Collection « Révolté(e)s, Rebelles et Hors la loi » de la Poule Rouge
De Géronimo à Monica Proietti, en passant par Jules Bonnot et Angela Davis, la collection Révolté(e)s, rebelles et hors la loi regroupe 24 portraits, par 24 artistes, de personnages qui, un jour, ont dit : « Merde ! ». Oui, « Merde ! », en se révoltant contre l’autorité, contre un système, d’une façon violente pour certains, militante pour d’autres, souvent les deux. L’idée est née suite à la lecture de « Les bandits », livre dans lequel Eric Hobsbawn développe l’idée du banditisme social. Éditrice de la collection, La Poule Rouge* a souhaité étendre le principe du banditisme social à toutes les formes de résistance, unique issue possible pour toute cette galerie de personnages poussées à la marge de leur société.
Toutes les sérigraphies présentées ici sont en vente à la Poule Rouge.
#9 Anne Bonny et Mary Read – Si tu t’étais battu en homme, tu ne mourrais pas comme un chien
Dessin de Kieran* / texte de Marc Uhry**
Hache à la main, nue sur la proue,
A boire, à boire, au fond du trou
Peinte de sang de tortue
A boire, à boire, à peine perdue
Ann d’Irlande tourne le dos
Ann fuit sur un radeau
Après avoir foutu le feu
Et ho, Ann a coupé ses cheveux
Aux cannes à sucre paternelles
Et ho, Ann est devenue éternelle
Ann ravage les Bahamas
Sous son épée les hommes grimacent
Maîtresse de cent marins
Et amante de cent femmes du port
Bony, Jennings, Bayard,
Calico Jack Rackham
Jusqu’à qu’à tomber sur son âme double
Jusqu’à ce qu’un jour son cœur se trouble
Mary d’Angleterre
Nouvelle colocataire
Elle aussi, élevée comme un garçon
Elle aussi, prête à tuer
Prête à crever
Libre de se vêtir
Libre de se dévêtir
Libre de se divertir
Elles ont tué leurs compères de piraterie
trop bourrés pour se battre
Deux dernières à lutter
Adieu Rackham
Si tu t’étais battu en homme, tu ne mourrais pas comme un chien
La maladie a libéré Mary de la prison
Et Ann s’est évanouie
Personne jamais ne la revit
* Kieran est un dessinateur lyonnais, membre fondateur de l’Épicerie Séquentielle (les Rues de Lyon) et de l’Atelier One Shot. Il enseigne et anime des ateliers et conférences autour du métier d’auteur de bande dessinée. Publications : The Golden Boy, Éditions Aaarg, We are the night, Editions Ankama, « L’empreinte d’Edmond Locard – le véritable Sherlock Holmes », dans Les Rues de Lyon, n°15 et « Le repos du soldat — 1914-1918 », dans Les Rues de Lyon, n°25.
** Contributeur régulier du Zèbre, Marc Uhry fait aussi plein d’autres choses à découvrir, notamment, sur son site.
#8 Bonnie Parker
Dessin : Yan Le Pon
Yan Le Pon travaille dans l’animation depuis 1990 et est actuellement chef layouts et superviseur décors. Le storyboard est une autre de ses spécialités. Il a enseigné pendant plus de 12 ans ces thématiques et a également travaillé dans l’illustration et la band-dessinée. En BD, lire Gold of the Dead (Éditions Paquet 2015) dont il a réalisé le dessin. Basé à Lyon, il est membre de l’atelier Le Gaufrier et de l’Épicerie Séquentielle (Les Rues de Lyon).
