sven-marquardt-347-diapo-2-420x621C’est au Goethe Institut que cela se passe… Le photographe Sven Marquardt expose ses portraits décalés pour la toute première fois en France. Le finissage est prévu pour le jeudi 29 mai à 18h, à l’occasion d’une « Extra » en présence de l’artiste.

Cet homme atypique est né dans Berlin-Est un an après la construction du mur. Son allure tire de la scène punk, une rébellion dangereuse en Allemagne de l’Est (la Stasi les considérait comme des individus asociaux, avec le risque de disparaître en prison). Son visage actuel m’a tout de suite interpellé avec ces anneaux qui transperce sa peau, ces ronces entrelacées avec des papillons de nuit qui essayent de s’enfuir avec un marteau et une hache qui se croisent… Tous ça sur une tête aux cheveux longs et grisonnants !

Un personnage avec un parcours étonnant, après avoir suivi une formation en photographie et comme assistant cadreur à la DEFA (Deutsche Film AG : studio de production d’État de la RDA). Il assiste l’icône de la scène photo en RDA : Rudolf Schäfer. Il collabore ensuite avec le magasine Sibylle, un magasine de mode, considéré comme le « Vogue de l’Est » mais aussi comme magasine de la Résistance, composé d’images qui débordent d’inventivité et d’un style plutôt alternatif. Il habite dans le quartier Prenzlauer-Berg, habité par des marginaux et artistes qui développeront une véritable culture underground très engagée politiquement, ce quartier devient aujourd’hui de plus en plus bobo. C’est dans ce quartier qu’il trouvait ses modèles issus de la culture punk Berlinoise des années quatre-vingt.

2-8-cef7bAprès la chute du mur en 1989, il arrête la photographie, comme si il avait tout dit et qu’il n’avait plus besoin de photographier pour créer une autre réalité parallèle. Mais la photographie est un voyage, un processus où on ne cesse de découvrir de nouvelles choses. Sven plongeât dans le monde de la nuit où il devint physionomiste (videur). Ce travail lui plait et influence son œil de photographe ! Ces deux métiers ont la même aptitude pour saisir un personnage en un instant, voir le « petit truc » en plus. Sven Marquardt travaille toujours à l’entrée des clubs, dans le célèbre club de techno le Berghain qui se situe dans le quartier alternatif de Friedrichshain.

Ces portraits toujours en noir et blanc, sombres mais qui laissent parfois apparaitre un petit sourire en coin. Ils reflètent bien son personnage, le côté triste, dur mais vivant. Les mises en scène, modèles et accessoires sont mûrement choisis et font tout le « charme » de ce monde qui est le sien. Un monde où se mélange beauté, douleur, mélancolie et vulnérabilité. Il utilise toujours une lumière naturelle, et ne retouche aucun de ses clichés. Ses modèles sont soit ses amis soit ils le deviennent. Ses photos montrent le profond changement social et culturel depuis Berlin-Est à Berlin d’aujourd’hui. Ses images restent intemporelles, elles mélangent un bout du passé, du présent et du futur.
À la fin on ne sait plus si Sven Marquardt est un « photographe de mode » ou un « documentariste » de la culture underground de l’Allemagne de l’Est à aujourd’hui. Un doute m’a saisi, à vous de le découvrir !

 

 


Exposition : Future’s Past // Sven Marquardt au Goethe Institut .
Extra ! Nuits Sonores // Le Grand Décrochage le 29 mai à 18h.