Cellules de crise ?

+ « Petit guide pas du tout objectif des disquaires lyonnais »

Je me suis jeté corps et âmes (le mec exagère pas du tout…) dans ce projet de « guide des disquaires lyonnais », un truc qui traînait depuis un moment, typiquement le genre de truc qu’on fait lors d’un confinement : finir les choses entamées. Bref, agrémenter ce « petit guide pas du tout objectif des disquaires lyonnais » par quelques interviews de gens concernés, ça me paraissait être une bonne idée… Mais j’étais loin de me douter qu’ils (tiens, ça manque de filles dans ce métier, nan ?) me répondraient tous !! Heureusement que je n’ai pas été objectif et n’ai demandé qu’à ceux que je fréquente : un peu ou beaucoup selon…

Je m’explique : En fait, à chaque fois que je vais dans une autre ville ou un autre pays et que je cherche les disquaires c’est toujours un peu galère. Ouais, on trouve des trucs, mais les seuls trucs qui aiguillent, ce sont les commentaires, avis des gens… ou bien un site qui fait son « guide des meilleurs disquaires », son top 5 des « meilleurs disquaires » etc. C‘est jamais très objectif. Ceci dit, le mien risque de ne pas l’être non plus…

Il faut recenser tout ça et faire en sorte qu’on tombe sur ce truc là, en tapant «  DISQUAIRE, LYON »  ou bien MAGASINS DE DISQUES LYON » ou même « RECORD STORES LYON » « TIENDAS DES DISCOS LYON » etc.  Je sais pas comment on fait ce genre de trucs et j’en ai même rien à foutre mais il faut qu’une liste soit disponible, même en français, que les gens ne passent pas à côté d’un truc qui leur plairait. Par exemple, en ce moment, si vous cherchez sur le net, vous allez tomber sur un article qui dit « aujourd’hui c’est le disquaire day, le jour préféré de tous les diggers » ou je sais pas quel connerie… Nan mais sérieusement ? Le disquaire day ? Que ça file un coup de main aux disquaires je veux bien, mais les gens (c’est quoi ce terme « diggers »? ah ah !!) qui aiment la musique enregistrée sur support physique ne se retiennent pas toute l’année en attendant le disquaire day !! Je veux bien croire que j’ai pas les mêmes envies que les autres « diggers » mais là, on vit vraiment pas sur la même planète (disques). Pardon, mauvais jeu de mot… De toute façon, je traîne de moins en moins dans les magasins, j’ai de moins en moins le budget et définitivement trop de disques. J’en ai bien moins que plein de gens que je connais mais disons que, dans ma vie, y’a plein de fois ou je me dis : « nan mais c’est débile d’avoir tout ça, à quoi bon ? » Et puis en fait, je suis sans arrêt en train de chercher des nouveaux (entendez « vieux » aussi…) trucs à écouter, et donc parfois à vouloir les acheter parce que j’ai grandi avec les disques. Je télécharge beaucoup de trucs, j’écoute beaucoup de trucs sur le net, mon téléphone etc. mais en fait, je suis attaché à ce format. LP, K7 mmmhh CD plus trop, plus du tout même… Mais ce qui est censé être l’introduction d’un éventuel guide des disquaires lyonnais commence à muter dangereusement en un état des disquaires en tant de crise puisque bon, pour le guide, vous allez attendre en fait… C’est plus aussi pressé finalement…

J’ai donc contacté quelques personnes qui manipulent du disque toute la journée afin de savoir comment ils s’en sortaient, comment on pouvait les « aider ». Tous ceux que j’ai contacté m’ont donc répondu, si vous voulez mon avis, en ce moment y’a moyen de devenir journaliste, tout le monde est disponible pour une interview !

Voici la liste des lieux, magasins ou personnes que j’ai prévu de mettre dans cet éventuel « guide des disquaires lyonnais tiendas de discos LYON record stores » mais là pour l’instant, pour parler de disques et de confinement, y’en a que 7. Merci à eux.

