CACHEZ CE SEIN QUE JE NE SAURAIS VOIR ….


dada-rock-roll-guerilla-1 1C’est le bruit d’une cavalcade. Avec au programme, forcément des larmes et de la sueur partagées. Indignement abandonnée depuis trop longtemps, la chronique Dada Rock & Roll Guérilla , comme son nom peut vous l’indiquer, est une missive aléatoire mixant à l’envi music & politics  ; selon l’humeur du moment, selon l’état de délabrement avancé de ce super monde moderne, et selon la fréquence des vagues amplifiées tsunamiques qui égayeront bientôt nos yeux et nos oreilles. Mais avant de vous donner rendez-vous dans quelques concerts triés subjectivement sur le volet, j’ai choisi dadaïstement de vous parler des Femen et plus spécialement des Seins des Femen, qui ont « sacrément » défrayé la chronique (ton patriarche) en cette année 2013.

Focus sur Les Seins dans un premier temps, pour simplement rappeler à tout un chacun qu’il est quasiment né avec un téton dans la bouche, quel que soit l’endroit où l’on se trouve sur cette planète qui certes, tourne à l’envers. Et sans qu’il soit jamais question pour moi de cantonner ces seins à l’unique fonction maternelle. Les seins, depuis toujours attributs de la féminité, de la liberté et sûrement de la beauté contemplative ; les seins dessinés, rêvés, représentés, peints, figurés (etc.) depuis l’âge des cavernes jusqu’à aujourd’hui, en passant par la Marianne de Delacroix  : la liberté guidant le peuple ! Les seins nus, artistiquement placés au Panthéon, synonymes d’émancipation politique à travers les siècles et pas seulement en 1968.

dada-rock-roll-guerilla-1 2Question numéro 1 : sont-ce les seins nus ou bien les pulsions masculines incontrôlées qui posent historiquement problème ?
Les Femen ensuite, qui ont ainsi beaucoup fait parler d’elles, en montrant à diverses occasions leurs corps nus peinturlurés de slogans, et donc leurs seins… Notamment en février dernier dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, afin de « fêter la démission du Pape« . Et j’avoue d’emblée que j’avais également envie de fêter ça : Give ’em enough Pope comme disait le Clash en son temps.
Et puis, toujours l’hiver dernier, les Femen se sont déguisées en bonnes sœurs lors d’une manifestation des ultras cathos de Civitas contre le mariage des personnes de même sexe. Il leur ainsi fallu beaucoup de courage et en l’espèce elles l’ont payé très cher, puisque certaines se sont fait méchamment tabasser par quelques brutes épaisses, encouragées par un gentil abbé qui hurlait « prouvez votre virilité« …

Depuis ces deux actions, les commentaires acerbes concernant les Femen ont fusé bon train, et pas seulement du côté de la « presse de droite conservatrice et réactionnaire » ; j’ai ainsi entendu parler de : provocations gratuites, d’attitudes choquantes envers les fidèles, et de « tyrannie sexiste » en version féministe d’un nouveau genre. Voire même de « mode de revendication antidémocratique« …
Non, sérieusement ?

Question numéro 2 pour les fidèles et les autres.
Qu’est-ce qui est le plus choquant : des femmes montrant leurs seins dans un lieu de culte ou bien un pape qui tait des affaires de pédophilie ? Comme il a historiquement tu les liens de son église avec le nazisme. Si ce n’est que la logique de l’alcôve est implacable : ce qui s’y passe doit à tout prix rester secret.

Question subsidiaire. Qu’est-ce qui est le plus choquant : des filles qui se déguisent en bonnes sœurs délurées revendicatrices ou bien des intégristes religieux qui leur cassent les dents, et qui surtout encouragent ou à tout le moins tolèrent, que des femmes soient violées (ni plus ni moins) à partir du moment où leurs jupes sont trop courtes et/ou leurs décolletés trop plongeants ? Comme c’est le cas actuellement dans certains courants évangélistes aux USA, et malheureusement bien sûr ailleurs.

Voilà bien le problème avec les Femen : elles ont l’audace de se réapproprier ouvertement leur corps ! Et ce, contre l’avis des patriarches, toutes religions confondues. Oui, parce que concernant le corps et particulièrement celui des femmes ; les barbus de tous poils, habituellement toujours prêts à partir en croisade les uns contre les autres, sont pour une fois d’accord. Le corps de la femme, démoniaque au possible, renvoie à un droit immuable de propriété collective, incluant nombre d’interdictions qui s’appliquent partout sauf dans les alcôves… Vous noterez au passage que les biens matériels (et non humains) de l’église (des églises) sont bien sûr de nature et de propriété privées. Mais rassurez-vous, à ce rythme-là de régression de l’humanité, ce sera bientôt le retour de l’inquisition en version multi confessions, et l’on brûlera ces sorcières en même temps que les livres, sur la place publique.

dada-rock-roll-guerilla-1 3Pour celles qui auraient ainsi quelques velléités pour aller danser dans les cathédrales à la mode Pussy Riot , c’est le bagne assuré, ou à défaut, la lapidation, selon les us et les coutumes du pays concerné. Il importe avant tout que la morale soit sauve. Une morale qui aura pourtant plongé (et plonge encore) l’humanité, dans l’obscurantisme le plus absolu. Et tant pis finalement si à la prochaine guerre de religions, le corps des femmes sert une nouvelle fois d’exutoire à des colonnes blindées.

Quant aux Femen, savoir si elles ont tort ou raison n’a que peu d’importance aux yeux des commentateurs comme des passants honnêtes, et évidemment aucune à ceux des inquisiteurs ; leur façon de faire est blasphématoire et cela suffit pour les damner de la terre. À moins qu’elles fassent éventuellement amende honorable en retournant à leurs fourneaux et/ou à l’élevage de la progéniture humanoïde. Cachant ces seins que nous ne saurions voir.

C’est à ce moment-là qu’une chanson du groupe OTH me revient en mémoire ; celle dont le refrain me susurrait à l’oreille : « mon seul plaisir c’est le blasphème » !! Et j’en viens naturellement au concert qui, considérant la teneur de cette chronique, me semble on ne peut plus approprié en ces temps lumineux au possible : le groupe Frustration (new wave punk minimaliste et jubilatoire) jouera ainsi au Marché Gare le 18 octobre prochain.
J’aime in fine à penser que « la musique adoucit les mœurs« , mais concernant les barbus suscités, j’ai peur que ce ne soit pas gagné d’avance.

Laurent Z