La Marche pour l’égalité, c’était Garmia, une des rares filles actives dans le mouvement, avec la trop célèbre Djida. Chaque fois qu’elle parlait de cette époque, on voyais apparaitre un sourire dont tu ne ressortais pas indemne. Dix, vingt, trente ans après, ce sourire est toujours présent. Pas de nostalgie, ou de regard supérieur d’ancienne combattante. Non un sourire plein de vie, d’espoir, radieux.
« Petit frère » disait elle, « n’oublie pas Rachid* il était là. Nous étions cent dans cette ville froide de Marseille, (avec des gens qui n’avaient jamais marché de leur vie). On était cent mille « couscous paella » à danser sur la « rhorhomanie » à la Bastille, nous avons gagner, et nous gagnerons encore ». La chaleur c’est dans le coeur et la musique …
Quittons la « zoociété » pour la « zoomusic », trois concerts cette semaine H-Burns & Cuivres à L’Épicerie Moderne, et un trio de filles Argentines détonantes Las Kellies à la Triperie et le retour de Ska-P au Radiant-Bellevue.
On présente souvent H-Burns avec une anecdote : il s’agit de la première signature du label Vietnam, maison lancée par le magazine So Foot. Vous savez ce mensuel décrit par Vox Pop comme un “journal de foot en mode punk qui parle de foot parce qu’il s’agit de la vraie pop du monde contemporain”. Enfin un « mag de quadras pour quadras » !!
On oublie qu’ H-Burns c’est quatre albums, et l’un des rares français à maitriser avec finesse la « geste americana ».
“J’ai composé et maquetté Off the Map en sachant que je l’enregistrerai à Chicago, avec Albini . L’idée du séjour a nourri le disque, dans le son, les idées d’arrangements, et aussi dans le thème, avec la métaphore cartographique, le déplacement comme fil rouge !!” La patte du gourou de l’indie plane, un album complet, percutant … Mais derrière les mélodies minutieuses, boisées en fût de chêne aux accents de The National ou des Walkmen, l’univers d’H-Burns demeure. Le son s’étoffe avec des cuivres à la Beirut et des guitares tendues.
Une belle initiative que nous propose l’Épicerie Moderne. Quoi de mieux pour donner une nouvelle respiration à un morceau que de le jouer avec des soufflants ? Envie de longue date de Renaud Brustlein. Cette résidence est l’occasion d’une production entre deux mondes : celui d’un groupe de rock et celui des instrumentistes jazz.
C’est une autre histoire, trois filles se rencontrent lors d’un concert à Buenos Aires, et décident de faire un groupe ensemble en empruntant les amplis et instruments de leurs potes. « Pop-punk, punk-pop, appelez ça comme vous voulez ! » Nous disent-elles, « Pour nous, le punk est comme notre mère, nous apprenons beaucoup de lui. Nous écoutons beaucoup de musique, mais le punk est toujours là. N’hésitez pas à entrez dans notre scène locale. Nous avons beaucoup de grands musiciens : Nairobi, Siro Bercetche, Félix y Los Clavos, Daniel Melero, Betty y su Conjunto Confetti Tropical, Diosque, et tant d’autre. »
En 2011 leur 3e album « Kellies », mixé par Dennis Bowell, les voyait mélangeant d’une manière irrésistible des matières première tels que du garage avec du dub et du post-punk. Las Kellies créent un produit brut, primitif, par instant. Mais mixe allègrement, cumbia, reggae, dub et style post-punk.
Leur musique évolue sans cesse : à l’heure actuelle plutôt post-punk badigeonnée de son groovy et de vibrations dub, le tout kitch et plutôt sensuel. Leur dernier album a été monté à ION Studios, l’un des studios les plus importants de Buenos Aires, où une foule d’ artistes argentins ont enregistré à la fois de la scène rock ainsi que des légendes du tango et du folklore. Cela a eu un impact énorme, et donné un son plus riche, une chaleur venu de nulle part. Un truc qui vous embarque rapidement vers les rives du Rio London Plata. Comme une envie de s’en aller sans attache ni bondage. Les lieux de Lyon nous étonnent de plus en plus, le mélange et l’imagination sont aux rendez vous.
Les escapés (échappés !), issus des quartiers ouvriers de Madrid et venant des milieux punks, anarchistes et alternatifs, n’ont jamais cessé de se battre sur tous les fronts. Droit à l’avortement, féminisme, anarchisme, anticapitalisme…
Dans une Espagne à la situation économique et sociale tendue, le groupe revient, plus mordant et revendicatif que jamais. Leur nouvel album s’appelle « 99% », en référence aux 99% de la population, opprimés par 1% de dominants. Le ton est donné. Plutôt inspiré par le mouvement des Indignés du 15 mai 2011, pour eux, il s’agit d’un des mouvements sociaux le plus important pour l’Espagne depuis la guerre civile.
Intifada, Canto a la Rebelion ou encore Sexo y Religion martèlent les convictions du groupe. L’habituelle Cannabis, plus légère, décrète l’ouverture de quelques coins vaporeux. Comme à son habitude après les 90 min réglementaire, la troupe revient au son, Welcome to Hell, Mis Colega, El Libertador et Gato Lopez . Et je peux vous dire ça saute !!
H-BURNS & cuivres + Bertrand BELIN Vendredi 18 octobre 2013 à 20h30 ÉPICERIE MODERNE : 12€/16€
LAS KELLIES + Water Sark+ Surprises !dimanche 20 octobre LA TRIPERIE (20 bis rue Imbert Colomès, Métro Croix Paquet, Lyon 1er) 21h, 5€ (+ 1€ d’adhésion)
Ceci Kelly, guitare et au chant ; Betty Kelly, basse et chant ; Sil Kelly, batterie et chant.
SKA P le Dimanche 20 Octobre 2013 à 19h00 RADIANT BELLEVUE Caluire Et Cuire (69) 30.00 € !!!! un tarif indigne.
*Rachid Taha