1. Dangerhouse est un des plus anciens magasins de disques lyonnais (j’imagine que le plus ancien doit être Bouldingue?) Je ne me souviens pas de cette ville sans Dangerhouse. Plus jeune, je faisais le tour des disquaires et c’était Silvertone, Mazurka, Dangerhouse. Les trois dans le même périmètre. De ces trois, il ne reste que Dangerhouse. Plus on avance dans le temps, plus y’a de disques à Dangerhouse, et Bruno a toujours plein de trucs à raconter, pour notre plus grand plaisir :

Comment ça se passe concrètement ce confinement pour vous?

Niveau boutique :

Dangerhouse est fermé depuis le 14 mars au soir… Après discussion avec Manu qui s’occupe de la VPC, nous avons aussi décidé de fermer les boutiques Discogs et Ebay… Cela paraissait cohérent, d’une part pour ne pas mettre en danger les gens obligés d’intervenir dans la chaîne d’acheminement des colis (guichetiers, transporteurs, livreurs, facteurs qui pour la plupart n’ont pas eu d’autre choix que de continuer à bosser sans aucune garantie sanitaire de la part de leurs employeurs), mais aussi d’éviter les galères de colis coincés en camions ou entrepôts tant que l’on a aucune visibilité quant à une date de reprise assurée du fonctionnement des modes de livraison… Par expérience, on sait qu’un colis qui passe plusieurs jours (voire semaines) de trans-bahutage et de stockage dans des lieux différents et dans des conditions aléatoires le vit très mal… Donc, on a préféré la solution radicale de l’arrêt total de la VPC.

Je passe à la boutique à peu près une fois par semaine pour checker que tout va bien, relever le courrier, récupérer les documents bancaires et administratifs nécessaires pour justifier ma situation auprès de ma banque et des services fiscaux… Après avoir reculé pendant pas mal de temps, je me suis décidé à faire les dossiers d’aide aux indépendants… Ce n’est pas de gaieté de cœur (et plutôt contraire à mes modes de fonctionnement), mais quand plus rien ne rentre, tu as beau avoir une gestion saine et un peu (très peu) de tréso, il n’y avait pas d’autre alternative pour assurer la survie de Dangerhouse si cette situation était amenée à durer.

Ces visites hebdomadaires sur les lieux sont très difficiles affectivement… La boutique existe depuis plus de trente ans par son brassage sonore, son bordel ambiant, le défilé des potes, les discussions, les sourires, les colis qui rentrent et les sacs qui sortent, et c’est évidemment la première fois qu’elle subit une fermeture aussi longue et imprévisible… Elle est restée figée telle qu’à la fermeture il y a plus d’un mois, et il s’est installé une ambiance d’une tristesse infinie, palpable, et très dure à supporter.

Niveau personnel :

Très bien, on a la chance de vivre dans un quartier cool (Villeurbanne Gratte-Ciel), d’avoir un logement assez confortable, un balcon et les moyens de survivre de manière décente… C’est un luxe infini, et les coups de blues que le confinement peut amener inévitablement ne sont rien par rapport à ce que vivent certaines familles… Autre coup de bol, j’ai un chien à promener, ce qui me permet de sortir deux fois par jour en respectant les gestes safe à maintenir… Le web nous permet aussi d’avancer très vite sur les prochaines sorties du label, on peut travailler à distance sur le son et les pochettes, demander des devis, on essaie d’optimiser tout ce temps… Nous ne sommes pas à plaindre, définitivement.

Quel impact cela a ?

Voir éléments plus haut quant au paramètre économique… Sur les disques neufs, nous payons nos distributeurs en général à 30 jours… Les livraisons arrivées entre février et début mars n’ont pas eu le temps d’être vendues, et n’ont donc pas généré de recettes permettant d’honorer ces factures…

On a pris toutes les dispositions pour aménager (ou suspendre) les prélèvements bancaires, pour l’instant les fournisseurs et les organismes divers (assurances, téléphonie, électricité, impôts…) sont assez compréhensifs. Crossed fingers.

Quel impact cela pourrait avoir ?

