Commando Koko

House Sweet House

 

flyerobits copieQu’il soit Tristan, bassiste forcené chez Ned, Der Kommisar, illustrateur on the Dark side, peintre et sérigraphiste effronté, ou Commando Koko, dejay Happy et mixeur appliqué ; l’homme a plus d’un tour dans son sac et l’envie intacte de secouer la planète à grand renfort d’infra-basses. Le genre de « client idéal » pour inaugurer le nouveau site du Zèbre avec des images et du son ! Et un peu de texte aussi. Entretien sous le soleil exactement, du coté de la Guillotière.

Ainsi présenté en fonction des différentes cordes de ton arc, comment va-t-on t’appeler aujourd’hui ?
Comme tu veux, d’autant que je continue toutes ces activités en les mélangeant allégrement. Commando Koko est simplement le dernier surnom en date, issu d’une faute de frappe (!) dans la programmation du festival Heart of Glass, Heart of Gold pour lequel j’ai joué l’an dernier. Je trouvais ça un peu présomptueux mais j’ai gardé le truc, sachant que l’on m’appelle affectueusement Coco depuis que je suis gamin…

Je me rappelle que lors de certains concerts de Ned, tu jouais de la basse couché, en position de « tir » avec ton instrument ; cela faisait déjà un peu commando, non ?
Et l’on était habillés quasiment en paramilitaires… Faut croire que la symbolique « martiale » me colle à la peau depuis longtemps. Je ne suis donc pas vraiment fan de « commando », mais j’aime néanmoins ce mot parce qu’il évoque pour moi des personnes remplaçables, genre envoyées au front les unes après les autres. Et vite oubliées.

wizard1Le coté Dark de la force sur lequel on reviendra, mais commençons par le commencement, avec Ned et SK records…
On a du créer le groupe et faire une 1ere démo en ’94 alors que nous étions ensemble au lycée. Mais Ned existe vraiment sous cette forme de trio depuis ’98, avec Nico Poisson et Nikko Fenouillat. Juste avant de lancer le label SK. Et il est évident, que notre façon de jouer et de fonctionner, a sensiblement évolué depuis toutes ces années…

Et vous avez ainsi joué la semaine dernière pour Grrrnd Zéro, 20 ans après vos débuts !
Oui, pour une soirée de soutien comme il ne s’en fait plus (!), avec une ribambelle de groupes et dejays, bataillant toute la nuit durant. Quant à Ned, étant donné que nous n’habitons pas tous dans la même ville ; on fonctionne désormais au coup par coup, en organisant des sessions de répétition d’une semaine, avant un concert voire une tournée.

La trio a-t-il des projets ?
Celui de sortir un maxi 45t qui est déjà enregistré ; sauf que je dois faire la pochette et que j’ai pris du retard… Mais avec Ned, le temps a finalement que peu d’importance : nous sommes des amis de longue date et je crois que l’on continuera le groupe tant que l’on sera vivants !

Le label ?
Difficile pour moi d’en parler précisément car j’ai quitté le navire depuis longtemps… Ce sont ainsi d’autres personnes qui ont repris le projet en le faisant continuer sur sa lignée. Estampillée SK Records, quant à l’esthétique graphique ou musicale du label. Pour arriver à une cinquantaine de références aujourd’hui. Distribuées par CD1D.

 ukandexVenons-en au versant « illustrator » !
J’avais déjà dans l’idée de devenir dessinateur quand j’étais gamin, mais j’avoue avoir trop vite abandonné… Et je suis néanmoins devenu illustrateur, presque par hasard, en commençant par des collages et de la mise en page dans un fanzine, puis en réalisant des affiches de concert et des pochettes de disques. En bossant petit à petit sur l’identité visuelle de SK puis sur celle de Grrrnd Zéro, à l’époque avec Madame Lapin. Et je me suis également attelé à la sérigraphie depuis une dizaine d’années.

Tu as ainsi réalisé beaucoup d’affiches de concert…
Oui, le plus souvent des affiches en couleurs, spécialement adaptées pour la sérigraphie. J’ai ainsi travaillé pour le Clacson, le Kafé Mysik, le Confort Moderne, Under a Big Black Sun et pour quelques autres… J’ai fini par me mettre à mon compte en tant qu’illustrateur à la Maison des Artistes. Et à re-dessiner tous les collages que j’avais réalisé auparavant. En essayant, autant que faire se peut, d’avoir mon propre style.

Un style sûrement enraciné quelque part ?
J’ai été énormément influencé par l’univers de la magie du début du 20e siècle (via ses affiches), et par celui des super-héros français des années ’20, avec Fantômas et Fascinax en tètes de gondoles !

sicalpsPropre style et propre boite d’édition…
Nous avons effectivement monté en 2010 avec Claire Andlauer (aka
Alain de Raclure) les éditions À Mort, dont l’objectif initial est de faire paraître des livres en Pop Up (papier découpé) plutôt pour adultes. Mais aussi des affiches de concert, des sérigraphies etc. Et nous sommes justement en train de monter un atelier du coté de Oullins, afin de pouvoir travailler avec un minimum d’espace. Ce qui me permettra aussi de peindre des toiles, puisque c’est vraiment devenu mon principal délire.