#7 Ahmed Belaid, dit H’medh U’meri (Ahmed Oumeri) – Bandit d’honneur 1911-1947
Dessin : Benjamin Flao* / Texte : Jean-Pierre Barrel
Né dans les monts Djudjura, à Aït Bouaddou dans une famille qui avait perdu 7 des siens dans la lutte contre la conquête française, Ahmed Oumeri prend le maquis au retour de ses expériences en France, d’abord comme travailleur puis indigène dans l’armée française. Enrôlé pour lutter contre les nazis, Ahmed Oumeri déserte après quelques mois. Cette guerre n’est pas la sienne. Revenu au pays en 1941, il est emprisonné. Après une mutinerie avortée, il réussit son évasion. Il rejoint alors ses montagnes pour lutter, à la manière de ses ancêtres, contre le colonialisme et ses riches serviteurs. Il rançonne les passagers des cars en leur demandant de crier « Vive l’indépendance ! », enlève aux uns et donne aux autres, terrorisant les nantis, particulièrement les serviteurs du pouvoir colonial. Il est décrit comme hors-la-loi par les autorités françaises et pourchassé comme tel.
Bien que proche des militants du Parti du Peuple Algérien, dont Hadj Ali Mohend Arezki – l’un de ses plus fidèles compagnons -, Oumeri n’a jamais adhéré au parti. Cela lui a permis d’agir librement sans se conformer à des idées partisanes et sans être régi par l’éthique d’un combat politique. Oumeri est un bandit d’honneur qui agit comme un électron libre. Pendant 5 années, son activité consiste à racketter les agents de la colonisation, éliminer les caïds tyrans, venir en aide aux malheureux et les venger lorsqu’ils sont pressurés par leurs propres frères agents de l’autorité coloniale. Les sommes ainsi collectées par le groupe rebelle d’Oumeri sont connues au centime près. Les maquisards en conservent un pourcentage pour survivre et venir au secours de leurs familles, distribuent le reste dont une part à la caisse du PPA. Ainsi, tout en gardant sa liberté, Oumeri a été d’une grande utilité pour le parti de Messali.
Quelques temps seulement avant qu’il ne soit trahi par un ami et ne se fasse tuer, il était sur le point de rallier, sous la pression amicale de Krim Belkacem, le groupe qui allait créer l’Organisation Secrète. Les aléas de l’histoire ont voulu qu’Oumeri se fasse tuer le jour même de la création de ladite organisation, le 16 février 1947. La légende était née et celle-ci fut contée et chantée tout au cours du XXème siècle : « Tué par celui Qui l’avait surpris Il avait confiance Il en reste son sens Un kabyle émergent Un kabyle le tuant Ahmed Oumeri En étoile, partit. » Ait Menguellat.
*Benjamin Flao est scénariste et dessinateur de bande dessinée. Il se fait connaître avec ses carnets de voyage (Carnet de Sibérie, Mammuthus expéditions (2002,prix Lonely Planet), Erythrée (2004). En 2007 il réalise sa première bande dessinée La Ligne de fuite, avec Christophe Dabitch au scénario. Depuis il a dessiné plusieurs albums, tous chez Futuropolis : Mauvais garçons 2009 ; Kililana song, 2013 ; Va’a, une saison aux Tuamotu 2014 ; Essence 2018.
#6 Pancho Villa, La Division Del Norte
Dessin de Carlos Olmo* / Texte de Marc Uhry**
Tout est parti de travers. Mes parents sont morts et le propriétaire de l’hacienda a voulu s’en prendre à ma sœur. Du haut de mes 14 ans, moi l’apprenti boucher, que faire ? Mon métier : trancher dans la viande et fuir. Vivre de petites rapines. Voler un peu, tuer parfois. Me ranger, jusqu’à ce que mon identité soit révélée et recommencer. Les prix s’envolaient et les propriétaires d’Hacienda accumulaient toute la propriété, alors j’ai volé les vaches et vendu la viande. Je ne volais que les voleurs.