Une mise en danger évidente des structures les plus fragiles… Même avec des aides, le réseau indé est extrêmement vulnérable, et n’a pas les reins suffisamment solides pour encaisser un coup pareil… L’impact négatif est la façon dont les majors de la vente par correspondance sont en train de se gaver, la plupart du temps au mépris le plus total du droit du travail et de la sécurité de leurs employés. C’est un beau cadeau dont ils profitent largement sur le dos des disquaires, libraires et toutes autres structures indépendantes qui sont à l’arrêt…

La situation du circuit live est également dramatique, artistes, disquaires, clubs, labels, tourneurs, intermittents, nous sommes tous liés dans nos activités. La suppression totale des programmations sur plusieurs mois pourrait provoquer une hécatombe pour tous les niveaux d’activités artistiques.

Par contre, l’impact positif pourrait être que, dès le retour à une situation normale, les consommateurs intensifient le recentrage de leurs achats sur les circuits locaux, une tendance qu’on avait déjà constatée sur les derniers mois. Les indépendants pourraient alors à moyen terme revenir à l’équilibre…

Comment peut on soutenir ?

En ne nous oubliant pas à la Libération !… Trêve de plaisanterie, ce sera très dur de retrouver le niveau d’activité d’avant Covid 19 (qui n’était déjà pas très reluisant). Au modeste niveau de Dangerhouse, mais aussi pour le label, j’ai été bouleversé par le nombre de mails et de coups de fil de soutien de la part des habitués (et pas que), proposant des achats prépayés, des virements de soutien, des aides diverses (jusqu’aux dons) pour que l’on puisse sortir vivants de cette galère… Dans l’immédiat, nous avons décidé de ne rien encaisser avant la reprise de l’activité, mais on a eu énormément de commandes fermes, de promesses d’achats et d’engagements sérieux pour que ça nous aide à repartir à bloc, c’est incroyablement fortifiant.

Quel disque tu écoutais avant de fermer ?

La dernière semaine avait été marquée par la sortie du Lp de Human Impact qui a tourné en boucle (je crois qu’il est d’ailleurs toujours posé sur la platine de Dangerhouse !), le repressage du Rowland S.Howard avait aussi été la bande son du moment, tout comme le premier simple des François Premiers du Havre.

Et maintenant ?

Beaucoup de Bandcamps de labels et d’artistes pour farfouiller et découvrir… De manière plus décontractée, pas mal d’exploitation mainstream latino/hispanisante (Dario Moreno, Trini Lopez, Ricardo Ray…) jusqu’à la frange opérette comme Luis Mariano (!)…

Et à la ré-ouverture ?

« Free Again » d’Alex Chilton.

Toutes les sorties du label Dangerhouse Skylab sont en écoute ici :

https://dangerhouse.fr/skylab.php

Et Dangerhouse, c’est au 3, rue Thimonnier 69001 Lyon.

 

Exemple de ce qu’on peut faire avec les disques Dangerhouse Skylab

2. L’été dernier, ma copine me dit : « ah t’as vu ? y’a une nouveau disquaire qui a ouvert, en face de la mairie  du 1er, à coté de l’arrêt de bus «  Perso, je passe tous les jours devant et je n’ai rien vu alors je dis ah bon ? Sérieux ? Ça s’appelle comment ? » « Ah bah je sais plus, Régis Disques ?? » « Ah ah ah, Régis Disques, nan mais c’est pas possible ». Bah non, c’est pas possible mais elle était pas si loin, merci à elle. Le magasin s’appelle Reglis Records, c’est à la place de la toute petite épicerie si je me trompe pas. Entre le bar à chicha et le tatoueur qui bossait avec Frank Tatoo avant. Dès le lendemain, j’y suis passé. Que de l’occasion, à des prix cools, y’a de quoi fouiner et évidemment j’ai acheté quelques disques dont ce fameux disque de Pearl Harbour & the Explosions. Et vous savez quoi ? Le gars est super sympa… et il s’appelle Régis !!

Comment ça se passe concrètement ce confinement pour toi ? Niveau boutique et niveau personnel. Quel impact cela a et cela pourrait avoir ? Comment peut on soutenir ? Quel disque tu écoutais avant de fermer ? Maintenant ? Et à la ré-ouverture ?  

