Vingt-quatre heures dans la vie d’une vieille « fucking milf ».

Avec Paulette. Mais pas à bicyclette.

Ton mec s’est barré, lalalala !! Tu essayes de gérer du mieux que tu peux, entre ta putain de rupture et toutes les choses du quotidien. Putain de vie absurde, parce que toi tu t’étais dit que ça allait durer toute ta vie! Et puis, tu t’es bien voilée la face, lorsque tu l’as trouvé avec des poufs, il faisait la fête! Tiens donc. On peut déclarer une disparition au bout de combien de temps au fait? Sûrement pas vingt-quatre heures… A moins de vouloir passer encore pour une putain de grosse hystéro. Tu attends, tu appelles une vingtaines de fois et tu tombes sur sa p… de messagerie. Tu culpabilises en te disant qu’il faut que tu le laisses faire sa vie. Tu as ton gosse à aller chercher, putain de sa race et je pèse pas mes mots. Car toi t’assures, ouais, tes parents te le ramènent, faut que tu sois fraîche, alors que t’as chialer comme une merde tout le matin.

Donc, il est parti, c’est sûr, il a bien choisi son moment, dix heures du mat, le petit au taquet, il a pris son chien mais pas son gosse. Bien sûr, en mec bien classe, il a laissé courir son gosse de trois ans derrière sa caisse. Classe! très classe!

« Ouais mais tu comprends, il en pouvait plus le pauvre, tu n’est pas facile à vivre quand, avec ton putain de sale caractère. Ouais, tu as raison, j’ai un caractère de merde et c’est pour ça qu’il a laissé son gosse courir derrière sa putain de caisse. Ouais, j’ai un putain de caractère à la con, et c’est aussi pour cela que ça aurait pu finir en fait divers. Putain de caractère de merde, tiens. »

« Tu comprends, il a tout essayé pour tenir à tes côtés, mais des fois c’est trop fort, la seule solution c’est de fuir »

C’est vrai, mais si tout le monde se casse, c’est pas un peu la merde pour l’existence du gosse? Voilà, je suis restée, de toute façon j’avais pas vraiment le choix. Le gamin est devenue un peu bizarre, il avait tout le temps peur que je me barre. Il voulais tout le temps des films, une sorte de petit drogué, se réfugiant dans ses dessins animés dès six heures du matin. En ce qui me concerne, j’étais plus en mode zombie, qui essaye de refaire surface, ne comprenant absolument rien à ce qui lui arrive. Avec une envie de gerber sur cette putain d’existence à la con !! J’ai revécu un second post accouchement, le gamin dans ton lit toute les nuits, après avoir bien crié dans son lit, la gentille impossibilité de dormir venait se réfugier dans ton lit, et, bien sûr se remettait à crier durant tout les millions de cauchemars qui lui traversaient la tête, et faite moi confiance, ils étaient des millions. Des nuits de cris hystériques, et à l’époque je portais pas de boules-quies.

Et les gens qui te conseillent de t’arrêter, ceux qui te conseillent de faire attention, ceux qui te conseillent de la merde! Les amis qui disparaissent, les élèves qui te traitent de folle hystéro. « Elle est bizarre la prof ». Les collègues qui dans ton dos pensent que ce serait mieux si tu prenais un peu de temps pour toi, pour réfléchir, pour te soigner, mais qui jamais ne te le diront en face. Monde d’hypocrites.

Et comme par hasard quand tu te retrouves toute seule à gérer un môme, il devient naturellement exécrable. Et oui car c’est toi qui est là, et tu te prends toute la merde du monde en pleine tronche!

« Mais non, allons Paulette, tu es trop pessimiste, prend du temps pour toi, fait du yoga, suit une formation de communication non violente. » A la mierda, a tomar por culo ! t’es pas bien! Déjà qu’il te faut deux journées en une car tu n’as jamais assez de temps. Vaya mierda.

Ta propre mère qui par l’intermédiaire de ton père, te dit gentiment que si tu ne te ressaisis pas ton fils finira chez les services sociaux, mais merde! Comment ne pas garder des séquelles d’une telle époque. Et puis, ça n’arrive vraiment qu’aux femmes ce genre de situation? Non mais un mec sera soutenu, un mec sera écouté, sa maman se coupera en quatre pour venir lui garder ses enfants. Ou peut-être pas, je ne sais pas, je ne suis pas un mec mais une putain de meuf qui en a ras les ovaires.

Et puis tu te rends compte que ta voisine du dessous, vit avec une dizaine d’enfants, et que son appartement s’est vraiment transformé en squat.

 

Cette femme est super cool, elle te laisse traverser son appartement, elle comprend que tu es en galère, elle te comprend parce que, pour elle aussi, c’est bien la merde: elle est noire et à une dizaine de gosses et ça, le bon franchouillard il trouverait ça suspect.

 

Et au boulot, ta chef qui, elle, n’a pas de mioche car bien sûr, elle a été plus intelligente que toi sur ce coup, te fait remarquer tes absences, ton manque d’autorité avec les élèves. Te reproche aussi d’avoir pris des heures supplémentaires que tu n’es pas capable d’assumer.

Le connard qui s’est cassé, lui ne vit pas ton quotidien. « Paulette ne dit pas ça, tu es énervée, tu sais le temps efface tout… » Certainement pas la connerie de lâcheté humaine.

« Allons Paulette, tu es énervée, calme toi. »

 

 

Et je me bouge encore le cul, pour ne pas devenir folle, pour trouver une solution, pour trouver des solutions. Car je suis une meuf qui fait conneries sur conneries, mais comme on dit, on apprend de ses erreurs, pas vrai?

Il faut vraiment passer outre les jugements lorsqu’on est une vieille Milf, se battre pour exister dans cette putain de société française ultra patriarcale.

Ma voisine black, fut un ange pour moi ce jour là, je n’oublierai jamais ce qu’elle fit pour moi.

Fin.