fantazio-312 1Cela fait bien longtemps que Fantazio se joue de sa contrebasse dans des lieux les plus divers (cafés, cabarets, clubs, cirques, galeries, squatt). Contrebassiste de l’endurance et chanteur fou, il est de retour, pour ceux qui n’aurait pas eu la chance de le voir, Immanquable, de la création à l’état pur… Il défend l’improvisation, ne le surnomme t’on pas l’homme aux doigts défoncés tant il a les doigts abîmés à force de frapper sur les cordes de sa contrebasse rafistolée avec du scotch. De Paris à Brighton, en passant par Vesoul, Berlin ou Tokyo, la voix parfois sur aigüe à la limite de la rupture. Fantazio c’est du free jazz, « mi-crooner » américain des 50, adepte du spoken word situationniste, un contrebassiste punk de squat, un illuminé qui éructe dans un micro, tout ça avec une apparence de mec sympa, ouvert à toutes les expérimentations sonores et artistiques. Porté par le milieu underground, il écume les squats artistiques, et salles. Même s’il s’est calmé, il n’est pas rare qu’il traverse le pays à raison de trois à quatre concerts par semaine.
Après chaque concert on se désole de le quitter, même si il est 2 heures du mat ! On se console en se disant qu’on retrouvera bien la trace du Fantazio.

Pour lui la musique populaire est à l’arrêt : « J’ai l’impression que tout est figé, immobile, épuisé, que la grande histoire musicale s’est arrêtée. Tout le monde pioche dans ce qui a déjà été fait ; on est toujours dans l’influence, dans le questionnement par rapport à un positionnement. Dans ces conditions, la musique populaire s’échappe toujours, parce que c’est quelque chose que tu ne peux pas attraper ou palper. Elle est là, endormie, dans le cœur de gens. C’est tout sauf un mélange scientifique. Je trouve hallucinant qu’il existe des écoles de jazz, qu’on forme des gens à faire une musique par définition sauvage et spontanée. Les festival de musique sont aussi des lieux qui me déplaisent profondément, où toute idée de création a disparu, s’est annihilée. « Mais pas tous, la preuve, il revient très souvent au festival d’ Aiguebelette en Savoie, question d’ambiance mais aussi de vie.

Comme il le décrit si bien « Ni animations, ni concerts… Juste à l’affût de ce qui se passe. Pendant des années, je me suis appliqué à surgir dans des lieux où l’on attendait personne : bars, carrefours, restaurants, cages d’escaliers, appartements… ; avec une contrebasse, des rythmes si simples, et les quelques voix qui sortaient du ventre plus ou moins spontanément. J’ai appris alors que dans la ville tout est à sa place, mais que la musique n’a pas de place en soi : elle doit voyager, surgir et, tant qu’à faire là où on l’attend le moins. » Alors pourquoi ne pas s’échapper dans la caravane éléfantazio ».

En post Fantazio et son complice Julien Boudart ont ouvert une radio dans les studios d’arte. Une vraie radio, avec un reportage sur un bar SM en Ukraine, des jingles maison et des chroniqueurs mondains. Avec les impros de Fantazio et les chansons de Julien, avec contrebasse et synthés analogiques. Première émission : à peine ouverte, Radio-Fantazio est victime d’un putsch slave. Un ovni vous dis -je.

 

DJ Pompidou

 

Fantazio (Contrebasse/chant) et Benjamin Colin (percutionniste / jouets pour adultes) Jeudi 17 et vendredi 18 avril Salle des Rançy à Lyon.