Pour moi ça va, la boutique est fermée évidemment, je vends un peu sur le net et je travaille dans mon local et deux fois par semaines au magasin, du rangement et des trucs comme ça. L’impact ça peut être malheureusement une fermeture du magasin même s’il faut rester positif ; c’est un commerce un peu spécial où il n’y a que des passionnés ; si tu veux faire de l’argent, tu n’ouvres pas un magasin de disques même si c’est un peu la mode du vinyle depuis quelques années ; donc quand ça marche, cela veut dire que tu tires un salaire correct c’est déjà super ; donc dans un contexte de crise, c’est compliqué pour tout le monde et surtout pour les petits comme nous.

Pour nous soutenir mais ça c’est de tout temps, c est de venir nous voir plutôt que les grandes enseignes ; tu viens au magasin, on discute toujours musique, on partage un moment, après t’achètes ou pas c’est pas le problème ; c’est quand même mieux que d’aller dans un super marché du disque.

Bien sur tout ça après le confinement.

Autrement j ai touché 1500 euros de l’État et j’aurais peut être une aide de la région

J’écoute globalement du blues comme d’habitude avant pendant après ; contrairement a ce qu’on dit, ça met la pêche et de bonne humeur.

 Et tu peux me dire plus précisément en blues qui tu écoutes?

En fait j’écoute de la musique afro américaine en général même si j’écoute de tout; et tout style de blues, du Delta blues, swamp blues, Chicago blues, soul blues etc… 

Vous pouvez matez une partie (13 000 et quelques quand même…) de Régis sur Discogs, son nom de vendeur est reglisblues 

Reglis Records c’est 7 rue du Jardin des Plantes 69001 Lyon.

 

Disques et K7 de Mutant qui s’autopromotionnent !

3. Mais il n’y a définitivement pas que les boutiques de disques pour en trouver, et que ce soit par correspondance ou sur des lieux de concerts, il restera toujours des gens pour proposer des disques de cette manière là. Vincent (qu’on peut appeler Panpan) jouait dans Lexomyl, Télécommande, Pizza OD, aujourd’hui joue dans Faux Départ, fait le zine Psycho Disco avec Alex Ratcharge avec qui il fait aussi le label Cool Marriage, et il a aussi son propre label : Mutant, qui est aussi le nom de sa distro.

Comment ça se passe concrètement ce confinement pour toi ? Niveau boutique (vivement la boutique Mutant !!) et niveau personnel.

Ma distro est petite, c’est un loisirs qui pourra attendre sans problème la fin du confinement. Je ne passe pas de commande, je ne fais pas d’échange et je ne veux pas envoyer de disques non plus (de toute façon, je n’ai désormais plus de bureau de poste dans mon périmètre de 1 km, le dernier a fermé récemment et il va falloir désormais que j’aille faire la queue au Franprix si je veux envoyer un colis. J’suis dég’!). Du coup, on est plutôt à mettre des disques de côté ou programmer un échange pour après. C’est un temps mort qui me permet de faire d’autres choses autour de la distro et du label. Par exemple, j’ai déménagé mon bazar dans une autre pièce. 

Comment peut on soutenir ?

Je n’ai pas besoin de soutien.

Quel disque vous (eh oui, de base, j’ai vouvoyé tout le monde, au cas où ils soient plusieurs) écoutiez /ez/erez avant de fermer ? Maintenant ? Et à la ré- ouverture ?

J’écoute la démo de Scimmia et le 12″ Zone Infinie et j’écouterais le nouvel album Litige quand il sera disponible. Je fais des mixtapes, ça me fait écouter des vieux trucs tout en étant très chronophage, c’est idéal ! Et puis je venais de sortir les disques de Doctrina (genre Husker Dü/Wipers), de Culebra (genre Punkrock 77 avec synthé) et de Faux Départ. J’avoue que j’avais pas mal la tête là-dedans aussi.

