Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre Centre fraternel de dépannage, ces simples mots : “Toi qui souffres, qui que tu sois, entres, dors, mange, reprends espoir, ici on t’aime” extrait du Texte de l’appel de l’Abbé Pierre sur Radio Luxembourg 1er février 1954.
Autant cette déclaration soulèvera l’enthousiasme de la plupart nos concitoyens, autant le scepticisme et la résignation sont aujourd’hui la réponse au même phénomène. On n’aime pas entendre parler des démunis, hormis un soir de téléthon. Ils sont le miroir d’une mauvaise conscience, leur souffrance est gênante, et leur regard est insupportable !
Parmi elles, 3,6 millions sont mal logées ….
Selon les organisations de terrains, la situation est très grave notamment dans le Rhône. Recrudescence des personnes isolées, des jeunes et des femmes seules à la rue, sollicitations toujours plus importantes des dispositifs d’aide, montée des impayés de loyers et de charges, durcissement sur le front des expulsions locatives qui atteignent des records historiques (mises en œuvre avec le concours de la force publique)… Sur la période récente, la crise économique n’a fait qu’aggraver les difficultés de ceux qui étaient déjà en grande précarité, et fragiliser de nouveaux pans de la population, y compris parmi les classes moyennes. Le cercle des victimes de la crise du logement n’a cessé de s’élargir, touchant désormais 10 millions de personnes à des degrés divers.
Parmi elles, 3,6 millions sont mal logées : des personnes sans abri et toutes celles qui ont recours à la « zone grise » du logement (caves, parkings, cabanes, campings à l’année, hébergement chez des tiers…), auxquelles s’ajoutent tous les ménages contraints de vivre dans des logements inconfortables ou surpeuplés. Le logement est devenu un puissant facteur d’exclusion, et génère de nouvelles inégalités. Les militants du collectif Droit au logement (DAL) réclament l’application des lois sur le logement : » loi de réquisition, droit à l’hébergement. Ils sont sans-logis, mal-logés, prioritaires et ont fait des demandes d’HLM, mais la galère perdure. »
Préfecture du Rhône, plus de 1000 appels par jour au 115 ….
Plus de 1000 appels par jour au 115 ne peuvent être traités et d’après une estimation (basse) du Rectorat, plus de 1000 enfants scolarisés dorment dans la rue et le plan froid n’est toujours pas déclaré alors que le thermomètre est en chute libre la nuit. Les « Parentable » s’exprimaient ainsi : « Depuis le 30 novembre dernier, des habitants du 1er arrondissement, soutenus seulement par leur mairie d’arrondissement, se battent pour venir en aide à des familles sans logement qui vivent pour certaines dans des squats insalubres, sous les ponts, dans leurs voitures, en hébergement précaire, à la merci du hasard… La plupart de ces familles ont des enfants scolarisés dans les écoles du quartier (Servet, Doisneau, Hugo, Aveyron, Tourette mais aussi Dru, Berthelot…) et partagent le quotidien de nos gônes : ensemble en classe, dans la cour, à la cantine. Pourquoi devrions nous accepter que certains soient à la rue une fois que la cloche a sonné ???? »
Insupportable !!
Et le voilà, l’insupportable, le collège François Truffaut ( Lyon 1) est fermé depuis Juin 2013, et est actuellement chauffé 24h sur 24, vide. Il devient le symbole de milliers de surfaces vides. Plus de 350 habitants, parents, jeunes, anonymes, militants, maire du premier ont réclamé au préfet le principe de réquisition. Hier dans des conditions plus que discutable, gazage et violence policière ont failli être symbole d’une manifestation pacifique !
Certains vont dire que les locaux ne sont pas adaptés pour dormir ou vivre, mais la rue est-elle adaptée ! Tout peut être fait. Les associations sont prêt à amener le matériel nécessaire à une installation d urgence. Alors qu’ attend-t-on ! Ne restons pas indifférent, brisons les chaînes de notre conformisme ambiant, réagissons.
» Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. » AC
Rassemblement mercredi 18 décembre à 18h, Place de la Comédie (Hôtel de ville) pour intervenir lors de la réunion organisée par la mairie centrale sur la question de l’hébergement d’urgence.