C’est pour ça qu’ils sont venus me chercher, les constitutionnalistes, les républicains, quand ils ont déclenché la révolution. J’ai mis mes fusils au service de Madero et de la justice sociale. Mais rien de plus dangereux que le succès : parce qu’ils voulaient tous le sommet du pouvoir, ils se sont mutuellement trahis. Pas moi. Les traîtres m’ont obligé à fuir à El Paso, aux Etats-Unis, qui m’ont donné refuge, mais aussi ourdi le complot. Ils ont tué Madero. Les loups entre eux. Lorsque le sang a recommencé à couler, ils m’ont rappelé. La dictature était de retour, alors la guerilla aussi. Je les ai tous fédérés et nous sommes devenus la Divison Nord. Nous avons pris Ciudad Juarez, puis tout l’état du Chihuhua. Nous avons frappé notre monnaie. Et j’ai fondu sur Mexico, moi par le Nord, Zapata par le sud.
Puis nous nous sommes éparpillés. Et ils sont revenus. Plus forts, mieux armés. On n’en finirait jamais si je n’arrachais pas la souche. Alors tout seul, j’ai attaqué les Etats-Unis. L’Empereur d’Allemagne m’avait promis une fortune pour leur faire la guerre, mais j’ai refusé son fric. Puis je suis revenu me battre, j’ai été trahi, trahi et encore trahi. Je n’avais plus rien, mais ils ont quand-même tiré sur ma Dodge.
*Carlos Olmo est un artiste autodidacte parisien né en 1970 et inspiré par la musique rock, les comics américains, les supers héros, Miro, le Caravage, Francis Bacon, la puissance et la violence du mouvement, entre autres. Au fil de ses années d’exploration dans différents domaines de l’illustration graphique, ses œuvres ont progressivement enrichi une forme de bestiaire de la « Culture Pop » qu’il s’attache à élargir.
**Contributeur régulier du Zèbre, Marc Uhry fait aussi plein d’autres choses à découvrir, notamment, sur son site.
#5 Alexandre Marius Jacob : la révolte en volant
Dessin de Jean Luc Navette* / Texte de Marc Jeru**
« Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. » À mi-chemin entre le Voleur de Georges Darien et Henri Charrière dit Papillon (Jacob tenta 18 évasions du bagne de Cayenne), cet Arsène Lupin version lumpen-prolétariat est un drôle d’oiseau de nuit qui vécut mille vies. Homme ingénieux et facétieux, anar au grand cœur, Alexandre Marius Jacob déclara la guerre à tous les parasites sociaux. Et s’en vint les voler systématiquement, non sans humour…
Né à Marseille en 1879 (son père alsacien a fui l’invasion allemande), le jeune Alexandre Marius devient mousse à douze ans, parcourt le monde, déserte, tâte de la piraterie et peut déjà dire à 18 ans, retour féroce des pays chauds, « j’ai vu le monde, il n’est pas beau ». Apprenti typographe, il fréquente les milieux anarchistes, milite et fait ses 6 premiers mois de cabane pour une histoire d’explosifs mâtinée de menus larcins. La difficile réinsertion qui suit sera décisive. Troquant les bombes contre la cambriole, il devient illégaliste pacifique. Souvent déguisé et sous divers pseudos, il enchaîne des coups grandioses, ridiculisant les nantis et se montrant généreux avec les siens. Arrêté à Toulon en 1899, il simule la folie, s’évade de l’asile, se réfugie à Sète chez Georges Sorel puis s’installe (sous le nom de sa dame) quincaillier à Montpellier : une planque idéale pour apprendre l’art des coffres-forts et receler le butin de sa bande, les Travailleurs de la nuit. Les principes de la profession sont simples : on évite à tout prix de verser le sang, sauf pour protéger sa vie et sa liberté, et uniquement des policiers ; on ne vole que les métiers que l’on juge représentants et défenseurs de l’ordre social jugé injuste (les patrons, les juges, les militaires, le clergé), jamais les professions utiles (architectes, médecins, artistes, enseignants…). Un pourcentage de l’argent volé est reversé à la cause anarchiste et aux camarades dans le