Carnet de routes qui ne mènent nulle part

Chroniques d’aventures indélicates sur les routes nord-américaines. Entre le blues du Delta et la baie de Monterrey. Entre la vallée de la Mort et les émeutes de South Central. Entre les plages de Miami et les terrains vagues de Motor City. Entre les lignes. Entre fiction et réalité. Entre hier et aujourd’hui. Entre balade autobiographique et essai option envers du décor.

Un carnet de routes à parution et destination aléatoires.

  1. Borderline

 À grand renfort de spots volontiers futuristes, orchestrant une valse des ombres dans une parodie de bleu Klein, les lumières du bar quadrillaient une véritable armada de gueules cassées, même dans les angles morts. La vision panoptique de la scène vous renvoyait au culte américain de l’ostentatoire scintillant de mauvais goût ; une manière comme une autre de prouver que l’on existe au beau milieu du néant. Rien dans ce motel minable ne semblait pourtant vouloir rimer avec cette couleur bleue censée ouvrir les horizons et raviver les sourires. On se serait plutôt cru dans un hôpital de campagne où chacun attendait son tour de passer au scanner, sous les néons de la grande faucheuse. Yes we blue. En tuant le temps qui passe avec de l’alcool blanc qui vous dévaste les conduits, avant d’inonder la totalité de votre être, jusqu’à la haine de soi. Et bientôt celle des autres. La première salle suintait la solitude humide et glauque, via une colonnade de regards vitreux, quasiment translucides. Amarrés au comptoir comme on s’accroche au bastingage sur les montagnes russes de la foire à neuneu. Du cyan au cyanure pour récurer les bleus à l’âme, il n’y avait manifestement qu’un pas. Que certains franchiraient bientôt d’une façon ou d’une autre. Sans que personne n’en ait rien à cirer. Non personne. Quant à la salle du fond entièrement enfumée tel un tripot d’extrême orient, elle fleurait l’imbuvable testostérone des esprits frustrés, aigris et querelleurs, qui avaient préalablement choisi de se mesurer au billard américain et au mauvais whisky de contrebande. Sale défaite, même pour des observateurs à l’optimisme modéré. À moins d’être totalement accros à une version du monde non édulcorée, façon Affreux, sales et méchants. Bienvenue à El Paso, Texas. Tout le monde descend.

Blue hotel
On a lonely highway
Blue hotel
Life don’t work out my way

(Chriss Isaak, 1986)