Les disques, K7 et fanzines dispos par l’intermédiaire de Mutant, c’est là :

http://mutantrecords.blogspot.com/

y’a les news du label très intéressantes avec des interviews en ce moment, et tout en haut c’est marqué « distro complète ici »

Et pour écouter ses dernières sorties de label, c’est là :

https://doctrina-punk.bandcamp.com/releases

https://andaluciauberalles.bandcamp.com/album/culebra-lp

https://fauxdepart.noblogs.org/

4. Retour aux boutiques… Sofa m’a fait un peu flipper au tout début (y’a… 20 ans?), pas assez bordélique peut-être, trop clean ? Bon, toujours est-il que c’était une grosse erreur de ma part puisque bien au contraire, le magasin n’en est que plus agréable. Je vais pas très souvent à Sofa parce que, comme chez beaucoup de disquaires, je trouve toujours un truc. Mais peut être encore plus chez Sofa, car, je sais pas, c’est peut être l’éclectisme comme je l’aime après tout…

Comment ça se passe concrètement ce confinement pour toi ? Niveau boutique et niveau personnel. Quel impact cela a et cela pourrait avoir ? Comment peut on soutenir ? Quel disque tu écoutais avant de fermer ? Maintenant ? Et à la ré-ouverture ?  

Bon comme on est un commerce non essentiel on est fermé depuis le premier jour. On a décidé aussi de fermer les ventes internet, se disant que venir tous les jours pour quelques ventes ne serait pas raisonnable ni pour nous ni pour les transporteurs ou postiers… Voila donc tout s’est arrêté net en terme de boulot. 

Et cerise sur le gâteau, nous allions sortir une compilation dédiée au rai (d’artistes ayant enregistré à Lyon) le 27 mars fruit d’un long labeur! MAGHREB K7 CLUB coréalisée avec nos potes de Bongo Joe (Genève). Autant te dire que les disques sont tranquilles au frais dans mon garage. Mais si reprise il y a, nous serons chauds de la proposer à la terre entière car elle est mortelle!!

Voila pour les news professionnelles avec son petit lot de démarches administratives pour gérer le chômage, gel des prêts et tout le toutim.

Personnellement je suis pas a plaindre, je vis à l’extérieur à la campagne ; en famille, donc un confinement plutôt nature avec évidemment son lot de moments de doutes et de moins bien. L’occasion aussi de faire le ménage dans mes disques, d’écouter de la musique trad française (chose que je voulais faire sérieusement depuis longtemps), toujours du jazz et évidemment notre nouvelle compile MAGHREB K7 CLUB.

Nous soutenir, finalement c’est comme avant ; acheter en conscience, nous faire confiance, au-delà des disques nous défendons une certaine idée du commerce de centre ville, non franchisé, subjectif .

Je sais pas encore ce que j’écouterai à la réouverture et je préfère pas y penser. Sûrement cette compile que mes partners n’ont toujours pas tenu en main!

https://lesdisquesbongojoe.bandcamp.com/album/maghreb-k7-club-synth-ra-chaoui-staifi-1985-1997 

Voilà l’adresse physique de Sofa records, 7 rue d’Algérie 69001 Lyon. Pour le net, c’est www.sofarecords.fr 

Exemple de ce qu’on peut faire avec des disques Sofa

 

5. La Luttine est ce qu’on appellerait dans « le milieu » un « infoshop », comme il en existe dans d’autres villes, mais c’est un peu plus que ça comme le collectif l’explique plus loin. La Luttine comme je la connais, c’est un local à la Guillotière ouvert le samedi de 14 à 18h (bon, y’a des fois ça ferme plus tard hein…) avec des gens (un peu), du café (beaucoup), des canapés, plein de disques et de fanzines de plein d’endroits différents à des prix défiants toutes concurrences.

Comment ça se passe concrètement ce confinement pour vous ? Niveau Luttine et niveau personnel.

