Bonjour chez vous, les Zébrés et les Z’autres.
Bonjour surtout à tous « les autres », aujourd’hui plus que jamais assignés dans « l’enfer c’est les autres ». Une appréciation désormais suremployée au 1er degré et conjuguée à toutes les sauces de l’air du temps. Chacun étant ainsi instamment prié de s’identifier en se différenciant. Des autres. Cibles mouvantes de tous les maux. Individuels ou sociétaux. Et si nous avons un problème, c’est forcément que « les autres » en sont à l’origine. Au hasard : les mondialisés, les étrangers, les européens, les voisins, donc les autres. Merci pour eux. À des kilomètres du « si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichies », que l’on apprenait à l’école. Enfin bref, bonjour chez les autres et spéciale dédicace à señor météo, qui entre-temps s’amuse à brouiller les pistes et les fréquences.
Et c’est vrai qu’il fait tellement beau depuis des lustres que j’avoue avoir moyennement envie de vous causer de l’actualité qui, à l’instar du temps embringué dans le tourbillon du réchauffement, s’est mise à dérailler complètement. Et pas seulement lors des Municipales. Quoi qu’il en soit, plus personne n’a le « temps » de réfléchir et de s’informer autrement que rapidement ; alors autant focaliser sur la météo : cela pourrait même devenir le seul et unique sujet « de société » susceptible de mettre tout le monde d’accord. Encore que…
Mais voilà qu’au beau milieu de cette météo exagérément consensuelle, il y a toutefois une dépêche qui m’a disons un peu titillé ; une dépêche pourtant passée un peu inaperçue et sûrement comme toutes les dépêches sur tous les écrans. Ainsi l’actuel président rwandais, personnage certes controversé, a accusé la France et la Belgique d’avoir de grandes responsabilités dans le déclenchement et dans le déroulement du génocide, dont on commémore en ce mois d’avril le triste 20e anniversaire. Je ne m’étendrais pas sur le sujet mais je ne peux néanmoins m’empêcher de trouver bizarre que de telles opinions et de telles informations (à vérifier) ne commencent à filtrer que vingt ans plus tard… On se plait fréquemment en France à disséquer la chape de plomb chez les autres , celle qui entoure par exemple l’information dans des régimes dits autocratiques (au hasard : la Russie) et on a sûrement bien raison ; on oublie souvent en revanche de balayer devant notre porte.
Et en parlant de dépêche, en voici une autre : « En janvier 2014, la France était condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour la lenteur d’une des procédures judiciaires à l’encontre des présumés génocidaires rwandais venus s’installer dans l’Hexagone ».
Oups… C’est tellement plus facile quand ça se passe chez les autres, abonnés ici que nous sommes à la « mémoire courte ».
À propos de mémoire et pour revenir dans une jungle bien de chez nous, je vous rappelais il y a peu que le Zèbre était bicéphale à tendance schizophrène, avec un œil en rédaction et l’autre dans le four de la cuisine de la Coopérative. Le Journal et la Coop, deux entités qui fonctionnent de concert et qui regardent dans la même direction. Avec une vraie liberté de ton et de recettes.
Ainsi, Corinne Soulanet Bonnéric, âme de la Coopérative, a-t-elle décidé il y a deux mois de s’engager dans « la bataille des Municipales » sur la liste de NPG dans le 1er arrondissement de Lyon. Une liste qui a finalement gagné au 2e tour, contre ce qui me semblait s’apparenter à la « logique des appareils », avec les discours remâchés de pure politique politicienne qui vont avec. Alors bravo (!) même si l’on sait bien que le plus dur reste à venir : dès lors qu’il s’agit d’appliquer un programme… Reste quoi qu’il advienne la façon de faire, plutôt inhabituelle lors d’une campagne électorale, encourageant les citoyens à prendre la parole sans vergogne et à réinventer ainsi un tant soit peu la démocratie directe.
Il n’en demeure pas moins que le choix de Corinne est le sien et pas forcément celui de la rédaction, qui demeure « non domesticable et non alignée », comme je vous le rabâche depuis des mois. Vous en avez peut-être rien à cirer, mais il était juste pour moi important de le rappeler.
Une rédaction qui aujourd’hui évolue comme un collectif à géométrie et à opinions variables, et qui avance groupée comme un pack de rugby paré pour le Crunch. Une rédaction qui se prend la tronche parfois, rigole au-delà du raisonnable continuellement, cherche les chemins de traverse souvent, et qui finalement reste ouverte. Ouverte également à vous si tant est que vous avez envie de prendre la plume. Avant le goudron. À bon entendeur…
Mais voilà qu’une terrifiante info de dernière minute tombe en ce moment même sur nos écrans : des scientifiques découvrent que les rayures des zèbres ne sont pas noires, mais blanches ! (http://www.legorafi.fr/2014/04/09/des-scientifiques-decouvrent-que-les-rayures-des-zebres-ne-sont-pas-noires-mais-blanches/)
De là à penser que la philosophie occidentale doit entièrement revoir sa copie et que « nous sommes les autres »…