besoin. Loin de la pègre réactionnaire et individualiste, il s’agit clairement de s’attaquer à la propriété pour restaurer une justice sociale. Entre 1900 et 1903, ses équipes commettent de 150 à 500 cambriolages, à Paris, en province et même à l’étranger. « Travaux honnêtes et dignes » pour soutenir la cause anarchiste. Arrêté en 1903 à Abbeville, il déclare lors de son procès à Amiens : « Je n’ai ni feu, ni lieu, ni âge, ni profession. Je suis vagabond, né à Partout, chef-lieu Nulle-part, département de la Terre. » Condamné à perpétuité au bagne, il arrive début 1906 à Cayenne, d’où il ne tentera pas moins de 18 évasions. Libéré en 1927 grâce à la campagne menée par Albert Londres, il trouvera encore le moyen d’apporter son soutien à Sacco et Vanzetti ainsi qu’à Durutti, alors menacé d’extradition par la France. En 1936, il va à Barcelone, mais revient camelot sur les marchés du centre de la France, achète en 1939 une maison à Reuilly (Indre) et s’y marie en 1939. Après la mort de sa mère (1941) et de sa femme (1947), il vieillit entouré d’amis et de camarades de discussion. Le 28 août 1954, il met fin à ses jours en homme libre et conscient.
*Jean Luc Navette : Jean Luc Navette est un illustrateur et tatoueur lyonnais, passant du papier à la peau, ou de la peau au papier, il réussit toujours à raconter une histoire en un seul dessin, avec une maîtrise incroyable. Ses deux derniers livres, Dernier été du vieux monde et Nocturnes sont parus chez Noire Méduse Éditions
**Libraire depuis quinze ans à Lyon (Grand-Guignol, Le Livre en Pente), Marco Jéru a travaillé auparavant comme journaliste interne aux éditions du Seuil et comme pigiste pour Libé-Lyon et Le Progrès. Il collabore actuellement au webzine Le Zèbre et au mensuel Arkuchi. L’histoire de l’anarchisme et du banditisme constitue un de ses champs de lecture de prédilection. Badass stories forever...
#4 – Olga Bancic
Olga Bancic, sérigraphie noir et or, format 30X30, par Ingrid Liman*
Olga Bancic est née en mai 1912 dans une famille juive de la province de Bessarabie, à Chișinău (Kichinev). À l’âge de 12 ans, elle participe à une grève dans l’usine de matelas où elle travaille. Elle est arrêtée et jetée en prison où elle est maltraitée. 5 ans plus tard, elle est à Bucarest où elle rejoint les Jeunesses Communistes. Après une condamnation de deux ans de prison pour ses activités politiques, la jeune femme quitte la Roumanie pour la France où elle suit des études de lettres. C’est aussi une période active durant laquelle elle participe à l’envoie d’armes aux Républicains espagnols. En 1939, elle épouse Alexandre Jar, ancien des Brigades Internationales, et donne naissance à une fille, Dolorès, prénommée ainsi en hommage à Dolores Ibárruri, pasionaria célèbre pour son slogan : ¡No Pasarán! Après l’invasion de la France en 1940, Olga Bancic confie sa fille à une famille française et s’engage dans l’organisation Francs-tireurs et partisans – main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI). Sous le nom de Pierrette, elle est chargée de l’assemblage des bombes et des explosifs, de leur transport et du convoiement des armes au sein du groupe Manouchian. En novembre 1943, le groupe est arrêté par les brigades spéciales ; vingt-deux hommes du groupe Manouchian sont fusillés le 21 février au fort du Mont-Valérien tandis qu’Olga est transférée en Allemagne. Incarcérée à Karlsruhe, puis transférée à Stuttgart, elle est décapitée à la prison de Stuttgart, le 10 mai 1944, elle avait trente-deux ans. Son mari, Alexandre Jar, qui échappe aux arrestations de novembre 1943, quitte les FTP-MOI et gagne la Roumanie après la Libération avec Dolorès. Pendant son transfert à la prison de Stuttgart, Olga Bancic jeta par une fenêtre une dernière lettre, datée du 9 mai 1944, qu’elle adresse à sa fille.