Je ne me rappelle pas vraiment ce que l’on branlait dans ce bouge de la dernière chance, si ce n’est que l’on sirotait tranquillement nos Red Stripes, vaguement camouflés derrière un paravent dans un recoin du rade. J’avoue que l’on ne prêtait pas non plus forcément attention à tout ce qui se passait autour de nous. Crades et fatigués par le voyage, à attendre patiemment le moment de regagner nos chambres, en se languissant sur des banquettes lie-de-vin depuis trop longtemps maltraitées. Mais pas besoin d’être devin pour flairer un climat délétère. Limite électrique. Charmant amalgame de moues belliqueuses et de pupilles dilatées. L’ambiance d’avant l’orage. Et puis c’est parti. Super vite. Comme un éclair dans une nuit sans lune. D’abord avec des cendriers qui volent. Puis des cannes de billard qui se fracassent sur la tronche de notre voisin de paravent. Et des bouteilles brisées pour égorger le suivant. Enfin des miroirs qui tombent. Des lames qui brillent. Hémoglobine et hurlements. Course poursuite et tables renversées. Des coups qui pleuvent. Le bruit des tronches fracassées. Et des chairs déchirées. Des hommes à terre. D’autres qui s’enfuient. Des hommes qui pleurent. Des larmes de sang. Et puis le calme froid d’après la tempête. Ce froid qui vous enveloppe jusqu’aux extrémités. Jusqu’à vous atrophier les membres et la parole. Honnêtement, je ne sais pas combien de temps cela a duré ? Cinq minutes ? Moins ? C’était quoi qu’il soit extrêmement long. Cinq minutes d’éternité pendant lesquelles nous sommes restés cloués sur nos sièges. Paralysés par la soudaineté de l’affaire et par son penchant ultra violent. Je ne sais pas trop ce que l’on aurait pu faire. Mais je crois savoir que l’on ne pouvait surtout rien faire. Hormis éventuellement rouler sous les tables. Sauf que nous sommes restés scotchés, bouches bées et gorges nouées. Ultra violence quand tu nous tiens. Telle une camisole de force. Je suppose que c’est la sirène des flics qui nous a finalement extirpé de notre léthargie. Le temps d’émerger, et puis on est sorti prendre l’air, griller des clopes les unes après les autres. Pendant qu’à l’intérieur, le sheriff et ses sbires comptaient les trépanés et les sans-papiers. Il y avait devant nous un vaste parking où les enseignes lumineuses faisaient franchement pâle figure. Assurément solidaires de notre état second. De cette ahurissante montée en température. Sans que le déroulement de la soirée nous laisse le temps de redescendre. C’est dans la foulée qu’à cinquante mètres de nous, une ombre plutôt imposante s’est alors mise à serrer une femme contre une voiture, d’une manière qui ne laissait guère de doute quant à ses intentions. On s’est rapproché timidement et néanmoins en lui criant de la laisser partir. L’ombre avait quelque chose à la main quand elle s’est retournée. Mais elle a préféré monter dans la bagnole et se barrer en faisant exagérément crisser les pneus. La jeune femme est passée devant nous pour regagner le bar où elle était apparemment de service. Elle nous a mollement remercié tout en nous traitant gentiment de fous de se mêler de choses qui ne nous regardaient pas. Là encore, je ne sais pas trop ce que l’on aurait pu faire ? Déjà que l’on avait eu de la chance de ne pas se ramasser un cendrier volant. Alors à quoi bon se prendre une prune pour une sombre affaire d’amoureux éconduit ? So what ? Faire ou ne pas faire, là est la question ? Sans tomber dans la paranoïa ultime, la vie ne tient parfois qu’à un fil. À un regard. Ou une ombre dans la nuit. J’imagine pourtant qu’il faut occasionnellement savoir dépasser sa peur. Autant que « faire » se peut. Quitte à risquer parfois un coup de bluff phénoménal. Pour tester véritablement à qui vous avez affaire. Le jeu en vaut la chandelle. J’irais même jusqu’à dire que le bluff est votre ami pour la vie. Celui qui vous épaulera dans d’innombrables situations. Reste à savoir si vous êtes suffisamment physionomiste pour l’utiliser à bon escient. Notamment en France où un pourcentage élevé de mecs passent le plus clair de leur temps à se tester ridiculement. Cela peut s’avérer plus compliqué aux Etats-Unis, où généralement personne ne vous cherche jamais de noises. Ni du regard, ni dans les faits. En revanche, si jamais cela vous arrive, alors oui les amis dans ce cas de figure, il y a potentiellement danger. Et particulièrement à l’ouest du Texas, où la NRA affiche carton plein depuis la création de l’état. Hell Paso. Tout le monde descend. Et au suivant.

 