Un délire qui t’amène à fréquenter d’autres sphères ?
C’est vrai que je ne suis plus seulement « abonné à l’underground ». Que je travaille désormais pour d’autres lieux (dont le Sucre dernièrement) et d’autres gens, mais toujours librement. Un peu comme si je passais de l’ombre à la lumière, abandonnant au passage ce coté Dark dont tu parlais et qui caractérisait en effet bon nombre de mes dessins. De l’ombre à la lumière, sans avoir totalement vendu mon âme pour autant. Enfin ça… ce n’est pas à moi de juger.

Vendu ton âme au diable à la mode Phantom of Paradise, pour devenir Commando Koko et faire groover les humanoïdes sur le dancefloor avec des mixtapes… C’est du propre !
Damned ! J’essaye d’être à l’écoute du public, de le faire danser de « façon interactive » et j’avoue que c’est diaboliquement grisant. Et oui, les cassettes audio, que j’utilise depuis toujours. Je joue ainsi avec en live, même si je me sers également de machines analogiques : boite à rythmes et synthétiseur. Mais il y a un vrai coté physique dans la manipulation de bandes enregistrées sur K7. Sans parler du son, disons : à part. Et c’est vraiment devenu mon outil de prédilection. Le seul problème réside dans le fait de trouver ensuite des potes qui ont de vieilles tires avec un autoradio K7, pour pouvoir écouter ce que je fais à toute vitesse…

derkoko copieJ’ai ainsi découvert sur ton SoundCloud, que tu bourlinguais dans un genre electronic ambiant experimental house noise
House tout court, ça me va très bien. D’autant qu’il y a plein de subdivisions dans la House, et que le coté Happy + années ’80 me cause vraiment dans le poste. Entre remixes disco et prémisses de la techno. La House est ainsi un terme générique qui a permis tout plein d’expérimentations dans la dance music !

Fin des années ’80, quand tu traînais dans les Ecstasy Parties du coté de « Madchester » ?!
Niet, d’autant qu’à mon humble avis, il n’y a nullement besoin de prendre des substances pour apprécier cette musique (et a fortiori ce beat), qui est déjà intrinsèquement, une façon de partir très loin dans les étoiles. Et puis surtout, je suis plutôt « école de Chicago », voire New York, milieu des eighties ! Avec en guise « d’idole », Ron Hardy, un fabuleux dejay qui mixait déjà des bandes à l’époque, et malencontreusement mort trop vite. Au début des années ’90…

blacksunfest copiePile au moment où tu fréquentais les Raves ?!
Non, je n’y allais pas non plus, parce je trouvais ça trop bourrin ! Si j’ai progressivement été attiré par la musique électronique et/ou technoïde, c’est plutôt via le coté expérimental de l’affaire. Quant à la House à proprement parler, c’est surtout de par ses racines disco et funk.

Je te vois venir avec ta chemise ouverte et tes chaînes en or…
J’étais malheureusement trop jeune pour fréquenter les disco-nights…
Ce qui certain aujourd’hui, c’est que je ne suis pas un intégriste de la teuf ou du concert, et que je peux aussi bien aller jouer dans un squat que dans un club. M’adresser à des publics complètement différents.

Et par des biais également éclectiques, puisque tu as récemment balancé sur FB un excellent mix : « tribute to Kiss FM » (https://www.youtube.com/watch?v=IHEY7a1Vyhg), une radio new-yorkaise carrément funk old school ?!
Et qui a cessé d’émettre depuis. Le genre de radio qui a influencé toute l’histoire de la House Music. Une véritable bible en ce qui me concerne. Entre paillettes et énormes lignes de basse !

La bible musicale du chercheur un tantinet alchimiste ?
Je crois que c’est le pendant de n’importe quel dejay qui a commencé adolescent, par dévorer des galettes en vinyles… Et c’est pour moi devenu une véritable fin en soi. Sachant que je mixe également des musiques très actuelles. Que je ne suis nullement focalisé par le vintage & co.

Tu ne serais pas en train de virer « happy » par hasard ?
(…) Je pense que le monde est suffisamment dégueulasse pour ne pas avoir en plus à se fouetter. Partant de là, le coté « always look on the bright side of life » a effectivement tendance à me causer dans le poste.

Un poste à K7, Koko les bons tuyaux et de la route à faire… Que demande le peuple ?!

Laurent Zine

 

 

Commando Koko en concert au Lavoir Public le 4 avril.

https://soundcloud.com/commando-koko

 https://derkommissar.wordpress.com/

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