« Ma chère petite fille, mon cher petit amour. Ta mère écrit la dernière lettre, ma chère petite fille, demain à 6 heures, le 10 mai, je ne serai plus.
Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne pleure pas non plus. Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir. Sois fière de ta mère, mon petit amour. J’ai toujours ton image devant moi.
Je vais croire que tu verras ton père, j’ai l’espérance que lui aura un autre sort. Dis-lui que j’ai toujours pensé à lui comme à toi. Je vous aime de tout mon cœur.
Tous les deux vous m’êtes chers. Ma chère enfant, ton père est, pour toi, une mère aussi. Il t’aime beaucoup.
Tu ne sentiras pas le manque de ta mère. Mon cher enfant, je finis ma lettre avec l’espérance que tu seras heureuse pour toute ta vie, avec ton père, avec tout le monde.
Je vous embrasse de tout mon cœur, beaucoup, beaucoup.
Adieu mon amour.
Ta mère. »
*Dessinatrice de bande dessinée et illustratrice de la région nantaise, Ingrid Liman est l’auteure de Une vie à écrire et de Hollywood Boulevard.
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#3 – Les Mujeres Libres
Sérigraphie, trois couleurs, format 30X30 de Lilas Cognet, dessinatrice et illustratrice lyonnaise, enseignante à l’École Émile Cohl.
Créée en avril 1936, les Mujeres Libres (les femmes libres) est une organisation féministe libertaire, active durant la révolution sociale espagnole et la guerre d’Espagne. Première organisation féministe en Espagne, elle s’attache à mettre fin au triple esclavage des femmes soumises à l’ignorance, au capital et aux hommes. Elles organisent l’approvisionnement des milices combattant les franquistes, apprennent à tirer et à sauter en parachute. Toutefois pour les Mujeres Libres, il n’était pas seulement question de s’opposer aux hommes, mais surtout de former et d’éduquer des individus conscients et de donner aux femmes les conditions de leur indépendance. C’est pourquoi ses membres, principalement issues de la classe ouvrière, mettent en place des campagnes d’alphabétisation, ouvrent une autoécole et des cours professionnels pour remplacer les hommes partis au front. En 1937, elles ne comptent pas moins de 20 000 adhérentes ! L’organisation se dissout dans les derniers jours de la République espagnole, après avoir connu la déception de ne pas être reconnu par la CNT comme une branche officielle du mouvement libertaire.
#2 – Phoolan Devi
Phoolan Devi, sérigraphie en format 30 x 30, et 3 couleurs, par Jérémie Guneau* / texte Marc Uhry**
Au pied des plus hautes montagnes du monde, le long de la frontière népalaise, naissent les fleuves sacrés qui iront laver un milliard d’âmes fidèles à l’hindouisme. C’est là, dans l’Uttar Pradesh, où ont régné les rois Rama et Krishna, que la caste modeste des Mallah accueille l’arrivée de ce bébé, une fille. Une charge qu’il faudra doter le plus tôt possible. Ce sera chose faite en 1974. Phoolan, 11 ans, est mariée à un homme de 33 ans, immédiatement réduite en esclavage, battue et violée, éreintée de travail, dormant à l’étable. Elle fuit et retourne dans son village natal, qui lui conseille de toiletter son honneur en se jetant dans le puits municipal.