Niveau Luttine on est au point mort, les différentes activités sont en stand-by. Pour les personnes qui ne connaissent pas le lieu, en temps normal il y a notamment un atelier de sérigraphie, une permanence juridique de soutien aux sans-papiers le lundi, une récente permanence « précaires » le vendredi, et une permanence distro/ infoshop le samedi. Plus spécifiquement au niveau de la distro, vu qu’on ne fait pas de VPC, l’activité est au point mort. Après comme la Luttine est un espace non-profit, où personne n’est rémunéré pour rien, ça n’impacte heureusement personne niveau économique. Et niveau personnel, c’est dur de répondre vu qu’il y a quand même pas mal de monde qui brasse dans ce lieu. De ce qu’on entends à droite à gauche, certain·e·s vivent ce confinement comme des vacances, d’autres comme une sorte de « prison », toutes proportions gardées. Certain·e·s rayonnent et d’autres pètent un câble, avec toutes les nuances possibles entre les deux.

Quel impact cela a et cela pourrait avoir ?

En ce moment l’impact concret c’est que les gens qui ont pour habitude de se croiser dans ce lieu, soit pour traîner, soit pour y organiser des choses, ne se croisent plus autant ou plus du tout. Sachant que l’utilité première de la Luttine est de permettre à des gens de se réunir ou de se retrouver, c’est un peu chiant. Après pour la suite, on présume qu’on pourra réouvrir plus vite que d’autres locaux, vu qu’on accueille rarement beaucoup de monde à la fois. Le samedi par exemple il doit y avoir une dizaine de personnes qui passent en moyenne, peut-être une vingtaine les grands jours. Y’a des chances qu’on puisse pas vernir d’expos ou organiser de soirées « spéciales » pendant une durée indéterminée, mais vu qu’en temps normal il y en a seulement une ou deux par an, ça devrait pas nous impacter trop fort.

Comment peut on soutenir ?

Niveau thunes la Luttine s’autogère, donc à l’heure actuelle il vaut mieux filer ses ronds à d’autres initiatives qui en ont davantage besoin. Après une bonne manière de nous soutenir, comme d’hab, c’est de passer nous voir le samedi quand on réouvrira. De boire un café gratuit avec nous, de choper un disque ou un bouquin dans notre distro, de taper le bout de gras pendant cinq minutes ou cinq heures. Et si en plus vous nous lâchez des clopes, là vous ferez vraiment des heureux !

Quel disque vous écoutiez/ez/erez avant de fermer ? Maintenant ? Et à la ré-ouverture ?

Là aussi c’est dur d’être exhaustif, alors on citera juste deux-trois trucs. Le samedi avant de fermer on écoutait le deuxième album de Faux Départ (https://fauxdepart.noblogs.org/) et le premier album d’Hondartzako Hondakinak (https://destructure.bandcamp.com/album/d71-bruiarta-12). Maintenant on écoute la démo de Scimmia (https://scimmia.bandcamp.com/releases), et à la ré-ouverture, on espère pouvoir mettre sur la platine le nouveau Litige (https://litigelyon.bandcamp.com/album/en-eaux-troubles), le premier Meurtrières (https://meurtrieres.bandcamp.com/releases) et le nouveau Zone Infinie (https://zoneinfinie.bandcamp.com/album/degats).

La Luttine, c’est au 91 rue Montesquieu, attention on change d’arrondissement !!! 69007 Lyon.

Ah et y’a un wordpress pas mal : https://laluttine.wordpress.com 

6. À la base un label, toujours en activité d’ailleurs, puis une distro itinérante, puis une boutique en ligne en attendant de trouver un lieu. Les copains de BIGOUT Records viennent d’ouvrir leur boutique il y’a 3 mois, un magasin qui ressemble à une grosse distro qu’on trouverait à un concert puisque ça ressemble à celles qu’on peut voir dans les concerts de Noise ou de punk sauf que là, ça se « généralise » au niveau de ce que la FNAC et Bernard Lenoir appelaient (ils appellent ça encore comme ça peut être… je suis pas au courant) le Rock indépendant. Wahou. L’underground on pourrait dire aujourd’hui. Bref, des labels indépendants bien représentés dans des styles allant de hum hum l’indie rock, le noise rock, le punk et de plus en plus chez bigout, le metal et tous ses dérivés.

Comment ça se passe concrètement ce confinement pour vous ? Niveau boutique et niveau personnel.

