est au regard du marché du travail que doit se penser la condition prostituée, c’est-à-dire que c’est aussi faute d’alternative professionnelle que les gens se retrouvent dans cette activité, et puisque c’est une zone de relégation professionnelle, que les gens sont en situation souvent précaire, elles sont en concurrence exacerbée les unes ou les uns envers les autres. Il y a peu de cohésion car c’est un peu la guerre de chacun contre tous pour gagner un peu plus d’argent. Et l’informalité de l’activité contribue à renforcer cette concurrence exacerbée.

 

charb2Atlantide : Ainsi expliques-tu qu’il y a des prostituées qui revendiquent un droit d’exercer cette activité, qu’elles s’opposent au mouvement abolitionniste, qui a tendance à traiter la prostitution comme un phénomène et un groupe de personnes homogène. Est-ce que tu penses qu’on pourrait traiter la question à deux niveaux : avec d’une part la lutte contre la traite des êtres humains, et d’autre part une forme de recherche de solutions pour les prostituées qui souhaiteraient et qui formuleraient le désir d’en sortir.

 

Lilian : Répondre suppose de faire un petit détour par le cadre législatif. Depuis 1960 la prostitution est une activité privée. En tant que telle, elle est absente de la loi : ce qui n’est pas interdit est autorisé. Le silence de la loi fait qu’il est autorisé de se prostituer, avec différentes réserves notamment en terme d’ordre public, c’est à dire qu’il ne faut pas que ça fasse de scandale dans la rue. De plus, il faut que la prostitution soit exercée de manière complètement autonome, libre, et que personne n’en profite. Ça c’est le proxénétisme, qui lui est dans le code pénal et qui est sévèrement puni avec tout un dégradé de situations qui vont du proxénétisme simple au proxénétisme aggravé. Ce qui pose problème c’est que n’importe quelle personne qui facilite le travail d’une prostituée peut tomber pour proxénétisme. Imaginez, vous avez une voisine qui est une prostituée, c’est la grève des TCL, elle ne peut pas rejoindre son bout de trottoir alors vous lui dîtes « ce n’est pas grave moi je passe devant ton coin pour aller travailler, je t’emmène en voiture » : proxénétisme ! Parce que il n’y a pas besoin qu’il y ait vénalité ni habitude. On a en France un code pénal qui est extrêmement strict qui a parfois été utilisé pour dire : « On reconnaît une liberté de se prostituer comme principe juridique, mais dans la pratique on fait tout pour vous empêcher de le faire. » Le racolage sert aussi à dissuader l’exercice de la prostitution.

charb2Sur la traite des êtres humains, ce qui est intéressant c’est que c’est un crime qui a été rajouté dans le code pénal en 2003 et que les juges n’ont guère utilisé jusqu’à présent car « il fait doublon » : les faits qui sont susceptibles d’être poursuivis pour traite des êtres humains peuvent aussi l’être au titre du proxénétisme en bande organisée. Les magistrats, vu qu’il y a une jurisprudence et un crime qui est déjà bien balisé par le droit, se disent « on est en terre inconnue, donc nous allons plutôt poursuivre pour proxénétisme en bande organisée ». Mais parce qu’il fallait afficher une politique ferme à l’égard des réseaux etc. on a rajouté ce nouveau crime de traite des êtres humains dans le code pénal. Ça s’appelle la politique symbolique.

Tu dis qu’il y a celles qui veulent s’en sortir. Effectivement, en 1960 on a aussi prévu qu’on est libre d’exercer la prostitution mais si on use de cette liberté c’est qu’on est dans une situation difficile. C’est un peu ce qu’André Breton appelait le « poisson soluble » : on reconnaît la liberté de se prostituer dans le droit mais si vous usez de cette liberté c’est que vous avez un gros problème et que vous avez besoin de travailleurs sociaux pour vous aider à vous en sortir. Cette liberté s’annule en même temps qu’on essaye de l’exercer. On a prévu tout un dispositif social spécialisé pour aider les prostituées car le fait même d’être prostituée est conçu comme le signe d’une difficulté sociale. C’est là qu’une troisième catégorie apparaît : celles qui ne veulent pas se réinsérer et qui considèrent que dans l’état du marché du travail, compte tenu de leur situation, elles n’ont pas nécessairement envie de se réinsérer. C’est là que le débat actuel apporte un nouvel élément. Elles ne veulent pas se réinsérer alors on va les forcer un petit peu. Il ne s’agit pas de les contraindre directement elles, mais plutôt d’exercer une pression indirecte via le client. Ce qui est à mon avis un mauvais calcul, c’est l’idée qu’on va les forcer, en dissuadant les clients d’avoir recours à leurs services, à faire autre chose. Le problème est que si elles sont dans la prostitution c’est précisément parce qu’elles ne peuvent pas faire autre chose. Toute la question qui se pose est celle des alternatives, et à ce niveau là, la proposition de loi est assez silencieuse. Le travail social fait ce qu’il peut mais il ne faut pas se faire d’illusion sur l’état du marché du travail, spécialement pour les femmes recherchant des emplois peu qualifiés.