Phoolan refuse et revendique le terrain sur lequel son cousin Mayaddin a construit sans autorisation une bicoque. Il la fait arrêter et elle retrouve en prison un régime à base de sévices et de viols. Sortie, elle s’obstine. Le cousin engage alors une bande de dacoïts, des brigands, pour l’enlever et la tuer. Mais le chef des dacoïts la viole et choisit d’en faire son esclave. Un lieutenant amoureux, Vikram, tue le chef pour prendre sa place à la tête de la bande et dans les draps de Phoolan. De fait, la charismatique jeune femme devient la patronne de sa petite bande, qui se fait connaître en attaquant prioritairement les propriétaires terriens, réputés pour leurs abus de pouvoir. Ce banditisme choisi confère à Phoolan la réputation d’être un avatar de Dourgâ, la divinité de l’énergie absolue. Une bande rivale dacoït tue Vikram et enlève Phoolan, elle est violée collectivement, mais parvient à s’enfuir et à reprendre le banditisme. Elle est déclarée ennemie publique n°1, mais demeure introuvable. Après deux ans de cavale, elle négocie sa reddition avec le gouvernement et dépose son Mauser devant 10 000 personnes, au pied d’une photo du Mahatma Gandhi et d’une représentation de Durgâ. La « reine des bandits » n’a que 20 ans et des poupées à son effigie sont vendues sur les marchés.
Elle passe 11 ans en prison et en sort pour s’engager dans la vie politique et elle devient députée, pour lutter contre le système de castes et défendre les droits des femmes. Malgré les 48 crimes qui lui sont imputés, elle est proposée comme prix Nobel de la paix en 1997, à 34 ans.
Trois ans plus tard, elle rentre du parlement, il est 13h30, trois hommes s’approchent à pied et font feu sur elle, en réparation de ses crimes passés. La reine des bandits est morte.
* dessinateur et illustrateur toulousain aux multiples talents, connaissant bien l’Inde, pour y avoir voyagé plusieurs fois.
**Contributeur régulier du Zèbre, Marc Uhry fait aussi plein d’autres choses à découvrir, notamment, sur son site.
#1 – Capitaine de Haidouk
Une capitaine de Haidouk par Benjamin Flao, sérigraphie au format 30 x 30, trois couleurs.Il parait qu’en turc, hors la loi ou bandit se dit haydut. A partir du XIVe siècle, le mot s’est modifié en passant d’une frontière à l’autre pour devenir haidouk en Roumanie. Mais son sens a changé également : haydut, bandit pour les Ottomans devient un haidouk, un rebelle, dans les autres pays sous domination ottomane, ou simplement un bandit de grand chemin dans les pays d’Europe de l’Est. Ils sont, dans les pays sous domination ottomane, ce qu’était Robin des bois en Angleterre, rebelle à l’autorité en place mais généreux avec les pauvres. On devenait haidouk par conviction mais aussi pour survivre, manger à sa faim, échapper à la répression ou encore à l’enrôlement de force.
Benjamin Flao s’est inspiré de l’histoire de Floarea Codrilor (de Panaït Istrati : « Domnitza de Snagov ») pour faire ce portrait de cette femme capitaine de Haidouks, qui ont pour devise : la liberté ou la mort. L’auteur est scénariste, dessinateur de bande dessinée et s’est fait connaître avec ses magnifiques carnets de voyage : Carnets de Sibérie, mammuthus expéditions (2002) et Érythrée (2004). Depuis il a publié plusieurs bandes dessinées, toutes parues chez Futuropolis : La Ligne de fuite (2007) , Mauvais garçons (2009), Kililana song (2012 ,2013), Va’a, une saison aux Tuamotu (2014) et la dernière en date , Essence (2018). Il dessine également sur des spectacles « live » avec les groupes Chromb ou Blast et sur un spectacle crée avec la compagnie du théatre du Mantois : Black Boy d’après le livre de Richard Wright.
* Les Éditions la Poule rouge est une association à but non lucratif d’édition d’affiches en séries limitées en sérigraphie et parfois en tirage d’art numérique. Elle crée des collections d’affiches avec des artistes illustrateurs, dessinateurs et graphistes, jeunes et moins jeunes, connus ou pas, mais surtout, dont elle apprécie le travail. Toutes les affiches sont proposées à la vente, numérotées et signées. Contact : lapoulerouge.editions@gmail.com
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