Paul : Ben écoute ça tombe pile poil, ça faisait des semaines que je disais que j’avais besoin de prendre des vacances ! Cela dit le plan n’était pas vraiment de les prendre dans mon appart, héhé. Franchement ça va, j’ai pas à me plaindre. Concernant le magasin, il est fermé depuis le 14 mars, j’y vais de temps en temps pour arroser les plantes, voir si les disques sont encore là et imprimer les fameuses autorisations de déplacement dérogatoire. On a la chance d’avoir commencé le disquaire par la vente en ligne et il est en train de nous sauver la mise puisqu’il continue de tourner même si on n’envoie aucun colis depuis le 16 mars.

Damien : L’ambiance est bizarre, personnellement c’est l’après qui me pose question, pour Bigoût comme pour tout le reste, évidemment. Je ne pense pas que notre activité pour la partie disquaire soit affectée à long terme. Pour le reste, avec les questionnements sur la réouverture des lieux, c’est plus compliqueé Globalement je ne suis pas optimiste pour la suite en général, mais j’espère que ça obligera à certains changements de comportement.

Quel impact cela a et cela pourrait avoir?

P : Le premier impact est que quand même on glande à mort. Le deuxième c’est qu’on a sérieusement eu peur de ne pas pouvoir payer les factures de la fin mars, tu sais tous ces disques que tu commandes en février et que tu paies à 30 jours fin de mois, donc fin mars. Là ça va recommencer fin avril mais ça devrait passer. Et puis on a un proprio en or qui nous a proposé d’oublier le loyer du mois d’avril ! Je pense qu’on va quand même essayer de régler le ou les loyers plus tard quand les choses seront rentrées un peu plus en ordre. Mis à part ça, on ne risque vraiment pas grand chose vu que personne n’est salarié sur cette activité pour le moment.
D : Ben oui, c’est une activité entièrement bénévole pour le moment, donc pas de risques énormes, mais on pense aussi aux copains et copines disquaires pour qui ça va être vraiment chaud ! Pensez local, allez chez vos disquaires locaux à la réouverture ! Ça vaut aussi pour vos libraires, vos marchands de légumes et vos cavistes !

Comment peut on soutenir ?

P : Je crois que ça a déjà commencé. On reçu vraiment beaucoup plus de commandes que d’habitude sur la boutique en ligne depuis le début du confinement malgré le fait d’avoir mis le message suivant sur le site : « La boutique physique est fermée jusqu’à nouvel ordre. Vous pouvez cela dit continuer à commander ici pour nous soutenir si vous le souhaitez. Vos colis seront envoyés lorsque tout cela sera terminé. Prenez soin de vous et des personnes autour de vous. » Je t’avoue que je n’y croyais pas trop et en fait les gens ont joué le jeu, beaucoup de personnes du coin et pas mal d’autres du reste de la France. Franchement, on pourra jamais les remercier comme il se doit ! Maintenant qu’on sait qu’on est encore confinés au moins jusqu’au 11 mai, je me demande si je ne vais pas livrer à vélo les commandes de Lyon et Villeurbanne, comme au bon vieux temps. Il faut juste trouver un moyen pour que ça soit acceptable « sanitairement ». A voir. Et puis ça me fera perdre les kilos que j’ai pris en un mois, hum !

D : le patron a tout dit, merci aux gens de soutenir, c’est chouette

Quel disque vous écoutiez/ez/erez avant de fermer ? Maintenant ? Et à la ré-ouverture ?

D : Forcément le fait d’être à la maison te permet d’écouter plein de choses. ça part dans tous les sens. En rapport avec la boutique je dirai FACS, ORRANSSI PAZUZU, HUMAN IMPACT, BIG BRAVE, SECT, LINGUA INGNOTA,  et plein de trucs différents, de la pop, de la folk, de la soul, des compiles Ethiopiques, des compiles de chez Sahel Sounds, ANGEL OLSEN, le nouveau projet de TIM SINGER, CLIPPING, KATE TEMPEST, BETTY DAVIS et une tonne d’autres choses…

 

exemple de ce qu’on peut faire avec des disques Bigout

Vous pouvez commander ou réserver des disques sur leur site www.bigoutrecords.com sinon, Bigout Records se trouve 24 rue des Capucins 69001 Lyon.

