À cause de la nuit

Quais du polarÀ cause de la nuit que j’ai passé, à trop vouloir scruter cette Lune Sanglante qui me dévisageait par la fenêtre grande ouverte, j’ai mis les voiles tôt ce matin en direction du Grand nulle part  ; et tel un robot dans les couloirs du métro, j’ai ressassé ce rêve Blanc comme neige , d’une Hard Revolution qui ne viendrait jamais.

Accompagné d’un petit orchestre de poche, Nick la galère y faisait la manche sur un air de White Jazz mâtiné de Soul Circus , enveloppant aussitôt tout mon être, maintenant balayé comme dans une Moisson Noire , me permettant néanmoins d’oublier Ma part d’ombre l’espace d’un instant.

Mais je sais bien qu’au bout du compte Tous se paye , et qu’il me faudra rapidement m’évader de ce souterrain Destination morgue , où tous les regards ici agglutinés, semblent inlassablement rimer avec Liquidation .

Des yeux vides dévorant chaque page de leur American tabloïd , espérant y trouver les derniers soubresauts de sordides affaires, dans lesquelles s’entrecroisent les destinées en version Dahlia noir .

Parvenu aux Terreaux en rasant les murs tel un Clandestin , j’ai ensuite mis le cap à l’aveugle vers les Quais du Polar , flâné au hasard des rencontres, des Jardins de la mort et des bouquinistes, pour finalement échouer devant l’échoppe bringuebalante du Chien qui vendait des chaussures.

Quais du polarSurplombée par La colline aux suicidés , la rivière Saône semble roucouler ici-bas Suave comme l’éternité  ; indifférente à mes états d’âme de Tueur sur la route . Puisse ainsi le bonheur être simple comme un coup de spleen ?

Je suis certes le Mauvais fils englué dans la tourmente d’un American death trip avec ses Funky guns de pacotille, mais je n’ai jamais abandonné l’espoir de rejoindre l’envers du décor classé L.A confidential , en remontant la côte pacifique depuis Tijuana mon amour .

Maintenant retranché derrière les vitraux de l’église Saint-Nizier, je laisse vagabonder mes pensées en écoutant le Brown’s Requiem échappé des tubes d’un orgue majestueux, sur lequel s’échine un vieux prêtre Nommé Peter Karras .

Je dois avouer que j’ai un peu le Anacostia river blues , mais mon cœur est désormais léger, sachant que j’ai bientôt rendez-vous avec George P et James E ; les vieux potes de mes nuits blanches, à même de me guider vers la lumière, dans le dédale des Quais du Polar.

 

Laurent Z

 


Quais du Polar : le festival fête ce week-end son dixième anniversaire en invitant entre autres George Pelecanos & James Ellroy pour dialoguer avec nos insomnies.
http://www.quaisdupolar.com/