Petite anthropologie de nos Faiblesses Passagères

mon-pire-plan-cul-2 1Je n’ai pas trop froid aux yeux, alors des expérience, j’en ai connu quelques-unes. Des aventures étonnantes, bien sûr. Mais ce n’est pas dans ce chapelet de souvenirs sans importance que se cache mon pire plan cul.

Après une vie haute en couleur, j’ai grandi, j’ai pris goût à d’autres envies, je suis devenue plus généreuse. j’avais moins peur de moi, des autres, des conventions. Petit à petit, l’adrénaline de l’inédit s’émousse et cède la place aux autres territoires à explorer, celui des aventures qui prennent du temps, de celles qui se construisent à deux. J’en étais là, à l’époque où cet argentin est apparu. Au moment où j’étais éparpillée, tiraillée entre des désirs contradictoires, il semblait une promesse de réconciliation. Audacieux, intelligent, beau, surprenant, exotique, socialement accepté mais toujours sulfureux, il incarnait l’aventure dans la stabilité et la stabilité dans l’aventure. Mon animalité réconciliée avec ma pensée. Ma peur consolée et ma boulimie assouvie. Sacré contrat de départ, n’est-ce pas ?

Mais cette promesse n’est pas facile à tenir et l’intensité de la relation se nourrit aussi du vertige des bords d’abîme, l’angoisse de l’espoir déçu. Deux corps alertes, deux cerveaux bien irrigués et deux langues bien pendues, ça va vite, ça fait de grandes choses, ça communique aussi. Trop, peut-être. Trop fort en tout cas, sûrement. La chaleur de la relation a fini par en faire fondre nos liens et j’ai perdu mon bel argentin.

La vie a suivi son cours, avec cette nouvelle plaie en cours de cicatrisation, une de plus. En la noircissant d’un tatouage supplémentaire, en peu de temps, elle serait devenue indécelable à l’oeil nu. Mais Dieu est facétieux et il a voulu que je le revoie. Elle était belle, cette promesse initiale. On ne regrette pas les mauvais moments, mais il est désagréable de renoncer à l’hypothèse de la réconciliation des millions de fragments qui font si difficilement de moi une personne. Lui aussi, apparemment, avait aimé cette hypothèse. Quand-même, je t’ai beaucoup aimé. Quand-même je t’ai beaucoup aimée aussi. Et ce n’est pas complètement soldé. Non ce n’est pas complètement soldé…

mon-pire-plan-cul-2 1Nous avons fini nus dans un lit, impatience et retrouvailles, sexe à fond. Pas en intensité ou en quantité, je parle de vitesse. Il niquait comme un lapin affolé, pressé, pendant que j’attendais que ça passe. Malgré le temps passé à se découvrir, voilà où nous en étions ? Le contraire de la rencontre, chacun dans une bulle et la rencontre de nos corps ne soulignait que l’absence de communication, de bienveillance.

Mon pire plan cul, ce n’est pas les moments nuls dans lesquels je me suis retrouvée, c’est la fois où j’ai du faire le deuil de l’hypothèse d’être plus complètement moi à travers la rencontre d’un autre. Mon pire plan cul, c’est le jour où  » nous  » est devenu une fable, à laquelle il sera à chaque redécouverte plus difficile de croire.

 

Sous Commandant Marco