7. ORIGINAL WATTS a ouvert y’a quoi, un ou deux ans ? rue des Capucins dans le 1er, mais ceux qui traînent un peu, qui fouinent (je vais pas arriver à dire « diggers » je crois…) ont souvent eu l’occasion de croiser Xavier puisqu’il a vendu des disques pendant quelques années aux stands des bouquinistes. Pour ma part, c’est le samedi dans le 4eme, mais je sais que c’est d’autres jours dans d’autres arrondissements… Bref, il a ouvert cette boutique qui mélange disques et BD.

Comment ça se passe concrètement ce confinement pour vous ? Niveau boutique et niveau personnel. 

Alors, côté boutique, après la première semaine de confinement, nous avons mis en place un système de livraison à vélo de vinyles et de BD sur Lyon et la banlieue proche. Il s’agit de clients plutôt réguliers qui connaissent nos bacs mais j’ai pu aussi envoyer des vidéos de bacs de tel ou tel genre, et nous avons aussi quelques références sur discogs en vinyles et cd qui permet de présenter un petit choix et qui nous assurent également quelques ventes en ligne. Cela permet de garder le contact et de maintenir un semblant d’activité, à minima. Concernant la partie maison d’édition bd, nous avons un site, les ventes sont dérisoires, nous avons mis du contenu numérisé gratuit, histoire de partager et par la même occasion, faire découvrir la maison d’édition. La problématique du numérique s »est imposée à nous ces dernières semaines sur la plan de la consommation, de la sécurité, de la santé, de la distanciation sociale… Nous nous devons d’être vigilant au tant que citoyen et participer à la définition du cadre. Pour la boutique, nous devons y réfléchir également en développant les ventes en ligne, en proposant notre catalogue de la maison d’édition en numérique et continuer à faire vivre le magasin physique son implantation dans la vie de quartier, dans le souci d’un lien social à vraiment reconstruire avec les différents acteurs.

Quel impact cela a et cela pourrait avoir? Comment peut on soutenir ? 

Au niveau financier, les mois qui vont suivre risquent d’être compliqués, nous n’avions pas forcément de trésorerie pour faire face à cette situation exceptionnelle. On va se battre pour y arriver et on espère que les clients viendront au retour des beaux jours libres et soyons prêt pour l’occasion.

Quel disque tu écoutais avant de fermer ? Maintenant ? Et à la ré-ouverture ? 

Côté musique, quelques jours avant le début du confinement sortait le live à Paris de 1975 du saxophoniste Pharoah Sanders, enregistré au fameux studio 104 de Radio France, disque que j’ai pas mal poncé ces derniers temps… Son magnifique !! Nous devions recevoir une compilation de Ranil y su Conjunto Tropical, de la cumbia psyché sorti du fin fond de l’Amazonie à Iquitos au Pérou que j’écoute pas mal aussi pour le coup en numérique ainsi que l’album Rejoice de Tony Allen et Hugh Masekela, enregistrement d’une session studio de 2010 sorti fin mars.Et je me refais une cure de David Axelrod…

Vous pouvez trouver les disques en ligne de Original Watts ici :

https://www.discogs.com/fr/seller/OriginalWatts/profile

https://le-club.originalwatts.com/

Le Club OW! – Original Watts

le-club.originalwatts.com

https://www.originalwatts.com/

Et pour y aller, c’est 3 rue des Capucins 69001 Lyon

En attendant une sorte de guide plus conséquent, n’hésitez pas aller voir les sites des lieux, et à y aller pour de vrai dans la vrai vie une fois que vous y serez autorisés… et en respectant évidemment les gestes Alain Barrière : blague de Digger, j’imagine…

Dernière chose mais non des moindres, je voudrais remercier pour leur disponibilité : Bruno de Dangerhouse, Paul et Damien de Bigout, Panpan de Mutant, La Luttine, Xavier de Original Watts, Régis de Reglis et Pierre de Sofa.

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