En Mai…

Fais ce qu’il te plait. En commençant par te pointer à la Coopérative du Zèbre ce mercredi 16 !

À l’occasion de la parution du livre Lyon en lutte dans les années 68Lieux et trajectoires de la contestationet d’une superbe exposition d’affiches de mai ’68 ; la Coopérative vous propose effectivement un débat captivant avec Lilian Mathieu (sociologue, spécialiste des mouvements sociaux) et Gilles Maignaud (commissaire d’exposition et grand témoin des années 68 susmentionnées).

 

Concernant le livre, saluons tout d’abord le résultat d’un travail titanesque étalé sur quatre ans ; primo d’entretiens avec les acteurs et/ou témoins de mai – juin ’68, secundo de traitement d’archives aux sources diverses et variées (visuelles, sonores, écrites ou bien ancrées en souvenirs) et bien sûr de rédaction. L’œuvre du « collectif de la Grande Côte », sous l’égide justement de notre camarade Lilian Mathieu, avec François Alfandari, Sophie Béroud, Laure Fleury, Camille Masclet, Vincent Porhel et Lucia Valdivia. Tou(te)s chercheurs – ses en sciences sociales entre Lyon et Lausanne. Ou bien.

Les années 68 ? Oui parfaitement. Pour évoquer une décennie qui changea beaucoup de choses en France, suite à la « synchronisation d’une multiplicité de crises latentes dans différents univers sociaux » selon Pierre Bourdieu. À Lyon ? Cité réputée bourgeoise et timorée ? Et pourtant… C’est bien toute l’agglomération qui s’embrasa, notamment en raison des « spécificités de son paysage contestataire, marqué par le poids du catholicisme social et l’ancrage de sa tradition libertaire » comme le souligne Lilian Mathieu. Une décennie qui bouleversa ainsi la ville dans sa chair. De la grève de la Rhodiacéta en 67 (quatre sites dans la région : Péage-de-Roussillon, Vénissieux, Vaise et St Fons) à la nuit Ras le Viol organisée en juin 78 au centre Pierre Valdo, en passant par révolte des prostituées en juin 75 à Saint-Nizier, la scission entre les universités Lyon 2 et Lyon 3 en 73, « l’affaire des Tables Claudiennes » en 71, ou bien la mort du commissaire Lacroix le 24 mai 68, à l’angle de Lafayette et Liberté, devant les yeux ébahis de ma mère. Véridique ! Mais je ne peux totalement en attester puisque je fréquentais un landau à l’époque…

 

Ainsi, « à l’opposé de sa réputation de cité frileuse et pondérée, Lyon se révèle comme un extraordinaire terrain de ­radicalité sociale et politique… ». Multiplicité des lieux, des acteurs, des enjeux et des luttes. Qui foisonnent au tournant des années 60. Tout un chacun se retrouve ainsi pour le droit à l’avortement et contre la guerre du Vietnam, pour le Larzac et contres les cadences infernales, pour l’université Populaire et contre « la voix de son maître », pour l’abaissement de la majorité (qui passera à 18 ans en 74) et contre l’impérialisme sous toutes ses formes, contre les violences faîtes aux femmes et pour l’abaissement de la durée du travail, contre le fascisme et les matraquages policiers et pour la construction d’une station de métro place Croix Paquet… Etc.

in : Fonds Georges Vermard, 323-012.

Un ouvrage riche en trajectoires, qu’elles soient collectives et parfois individuelles, à travers ces années qui ont bouleversé, au-delà de l’agglomération lyonnaise, la (f)Rance à papa et le monde tout entier. Avec des répercutions et autres secousses évidemment encore ressenties aujourd’hui. Un livre ou plutôt un pavé… « d’où émerge une mémoire de cette période fondamentale pour la compréhension de la société actuelle ». Je vous invite ainsi à le lire fiévreusement, avant de vous en servir éventuellement pour écraser la tète d’un macho néo conservateur raciste de votre choix. Amen.

Post-scriptum : on vous a rajouté en tête de gondole la photo d’une inscription récemment débusquée sur un mur des pentes de la X Rousse, qui pourrait accessoirement vous donner des idées. Bien que les époques soient complètement distinctes et bien que les revendications actuelles des étudiants et des grévistes du secteur public différent de celles de leurs aînés ; toute similitude 50 ans plus tard avec un ordre politique à changer, une protection sociale à défendre et avec des donneurs de leçon ultra libéraux à bâillonner, semble néanmoins salutaire en ce joli moi de mai.

À bon entendeur…

Laurent Zine     

 

Lyon en lutte dans les années 68

Collectif de la Grande Côte

Presses Universitaires de Lyon

424 pages / 20 €

 

Et dans le cadre du festival

La Fabrique du Livre de la fragilité des utopies (1968 – 2018)

Rencontre – débat avec Gilles Maignaud et Lilian Mathieu

Le mercredi 16 mai à la Coopérative du Zèbre

Entrée libre.