imperial-tiger-orchestra 1Difficile de ne pas raconter leur histoire ! Tout un roman et peut être, bientôt, un film… Pourquoi pas ! Raphaël Anker, passionné par la série d’enregistrements Ethiopiques qui dresse depuis quinze ans un formidable inventaire des musiques de l’ex-empire de Hailé Sélassié. L’âge d’or de la musique éthiopienne, incarné par Tlaloun Gessesse, Getatchew Mekurya, Mulatu Astatke, Mahmoud Ahmed…, a longtemps été réservé aux initiés avant d’être popularisé par cette collection de rééditions. L’engouement surfe également sur le succès de la musique de Mulatu Astatqé, devenue conducteur de Broken Flowers, le film de Jim Jarmush sorti en 2005.

Raphael Anker se décide donc à jouer ses propres versions. S’il n’est pas le premier musicien à être impressionné par le jazz, la soul et le funk de l’âge d’or de l’Éthiopie, son cheminement est inverse à celui de beaucoup d’autres. Il regroupe six musiciens venus d’horizons divers (free jazz, noise, musique contemporaine) et tous optent pour des instrumentaux qu’ils chargent d’une énergie nouvelle, injectant ici des touches de funk ou de jazz, là, de rock psychédélique, laissant de coté la figure tutélaire du chanteur. Le premier concert, joué à La Cave 12, centre de l’underground genevois, donne le ton et met le public dans le groove. L’aventure commence, et notamment avec le choix du nom du groupe, poème à lui seul, ou composition : Imperial Tiger Orchestra. Il fait référence à l’Imperial Bodyguard Band qui fit swinguer Addis-Abeba et à une drôle de réplique du Sens de la vie des Monty Python : « Un Tigre en Afrique ???? Improbable ! ». Cela aurait put être « Un zèbre sans rayure ? Impossible ! « …

imperial-tiger-orchestra 2Au printemps 2009, à Addis-Abeba, Imperial Tiger Orchestra joue dans le cadre du festival organisé par Francis Falceto créateur en 1996 de la fameuse collection Éthiopiques. Debout, le public lui fait un accueil chaleureux ! Le groupe se retrouve la nuit, dans des « paris azmari », genre de pubs tenus par les Azmaris ou ménestrels traditionnels. Les Éthiopiens s’y défoulent, boivent et dansent jusqu’à pas d’heure aux sons improvisés des Azmaris, autant admirés pour leur talent musicaux que méprisés pour leur vénalité. « C’était comme un cachet pour pouvoir continuer », explique Raphaël Anker. « On était dans le chaudron, c’était exceptionnel ! », reprend le claviériste Alexandre Rodriguez. « Ce voyage a tout changé. Notre vision de cette musique s’est élargie : tout à la fois dans la tradition et dans la scène moderne, populaire et passionnante« , conclue Luc Détraz. De retour, ils produisent leur second disque dont le nom est vite trouvé Mercato, le marché principal d’Addis-Abeba où l’on trouve de tout.

Après les albums Addis-Abeba et Mercato, l’Imperial Tiger Orchestra revient avec Wax.  » Le wax, c’est le groove, le rythme, mais aussi une façon de vivre, de penser, de rester en contact les uns avec les autres, d’être authentique, de prendre les choses comme elles viennent.  »

imperial-tiger-orchestra 1Les Tiger ont composé une dizaine de morceaux au groove hypnotique et infernal. Ils sont allés fouiller dans d’incroyables morceaux traditionnels. Les instrumentaux de Wax évoquent aussi bien le funk que le jazz, l’électro ou la dub. Seul fil directeur, outre l’Éthiopie : l’évidente volonté de faire danser ! Ce qu’on ne manquera pas de faire, esclave d’un groove impérieux et accrocheur qui vous fait bouger les épaules et le reste. S’ils jouent le morceau Lelele, tentez une Gouragigna que l’on peut danser pied en avant pied en arrière, puis saut en avant avec pied devant, pied en arrière. À vous de jouer !

 

DJ Pompidou

Imperial Tiger Orchestra Périscope vendredi 7 mars à 21h. 8 – 10€