GRISBI LE MAGNIFIQUE OU SUBVENTION PIÈGE À CON

 

the_a_tredesateliers-b8326Il y a quelque chose qui coince, qui dérange profondément dans les mésaventures humaines et financières du Théâtre des Ateliers.
Face à face, un directeur fondateur, Gilles Chavassieux, et les pouvoirs publics. Histoires de subventions, histoires de successions. Face à face, un homme qui a créé, dirigé son théâtre pendant presque 40 ans, et les financeurs, forts de l’idée que  » qui paie décide « . Des financeurs qui souhaitent mettre à la retraite Gilles Chavassieux, ou pour le moins, lui ôter ses pouvoirs de décision quant au choix de ses collaborateurs… Sinon ? Sinon, pas de sous !

La situation est peut-être grossièrement résumée. Mais il n’en reste pas moins que la tactique est inélégante et qu’elle montre bien que dans le domaine de la culture aussi, il s’agit de ne pas trop mordre la main qui vous nourrit. Est-ce à dire qu’on touche là aux limites de l’art subventionné ? Quelle indépendance, quelle liberté créatrices peut-on conserver quand on vous claque le porte-monnaie sur la main si, subitement, vous déplaisez ? Qu’on vous trouve trop vieux, trop intransigeant, trop ci, pas assez ça ? Créer ou respecter un cahier des charges ?

Loin de mon esprit zébré l’idée de revenir au bon vieux temps du poète maudit, du comédien traîne-savate enterré à la fosse commune.

Mais à feuilleter les programmes des théâtres de la bonne vieille Lugdunum, on cherche souvent en vain un peu de radicalisation, de tout ou rien. L’art et la création sont indissociables d’une bonne part de violence. Violence faite à soi-même, à la société, à l’esprit. Un mépris magnifique de la bien-pensance, un  » qui m’aime me suive  » aujourd’hui marginalisé. De plus en plus, l’art revêt une dimension éducative, pédagogique. Je ne crains pas de dire que le spectateur est souvent pris pour un grand enfant à qui le metteur en scène, le comédien, (mais aussi l’écrivain, le chanteur…) expliquent patiemment, gentiment le vrai sens de la vie. Résultat, on ne s’en sort plus des films comme  » La Marche « , des spectacles adaptés de Victor Hugo…

theatre-les-ateliers--84808J’extrapole, je me perds, je divague. En une phrase : déboulonnons Victor Hugo, et vive Bukowski !

Pour en revenir aux Ateliers, ce lieu a le mérite, qu’on aime ou pas, de proposer des textes, des vrais textes où la langue, les mots, prennent parfois une signification nouvelle, mais où ils ne sont jamais vides de sens ! Alors peut-être est-ce le moment de soutenir ce théâtre, en allant voir un spectacle en cette fin d’année :  » On s’dit qu’il est bien tard « , spectacle qui propose un voyage dans l’œuvre de Ferré du 16 au 18 décembre. Léo Ferré qui disait (pour étayer mon propos),  » Ce n’est pas le baisemain qui fait la tendresse/ Ni le rince-doigts qui fait les mains propres « . À la rentrée :  » Un arabe dans mon miroir « , de Riad Gahmi et Philippe Vincent, du 15 au 25 janvier. A noter, les 24 et 25 janvier, le spectacle sera joué en arabe, surtitré en français.

Enfin, une association, les Amis du théâtre Les Ateliers (ADTLA), a vu le jour le 23 octobre 2013 : http://lesamisdesateliers.wordpress.com/.

Voilà.

 

Emma Ravot