the-healthy-boy 1Ce vendredi 31 janvier, une nouvelle fois encore, le Sonic accueillera un concert de choix. Entre les vétérans britanniques de The Telescopes – groupe issu de l’écurie du mythique label Creation d’Alan McGee – et les français de Dead Horse One, les lutins facétieux mi-rigolards mi-ombrageux de THE HEALTHY BOY & THE BADASS MOTHERFUCKERS viendront chaptaliser les artères coronaires et les synapses des spectateurs présents et brûler les planches de la plus recommandable des péniches lyonnaises. L’occasion – qui sait ? – de découvrir quelques nouvelles compositions spectrales et hantées par un sens averti, authentique et commotionnant du folk, du blues et du rock.

Au départ, The Healthy Boy est un projet solo comme un autre : celui du nantais Benjamin Nerot, échappé de Belone Quartet et désireux d’épanouir ses penchants lugubrement enjoués et sa belle voix de péquenot gothique – qui tend à devenir de plus en plus grave et de plus en plus profonde avec le temps – dans le cadre d’une musique aussi dépouillée que saisissante et même parfois sérieusement turlupinée. Du folk à la fois marqué par la pudeur des émotions ténues et l’évidence des sensations organiques. L’accent est mis sur la qualité de l’écriture, The Healthy Boy excellant à nous raconter des histoires poignantes qui mettent littéralement le cœur des plus endurcis en bandoulière et qui possèdent le pouvoir de transformer nos secrètes et intimes larmes à l’œil en rouquin A.O.C. de première catégorie. En 2010 The Healthy Boy avait d’ailleurs publié un quatre titres fort judicieusement intitulé Tonnerre Vendanges : un magnifique EP et, assurément, un grand cru sur lequel la musique et les textes de The Healthy Boy prenaient définitivement leur envol, allant jusqu’à tutoyer le sublime le temps d’un Remember Me au long cours, chargé de somptueux échos et de résonances s’étirant dans un lointain si inaccessible et en même temps si tangible.

the-healthy-boy 2Il y a indéniablement un « avant » et un « après » Tonnerre Vendanges car sur ce disque The Healthy Boy est pour la première fois accompagné des BADASS MOTHERFUCKERS : l’alchimie opère de façon presque miraculeuse avec un groupe digne de ce nom et qui surtout ne se contente pas de jouer le rôle de simples accompagnateurs. Les Badass Motherfuckers ne sont pas n’importe qui non plus puisque on retrouve dans le groupe – et avec grand plaisir – trois membres sur quatre de Zëro (soit Franck Laurino à la batterie ainsi que Yvan Chiossione et Eric Aldea aux guitares, aux claviers ou à la basse) ainsi qu’un vétéran lyonnais et moustachu au poste de guitariste lead (et à ses heures joyeux cascadeur de l’extrême, un peu à la façon de l’homme qui tombe à pic – comprenne qui pourra). Avec un tel groupe, The Healthy Boy peut s’enorgueillir de rivaliser avec les meilleurs, citons Bill Callahan de Smog, Leonard Cohen qui aurait enfin abandonné ses airs désespérants de chien battu, mais aussi, pourquoi pas, le ténébreux Brian McMahan à l’époque de The For Carnation ou les premiers essais d’un Tom Waits encore tout juste pubère. Suite à la première cuvée de Tonnerre Vendanges, The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers ont fait plus que confirmer en remettant ça avec un deuxième enregistrement en commun, l’album Carne Farce Camisole, paru en 2013. Le groupe y apparait plus soudé que jamais autour de son compositeur principal et de chansons finement ciselées mais possédant également une grande variété de caractères. Du grand art et la confirmation qu’avec The Healthy Boy, au delà d’une certaine mélancolie, la bouteille est toujours à moitié pleine et que c’est cette moitié là, celle qui réchauffe, qui compte le plus. Définitivement.

Tous les disques de The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers ont été publiés par Kythibong et sont toujours disponibles auprès de cet excellent label nantais qui a dignement fêté son dixième anniversaire en 2013. Puisque on parlait de Tom Waits, signalons également que Ben Nerot a un autre projet, portant le nom de Noir Animal et encore plus centré sur les délires enfumés du grand Tom. Toujours dans le même ordre d’idée, notre homme s’est également lancé dans The Healthy Boy plays Tom Waits/The Early Years, projet hautement jubilatoire et dont le nom ne saurait être plus explicite. Enfin, The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers effectueront cette semaine une poignée de dates puisque le groupe sera en concert le 29 janvier à Strasbourg (le Simultania), le 30 à Besançon, le 31 – donc – à Lyon (le Sonic) et le 1er février à Montpellier (le Black Sheep).

 

Hazam.

The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers – Carne Farce Camisole

The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers – Tonnerre Vendanges

The Healthy Boy plays Tom Waits/The Early Years

Noir Animal – Pourriture Noble