Entarteurs, yes men, activiste du canular, roi des happening, subversif en nez de clown ont une bible, le « Manuel de communication-guérilla », texte-manifeste – devenu « culte » depuis sa première publication en Allemagne en 1997, réédité régulièrement, propose depuis 15 ans une pratique ludique de la guérilla sociale ,el moviemto pour certain ….
S’appuyant sur des théoriciens comme Umberto Eco, Guy Debord ou Roland Barthes, les auteurs déconstruisent la « grammaire culturelle » de nos institutions sociales, et affirment que « la soumission à la normalité relève d’un choix et non d’une nécessité naturelle ». Dès lors, ils proposent un certain nombre de techniques destinées à déjouer, voire à saboter l’ordre public. Entre canular et subversion rigolarde, loin des principes de la com’ publicitaire et du bourrage de crâne, ce manuel propose un arsenal de tactiques d’agitation joyeuse et de résistance ludique à l’oppression : détournements, camouflages, happenings, théâtres invisibles, attaques psychiques, entartages, impostures médiatiques et canulars révélateurs…
Dans la lignée des mouvements artistico-subversifs, inspirés par Dada et les situationnistes, les auteurs revisitent les procédés de la critique sociale sur le mode de l’impertinence créatrice. La communication-guérilla travaille à intensifier la charge subversive du non-verbal, du paradoxe, du faux, du mythe ou l’art de mettre de la friture sur la ligne. Évidement provocateur, le message s’adresse à ceux qui n’ont pas renoncé à la perspective d’une action politique radicale, mais qui refusent de croire que le militantisme se doit d’être sentencieux, rigide, sérieux et, pour tout dire, triste à pleurer.
Tandis que la politique radicale traditionnelle (oh les vilains !) mise sur la force du discours rationnel, la communication-guérilla ne s’appuie pas sur des arguments, des chiffres et des faits, mais cherche à détourner les signes et les codes de la communication dominante. Ainsi s’organisent des » manifs de droite » en caricaturant les slogans sécuritaires ou la politique fiscale. Se déguisent en intégristes chrétiens pour faire irruption, complètement nus, dans une rencontre de confréries étudiantes ultra-réactionnaires. En décembre 1994, Peter Tatchell fit irruption dans la cathédrale de Westminster à Londres en pleine messe. Ses camarades et lui lâchèrent des préservatifs gonflés à l’hélium, qui s’envolèrent avec une grâce toute poétique vers le dôme de l’édifice. Et ils se mirent à chanter : « La capote sauve des vies ! » Ces procédés de communication-guérilla ont connu des moments de gloire, les derniers en date les Yes Men. Mais des pratiques qui peuvent récupèrées, ainsi pendant les manifs des anti mariages, ou par quelques groupes d’extrème droite ….
Mais peut on rire en ces temps crise, dans un interview parut sur Bastamag, Luther Blissett et Sonja Brünzels (des pseudos) remarquent que pour le mouvement anticapitaliste, les pratiques de communication-guérilla sont devenues plus évidentes, avec notamment une sorte de « carnavalisation » des mouvements de gauche au niveau international. Ces mouvements sont plus enclins à mener d’autres types d’actions, moins traditionnelles et qui donnent de l’allant à ceux qui y participent. C’est là le sens de la joie. Il ne s’agit pas d’avoir des fans, mais de s’autoriser à agir. Y compris à partir d’une position minoritaire, où les actions restent souvent sans succès.
« Certains disent que la situation est tellement grave aujourd’hui qu’il n’y a plus de place pour le rire dans l’action militante… C’est faux. Le pessimisme culturel, cette affirmation selon laquelle « c’est toujours pire », n’est pas, pour nous, une pensée de gauche. Nous voyons toujours la possibilité du changement. »
Lors de la première édition du livre, en 1997, ils étais plutôt sceptiques sur le rôle d’Internet. « Le livre n’aurait pas été possible sans Internet. Nous ne critiquions pas Internet, au contraire. Nous n’aurions pas pu avoir connaissance de beaucoup des actions citées sans cet outil. Mais nous ne sommes pas une média-guérilla. Nous nous intéressons aux processus de communication, mais ils peuvent avoir lieu à des niveaux très différents : pas seulement à travers le web ou le téléphone, mais aussi en face à face et dans la rue. L’idée qu’Internet remplace la rue ou que la toile serait aujourd’hui le point central, ne nous semble pas pertinente. Il n’y a pas de révolutions Facebook, mais une révolution dans le monde arabe que Facebook a contribué à diffuser. Il n’en est pas la cause. Les réseaux sociaux apportent une possibilité supplémentaire de participer aux actions, c’est tout. »
La graine pousse , dans la lignée, les désobéissants, les derniers venus qui s’agitent ! Désobéir et résister ! !! Oui, mais sans violence, sans dogmatisme, sans prendre la grosse tête, avec une pointe d’humanisme et d’internationalisme. Voici les mots d’ordre de Xavier Renou, fondateur et porte parole du collectif des Désobéissants qui explique son mouvement dans un interview parue dans Foutou’art de septembre : « Nous proposons un militantisme à la carte qui permet de réunir les gens qui ont peu de temps et ceux qui en ont beaucoup, les gens qui ne craignent pas de prendre des risques physiques et judiciaires et ceux qui ont plus de peurs mais veulent être utiles aux premiers… et nous ne demandons pas aux gens pour qui ils votent ou s’ils sont dans un parti. Tant qu’ils sont sur les mêmes valeurs (progressistes, écologistes, internationalistes…) que nous, nous les accueillons, nous les aidons. Nous croyons que c’est de cette façon, dans des luttes concrètes, que l’on construira de la convergence idéologique, et non pas à l’avance, en débattant pendant des heures sur des hypothèses hors sol. » Pasteur « anticosmique », Lanza Del Vasto à la sauce New Age, allumeur du calumet de la paix mode vaporette, peut être, en tout cas il se décarcasse !
À retrouver en librairie et à lire en ligne ici. http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=145 ou en PDF http://inventin.lautre.net/livres/Manuel-de-communication-guerilla.pdf bonne lecture !!