À trois sur un scooter #10

15817_1011863932187704_2006167404327626793_nA priori, l’équation est simple, mais c’est mieux avec les deux doigts dans la prise : caisse claire & charley + grosse caisse & ride + telecaster & orange head + jazz bass & ampeg + dingo & tambourine = cave humide, 120 dB, smog et promiscuité…
¿ Qué quiere el pueblo ? Nada mas !

Non, rien de plus que d’échapper à la connerie ambiante, alors qu’en ce joli mois de mai, on ne compte plus les gentils garçons bien dégagés autour des oreilles, qui continuent de festoyer en l’honneur de Jeanne la pucelle. Le fond de l’air est un peu fresh mais encore salement chargé d’électricité, et la meilleure façon d’oublier la machine est sûrement de prendre la tangente vers les concerts et festivals qui pointent à l’horizon. Sur la route exactement, un peu comme si c’était la dernière aventure du monde civilisé ; un monde qui se décivilise chaque jour un peu plus, en cultivant la peur de l’autre et le fichage de tous…

Et c’est justement en rêvant d’une vie d’aventures, que pétaradant à trois sur un scooter, nous vous proposons d’emblée une transhumance façon Wine & Noise & fromages de chèvres, Live at Pampilles ! (http://fr.ulule.com/live-at-pampilles/)

Du nom d’un festival à la ferme – une GAEC en l’occurrence – 100% scène et productions locales, fraternité et batailles de foin… (glups !).

Et qui réunira (entre 16h et 4 du mat’) ce samedi 9 mai une ribambelle de groupes (Sathönay, Missing Souls, Rank, Rature, Riegler Girl, Torticoli, 2 Boules Vanille et bien d’autres !) dans un lieu carrément bucolique, afin de goûter au plaisir de tous les sens. En sus des concerts à la pelle mais sur la paille, vous pourrez effectivement y déguster bières, vins et fromages du cru, ou comment réveiller vos papilles en direct des Pampilles. Ça se joue au cœur du Pilat, à 35 minutes de Lyon, idem de St Etienne et 15 de Vienne ; et c’est à consommer (5 € l’entrée) quasiment sans modération. Sachant qui plus est que la météo devrait être clémente, exception faite de quelques orages farcis de décibels. Le bonheur est dans le pré, qu’est-ce qu’on attend pour aller y folâtrer ?!

À moins que n’ayez définitivement pas l’esprit champêtre et dans ce cas-là, vous pouvez toujours migrer vers le Sonic ce même samedi 9 mai, pour vous faire péter les oreilles avec du vrai rock dur ! Au programme : Eat a Kid qui navigue plutôt dans les sphères du Hard et qui fêtera le soir même la parution de son 1er EP. Ils seront épaulés par les Sonic Killers (blues + punk = blunk !) et Pig Rider (harsh blues), et ça risque forcément de tanguer sur la péniche du quai des Étroits, en mode déclinaison de rythmes torrides.

En parlant de rythmique et d’hystérie collective, difficile de ne pas vous causer de Mudhoney, l’éternel retour. Back from the grave, les ambassadeurs du garage noise à tendance superfuzz bigmuff sont ainsi attendus sur la scène de l’Épicerie Moderne le vendredi 22 mai. Mudhoney qui fut l’un des premiers groupes à signer sur le mythique label Sub Pop, à l’époque où la simple écoute de leur tube Touch me I’m sick ! déclenchait une émeute dans n’importe quelle crémerie digne de ce nom. Sur leurs premières photos de presse, les gugusses apparaissaient quasiment nus, couverts de boue, avec un large sourire en coin ! Et c’est finalement un bon résumé de la façon dont ils entendaient mener leur carrière jusqu’à aujourd’hui. Mudhoney qui ouvrit finalement la voie à toute la scène Grunge West Coast et on peut ainsi considérer qu’ils furent les grands frères frappadingues de Nirvana, L7, Hole, Alice in Chains et consorts. Après le Live at Pampilles, voici donc une autre bonne occasion de vous rouler dans la boue en toute décontraction.
Sauf que… ce vendredi 22 mai marque également le début des hostilités pour le Festival Avatarium à St Etienne, et qu’il sera ainsi difficile de s’écarteler entre les deux villes pour ne rien rater. Reste qu’avec le retour des Dark Ages et de l’obscurantisme à gogo, il va sans dire que l’écartèlement risque bien de revenir à la mode.

Quant à Avatarium (http://www.avataria.org/spip/article138.html), nous ne cessons de vous le répéter chaque année : ce festival Autrement cumule depuis 16 éditions une vraie façon de faire alternative, une éthique forte et un lieu mythique chargé d’histoire (le Musée de la Mine) ; le tout conjugué en concerts, performances, ateliers et projections etc. Si bien que l’on aurait tendance à vous inciter à vous y rendre les yeux fermés, sans même connaître la programmation. Et lorsque l’on se penche sur celle-ci, on prévoit tout bonnement de passer le week-end à Sainté (22 et 23 mai).

En compagnie du Komplex Kapharnaüm qui vous présentera en avant-première sa dernière création – Do not Clean – histoire de vous donner joliment matière à voir mais aussi à réfléchir, à ce super monde moderne qui produit des Everest de déchets et à ceux qui en vivent au jour le jour. En compagnie également de Rä 2, photographe des scènes ligérienne et régionale depuis plus de 20 ans, et qui vous présentera en l’espèce les résultats d’un travail bien différent : une installation – projection à partir de clichés d’une urbanité certes à la dérive, mais ô combien vivante et révélatrice du monde d’hier et d’aujourd’hui.

avatarium16-frontweb2Et si les yeux auront ainsi de quoi de nourrir intelligemment, les oreilles ne seront pas en reste avec les 4 concerts prévus chaque soir. Entre Warum Joe, légende du punk hexagonal aux textes brutalement corrosifs, le nouveau projet de Jim Jones, la promesse tant audiovisuelle que musicale d’un moment vraiment à part avec le show de Filastine, le rap saignant de Moodie Black ou le post punk made in Madchester de Total Victory, les régionaux de l’étape que sont Sheik Anorak et Nose in the Nose qui ne viendront certainement pas pour enfiler des perles etc.
Avatarium, c’est ainsi beaucoup à voir et beaucoup à entendre. Juste avant que la société française finisse par marcher définitivement sur une peau de banane, à force d’exclure les gens et les choses au rythme d’un libéralisme sauvage et aveugle.

À bon entendeur…
Et n’oubliez pas d’être un peu fêlés pour laisser passer la lumière.

Laurent Zine