La violence est souvent le lot du quotidien dans sa banalité la plus crue, compte tenu du nombre exponentiel d’abrutis cherchant à affirmer leur masculinité, comme souligné précédemment. L’ultra violence, elle, survient souvent à l’improviste. Et c’est toujours difficile de savoir comment réagir. J’ai pourtant dû y faire face dès mon enfance, autant physiquement que psychologiquement. Entre autres parce que mon père avait pris la sale habitude de tabasser ma mère, et lorsque l’on ne s’y attend pas, que c’est la première fois, le choc est disons « frontal ». Il était alcoolique multirécidiviste tendance solitaire, et cela lui remontait parfois au cerveau, via des crises de démence. Alcoolique certes pour s’aider à oublier quelques traumatismes de sa propre enfance, mais dont il reproduisait quelque part les schémas. Sans se lancer dans des approximations psychanalytiques, c’est un peu l’histoire du traumatisé traumatisant. Mais en l’espèce, explication ne saurait jamais rimer avec justification. Je me souviens une fois, j’avais une douzaine d’années, être parti de Lyon faire une balade de 45 km en vélo pour le rejoindre dans sa maison de campagne. Mal m’en avait pris, d’autant qu’il n’était pas forcément au courant de ma visite. Oui, les téléphones mobiles n’existaient pas encore à l’époque. Ainsi suis-je arrivé en nage et ai-je toqué machinalement à la porte. Il m’a ouvert vêtu d’une simple serviette lui cachant le sexe, les yeux injectés de sang et les gestes mal assurés, manifestement complètement défoncé. Lui Tarzan, moi incrédule. Une odeur pestilentielle et une chaleur torride s’évadaient de la cuisine ; savant mix d’expérimentation pharmaceutique et d’alcool frelaté distillé à l’acétone. Il était chimiste de son état et testait visiblement sur lui, les breuvages de son invention. Avec un effet pour le moins réussi. Je ne sais même pas si il a répondu à mon « bonjour » affreusement inapproprié, mais il s’est empressé de fracasser au sol la bouteille en verre qu’il tenait à la main. Ce qui en soi n’était pas franchement une bonne idée puisqu’il tanguait va-nu-pieds à cet instant-là, manifestement dans un au-delà où la souffrance physique n’existait plus. Disons que la touche « sauvegarde » avait totalement disparu de son ordinateur intérieur. Je n’ai pas demandé mon reste et j’ai grimpé directement à l’étage de la maisonnée, m’évitant ainsi la suite du spectacle. Rouge devant. Noires les horreurs. Je me suis enfermé dans ma chambre histoire de reprendre mes esprits mais c’était un brin compliqué, car je l’entendais hurler tel un fauve en cage, à qui on vient de retirer son quartier de bidoche. Là encore, je dirais que le choc fut quelque peu brutal. Et même sans coup porté. Du moins, a priori. Nullement besoin d’avoir le nez qui saigne pour ressentir l’odeur du sang. À ce moment précis, mon état d’esprit oscillait entre la honte intégrale et l’aspiration à disparaître instantanément des lieux. Ou plutôt de n’avoir jamais été là. Et puis l’envie de meurtre. Pour la toute toute première fois. Mais rien à voir avec les sempiternelles jalousies qui stimulèrent Œdipe et tous ses descendants. Non plutôt le fantasme de l’homme invisible : pouvoir d’un coup de baguette magique devenir transparent et flinguer automatiquement. J’allais sur mes treize ans et j’avais déjà mentalement tué le père. Certes d’un point de vue chimérique, mais c’est en grandissant, que la réalité risquait de dépasser la fiction.

Oh Acetone, Acetone,

won’t you ever leave me alone

(Mudhoney, 1992)

