Reportage vidéo de Anne Sophie Seguin croustillant !!

 

usine-des-mille-vaches 1Loin du cliché du berger et son troupeau, l’élevage français est souvent synonyme d’effet de serre, de gaspillage, de risques sanitaires et de souffrance animale.
Si plus d’un millier d’animaux sont tués à chaque seconde dans le monde pour la viande, d’autres chiffres font également froid dans le dos, à commencer par celui-ci : plus de 80% de l’élevage en France est intensif. Ainsi, 80% des poules pondeuses vivent en cage et ne voient jamais la lumière du jour, 82% des poulets sont élevés dans des bâtiments clos et grandissent en accéléré, 90% des cochons vivent enfermés dans des bâtiments en béton, 99% des lapins sont élevés en batterie, sans litière. Si la traçabilité de la viande est parfois limitée, les normes de protection animale, elles, sont globalement le cadet des soucis quand on examine les contrôles des élevages. Les sanctions sont rares, donc l’animal reste un produit comme un autre.

Fin août 2011, se lançait le projet de construction de la plus grande ferme-usine de France. Ce devait être un élevage laitier géant, d’où le nom de Mille Vaches, associé à un méthaniseur de puissance industrielle. Le tout dans une petite commune de la Somme, Drucat. Ce projet de ferme géante vise à produire de fait du lait à un prix très bas et à transformer fumier et lisier en électricité.

Juin 2013, la Confédération paysanne organise dans la nuit du 11 au 12 septembre 2013, une visite mouvementée sur le chantier de la Ferme des mille vaches. Vingt syndicalistes peignent sur place une inscription de 250 mètres de long :  » Non aux mille vaches ! « . Au passage, ils subtilisent des pièces des engins de chantier – qui seront rendues – et dégonflent les pneus des véhicules présents.

usine-des-mille-vaches 2Le porte-parole national de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, était convoqué le 19 avril à la gendarmerie de Saint-Etienne, suite à l’occupation du chantier de la ferme usine des mille vaches, dans la Somme, le 11 septembre 2013. Il a été placé directement en garde à vue. Son témoignage.
« Je suis arrivé comme convenu en tracteur à 9 h à la gendarmerie de Saint-Étienne. Deux de mes voisins, Bernard et Jean-Claude avaient tenu a m’accompagner en tracteur également, et c’est donc en cortège de quatre véhicules, et rapidement rejoint par une vache, que nous sommes arrivés !
50 personnes nous attendaient, au gros de la mobilisation plus de 200 personnes seront présentes. Des paysans de la Loire bien sûr, des consommateurs, des citoyens, des militants associatif ou politiques ( EELV et PG) syndicalistes ( CGT…), mais aussi des paysans venus du Rhône voisin de la Haute-Loire et du Puy De Dôme. Et pas mal de médias.
Le major Magnier, chef de la brigade criminelle (oui !) d’Abbeville, assisté par un de ses inspecteurs m’a signifié immédiatement ma mise en garde à vue au motif que mon ADN a été retrouvé sur les lieux du chantier. Ce n’est qu’à 13h15 que les gendarmes ont reçu l’ordre de me relâcher et ont pu reprendre la route pour la Somme. Je n’ai « rien déclaré ». Pendant tout ce temps, l’association d’opposants à la ferme des mille vaches, Novissen se mobilisait remarquablement à Abbeville et la gendarmerie de Saint-Etienne recevait les appels de soutiens des confédérations paysannes de France.

Mais j’ai la nausée ! Lætitia Peyrard, mon avocate, est révoltée du traitement qui nous est réservé.Elle trouve scandaleux de voir la façon dont on nous criminalise et la démence des moyens mis en œuvre pour protéger les petits copains du pouvoir. Parce qu’au fond, il est bien là le souci. En dénonçant la ferme-usine et l’industrialisation de l’agriculture, nous avons mis les pieds dans le plat.

Ce modèle d’agriculture est bien dans la droite ligne de ce que veut le gouvernement : les gains de productivité et de croissance vont se faire à l’export grâce à la cohabitation des deux agricultures, l’une « vitrine » et paysanne et l’autre industrielle !
Ce que nous avons vécu avec Laetitia Peyrard relève du surréalisme. On a mis la brigade d’enquête criminelle et la brigade d’enquête scientifique pour retrouver les auteurs d’un tag (1) ! Il y a une vraie volonté de criminaliser l’action syndicale.
Ramery, le promoteur de la ferme-usine, annonce sa première traite pour début juillet. Les manifestants à Saint-Etienne ont clairement revendiqué le fait que la conf’ ne devait pas lâcher et au contraire continuer à se battre sur un dossier emblématique, un dossier ou tout, toutce que nous refusons se retrouve : accaparement des terres, prix du lait, malbouffe, industrialisation, concentration, financiarisation….

Sinon, l’enquête est, d’après les gendarmes, close et le dossier dans les mains du procureur qui va devoir se déterminer à continuer devant un tribunal ou pas. Ramery, lui, continue… »