a-trois-sur-un-scooter-1 1Ça sent un peu le printemps avant l’heure, et même si il faut toujours se méfier des retours de bâton (rouge), quelque chose me dit que le rock salement déjanté a de beaux jours devant. Toujours est-il que nombre de gangs d’allumés ont décidé de sortir prématurément de leurs caves de répet’ pour aller mettre le feu en ville.

Bientôt récurrente, cette chronique « à trois sur un scooter » nous servira justement à vous causer dans le poste de ces tribus garage, punk rock, surf, heavy blues, woodoo rhythms, stoner (etc.), assurément back from the graves où on les avaient enterrées un peu vite ; et qui gravitent dans la région en vouant un culte déraisonnable à quelques illuminés tel Hasil Adkins. Mais aussi Jeffrey Lee Pierce, Lux Interior, Stiv Bators, Joe Strummer ou Joey Ramones etc. Entre autres personnages plus fraîchement devenus icônes. Et pas uniquement dans les bacs à sable de l’underground.

a-trois-sur-un-scooter-1 2Mais trêve de balivernes et venons-en rapidement aux faits ; c’est dire à ces loustics manifestement déterminés à se retrousser les manches et tomber les guitares. À commencer par X-Ray Vision, un quintet de beaux gosses en chemises blanches, qui satellise le surf rock au-delà des époques, entre Man or Astroman et The Ventures. Et dont les prestations scéniques sont à chaque fois l’occasion de jerker jusqu’au bout de la nuit. Ils seront justement en concert ce samedi 11 janvier à la Gueule Noire à Sainté. Habilement accompagnés par The Spark (excellent !), Negative Runners, Zéro Gain et Good Good Things, pour une soirée punk rock en soutien à La France Pue. Si vous êtes dans les parages, c’est juste immanquable.

On poursuit dans un genre musical disons explicitement plus « burné », avec Enlarge Your Monster (EYM)… Un quatuor lyonnais qui se produira le vendredi 24 janvier à la Marquise. Et qui nous a gratifié récemment d’un cd 5 titres à la limite de la sorcellerie. Vade retro Satanas ! (Diabolo is my co-pilot). Entre rock stoner et heavy tribal blues, voici que des riffs lancinants s’immiscent inexorablement en vous, pendant qu’une voix grave échappée des catacombes semble vous susurrer à l’oreille quelques bons conseils pas très catholiques. Et cela tombe bien puisque l’on préfère Franck Black sans eux. Mais revenons à nos quatre loups dans la bergerie, qu’il sera difficile de suivre à la trace tant ils multiplient actuellement les projets (clips, concerts, maxi de remixes etc.). Vous aurez néanmoins une chance de les croiser au Carrefour sonique des chemins qui mènent à Killing Joke d’un coté et Queens of the Stone Age de l’autre. Autant dire que ça vaut un petit détour.

a-trois-sur-un-scooter-1 3À moins que vous développiez un penchant certain pour un genre de revival garage sixties du meilleur aloi. Et dans ce cas-là, enfourchez illico votre vespa (mais un 103 peut éventuellement faire l’affaire…) pour vous rendre au concert des Cavemen Five, qui partageront la scène avec Les Gris-Gris, le vendredi 31 janvier à la Triperie, sur les pentes X Rousse. Comme leur nom pourrait vous l’indiquer, The Cavemen Five sont des hommes des cavernes (résolument) modernes, qui ont néanmoins dû goulûment biberonner aux Sonics, Remains et autres Flamin’ Groovies. Sauf que, c’est maintenant que ça se passe et c’est carrément de l’énergie pure (et groooove) sur les planches ! Au niveau de la rhétorique, leur 45t paru cet été (chez Howlin’ Banana Records) vous donne le ton et néanmoins le choix entre deux faces (de leur personnalité) : « Be My Cavegirl » versus « They Prefer Blondes ! ». In fine, je serais vous, je prendrais quand même la vespa…

Quant à moi, je vais essayer directement la sortie de secours, mais pas avant de vous avoir dit deux mots d’un trio dont le concert n’est pas encore calé à l’heure où j’écris cette bafouille. Un trio donc, gentiment baptisé Sonic Killers et qui a sorti un album autoproduit cette année : Are U Blunk ? Comprenez : êtes-vous prêt à vous enfiler une dangereuse mixture de blues et de punk ?!
Une médication qui vous est aimablement proposée en mode mid tempo par une voix rocailleuse. Un élixir qui fleure bon le blues du Delta et le Texas punk d’Austin, le bourbon frelaté et la gueule à Tom Waits, les cactus au milieu du désert et le costar noir de Johnny Cash, le vaudou des marais à moustiques et le goo goo muck des Cramps… Ou tout bonnement le rock & roll. Basique, rude et instinctif. Ainsi reprennent-ils en chœurs « I need a rock therapy », et c’est exactement le traitement de choc qu’ils vous réservent.

À bon entendeur…

 

Laurent Z
(qui tient à remercier spécialement le Torpille Scooter Gang !)