La vie vous laisse rarement la possibilité de faire demi-tour, de revenir en arrière, d’effacer l’indélébile. No U Turn. Alors autant aller de l’avant. N’empêche que c’est bizarre comme goût dans la bouche et comme tempête interne, que de souhaiter la mort de son père. Un voisin de mon âge est venu de l’autre coté de la maison pour m’appeler et voir comment j’allais. Je lui ai répondu « comme tu vois ». Il m’a appris que mon daron jouait à l’abominable homme minable depuis déjà deux jours. Entre hurlements de bête sauvage et déambulations hasardeuses. Bigre le bougre, quelle forme olympique ! On en a rapidement conclu qu’il valait mieux que j’aille voir ailleurs si j’y étais. J’ai jeté un énorme édredon dans la rue et j’ai sauté dessus de la fenêtre du premier étage. Pris mon vélo, dis « salut » à mon pote et j’ai taillé la route. Je me souviendrais évidemment toute ma vie de cet épisode un brin désagréable. Mais je sais aussi qu’à ce moment précis, je me suis également promis une revanche. Et bonjour les envies de meurtre qui demeurent évidemment condamnables depuis que l’homme est homme. Mon père était donc à moitié timbré et ses crises de violence allaient en se multipliant sans que l’on sache quoi faire. Hormis pleurer comme mes jeunes frères et sœurs. Ou ronger son frein comme moi. Et puis on grandit. Suffisamment pour qu’à l’âge de quinze ans, je me décide enfin à me dresser face à lui. Je me souviens l’avoir ainsi menacé de mort si il touchait une fois de plus à ma mère. Je faisais alors la même taille que lui et j’avais déjà l’œil noir. Mais j’avais surtout appris à le jauger. Ce n’était finalement qu’un sale connard lâche et pitoyable. C’est un peu réducteur comme représentation du paternel, mais il y avait de ça. Je l’avais donc cerné et je savais pertinemment qu’il n’oserait pas m’affronter, aussi parce que j’étais son fils. Il n’a ensuite plus jamais levé la main sur ma mère devant moi ; il s’est contenté de s’autodétruire consciencieusement. Si j’y avais été obligé, aujourd’hui encore je ne sais pas si j’aurais eu le courage de le buter ? Même si je me rappelle très bien avoir échafaudé des plans pour l’assommer à coups de chaise. De toute façon, il aurait du me passer sur le corps. Et passer outre mon regard sombre. Très sombre. Ma détermination certes de façade mais ma détermination tout de même. C’est à cette période de ma vie que j’ai ainsi acquis les rudiments du bluff et l’intérêt de la manœuvre en situation. Et ça m’a servi jusqu’à aujourd’hui. Pour éviter d’avoir à me battre parfois. Pour éviter également de devoir crever mon propre père. Ce qu’il a très bien réussi à faire tout seul trois ans plus tard, grâce à son addiction. En s’explosant le cœur à grands renforts d’eaux-de-vie qui portent définitivement mal leur nom. Cette expérience m’a à la fois servi et marqué. Mais je crois bien que malgré tout, on ne se fait jamais à l’ultra violence. Entre fascination et répulsion.

Je regardais fixement au plafond, ce méga ventilo qui s’échinait à tournoyer bruyamment sans aucun résultat sur la moiteur ambiante. Je maudissais cette chambre d’hôtel délabrée qui avait oublié de climatiser nos rêveries matinales. Et j’abhorrais ces gouttes de sueur qui me brûlaient le regard. Je ne me souviens plus dans quel film j’avais vu ça. Le mec coinçait sur un lit détrempé, littéralement écrasé par la chaleur humide. Le col de chemise ouvert, les manches retroussées, une serviette mouillée sur le front et l’œil complètement absent. La tension palpable en noir et blanc. Les pensées pourpres. Le présent grisâtre, embrumé de façon implacable. Et l’avenir laissé à la canicule extérieure, jaunâtre et envahissante. Mais nous n’étions pas dans un film et le bleu Klein de la veille avait laissé quelques traces. On a cependant décidé d’un seul homme, sûrement histoire de parachever le coté sombre du tableau, d’aller voir au Mexique si les poules avaient des dents. Du coté de Ciudad Juàrez. La ville siamoise de l’américaine El Paso. Si proche et pourtant si éloignée selon la presse locale. On avait bien sûr entendu parler d’histoires sordides, de ces femmes qui disparaissaient, que l’on retrouvait assassinées après avoir été violées dans les lointaines banlieues désertiques de la ville. Sans parler de la misère des candidats à l’exil, du taux d’homicides et des narcotrafiquants qui flinguaient à tout va. Mais on voulait voir « ça » un peu par nous-mêmes, se faire une idée, se représenter un tant soit peu le cadre de l’enfer sur terre. C’est à pied que nous avons rejoint cet immense pont métallique enjambant le Rio Grande, pour franchir la frontière, alors que des gars rencontrés dans un bar le matin même, nous avaient plus que déconseillé d’y aller et surtout pas d’y passer la nuit. On a rapidement compris pourquoi en franchissant une véritable ligne de démarcation.

À l’instar du Rio Grande qui n’avait de grand que le nom et qui ruisselait maigrement dans un canal bétonné ; les habitants de Juarez n’avaient que la peau sur les os et rarement des chaussures aux pieds. Main-d’œuvre sûrement bon marché pour les entreprises installées au nord, et appartenant sporadiquement à de lointains cousins. C’est bien sûr un peu simpliste comme première vision du Mexique, d’autant que la ville semblait parfaitement fonctionner, même dans un bordel innommable ! Une ville, certes avec quelques bidonvilles. Où la misère et la tension avaient élu domicile. La misère de ces familles désunies qui essayaient de s’embrasser brièvement à travers les immenses grillages séparant les deux pays. Et la tension soudaine, quand des mecs tatoués de la tête aux pieds façon Maras d’Amérique centrale, passaient à coté de vous en bagnole. Las brigadas del Tigre ? Pas encore totalement déboussolés par cette entrée en matière, nous avons opté pour la nonchalance apparente et descendu une Avenidad en direction d’un marché à bestiaux. Et à volatiles. C’était un samedi matin et c’est un peu plus loin que nous avons croisé sur ce qui faisait office de trottoir, une bande de moustachus affalés sur des canapés déchirés, buvant de l’alcool transparent dans des bouteilles d’eau en plastique. Ils étaient bien sûr tous de blanc vêtus mais ils avaient les yeux écarlates de ceux qui tournent au crack et au mezcal fait maison. Ils n’en étaient pas moins occupés à tirer des poulets d’une cage les uns après les autres, pour leur couper la tête en direct de la rue avant de les déplumer. Quand nous sommes passés à coté d’eux, ils ont miaulé un truc qui ressemblait à « sweaty, sweaty ! » avec un sourire en coin démoniaque. Ils nous prenaient visiblement pour des poules qu’ils prendraient un malin plaisir à dépouiller sur le champ. On a évidemment taillé la route rapidement, pour se réfugier dans une taverne de pacotille à deux blocs de là. Elle était tenue par une brune plantureuse aux yeux verts, qui nous a immédiatement crucifié du regard. Nous n’étions pas vraiment les bienvenus mais qui le serait dans ce capharnaüm sans nom ? Qui agglutinait des générations de « dos mouillés », humiliées depuis des décennies par leurs voisins étasuniens. Je lui ai fait comprendre qu’américains nous n’étions pas, et que nous voulions simplement casser la croûte avant d’aller brûler ailleurs en enfer. Elle a fini par s’adoucir et même par nous raconter un peu sa vie en nous servant à manger, alors que se dégageaient d’elle, une force et une beauté phénoménales. Quant à sa vie à proprement parler, elle n’avait rien à envier à certains passages des romans de Maupassant, quand la tragédie se dispute avec le mauvais sort. Elle s’appelait Brenda et elle avait eu six enfants dont quatre a priori déjà installés entre Nevada et Arizona, faits avec trois géniteurs différents dont deux actuellement installés en taule. Elle avait par intermittence des éclairs sombres dans les yeux mais elle témoignait dans le même temps, d’une énorme bienveillance pour ses semblables. Après quelques cervezas bien méritées, je crois même que l’appeler « maman » ne nous aurait presque pas semblé incongru. Sauf que maman avait raison gardée, et nous conseilla de rentrer directement d’où on venait, plutôt que de continuer à s’enivrer du « mauvais coté de la frontière ». Adios Brenda et bon vent pour le futur. Nous garderons de toi un souvenir ému voire amoureux. Nous avons donc remonté l’avenue avant la tombée du jour, cette fois sans mauvaise rencontre, afin de rejoindre ce « putain » de pont métallique et les États-Unis. Non sans quelques complications douanières pour l’ami Kanardo. Bloqué pendant une bonne heure par les gardes frontières texans, qui avaient vraisemblablement décidé de lui chercher des poux dans ses dreadlocks. De retour à l’hôtel, on a fait nos bagages sans trop réfléchir et on a pris illico la route en direction de la nuit. Loin de ce coin d’Amérique borderline où il ne faisait pas bon moisir. Loin de ces hausses soudaines de température. À la frontière entre deux états. À la limite entre le bien et le mal.

À suivre…

Laurent Zine

 

Carnet de routes qui ne mènent nulle part #8