kkkkk_copie-53ff6-64c76-2kkkkk_copie-53ff6-64c76-2Bring The NoiZe :
Une rubrique discophile récurrente mais à périodicité totalement aléatoire ; on y parle de disques plus ou moins obscurs (mais pas toujours) et publiés pour la plupart par des micro labels tenus par des passionnés enthousiastes et dévoués (mais pas seulement) ; alors autant dire que la seule règle de conduite suivie ici est celle de la subjectivité voire de la mauvaise foi… ce qui signifie également que la meilleure façon de découvrir des musiques, des groupes et leurs disques, c’est d’aller les écouter et de se faire une opinion par soi-même.

 

rise jessica93Jessica93 est le cas typique du petit gars qui n’a jamais rien demandé à personne et sur la gueule duquel tout le monde est en train de s’extasier, parfois sans même trop savoir pourquoi. Geoff joue ou a joué dans des groupes qui n’ont jamais déclenché le même enthousiasme de la part des hipsters (Les Louise Mitchels ou Missfits, pourtant tous les deux très bons) et il s’est mis à son projet solo Jessica93 tout seul dans son coin aux alentours de l’année 2010 et presque par hasard. Aujourd’hui on s’arrache littéralement le garçon – il sera même programmé à Lyon dans le cadre des Nuits Sonores, festival hautement WTF qui s’y connait en récupération et en hype à retardement – pourtant Geoff/Jessica93 en a rien à foutre. En ce mois de mars il a décidé de tourner dans des lieux aussi improbables qu’officieux avec deux de ses meilleurs potes : Usé (le projet solo de Nico de Headwar) et Noir Boy George (l’un des nombreux projets de Nafi, ex AH Kraken, The Dreams, Le Chômage, Lésion Blanche, etc.)… Rise est le troisième album de Jessica93, un album qui dévoile une musique de plus en plus immergée dans le son des 80’s et de la new-wave contemplative, mais avec une approche toujours aussi massive, entre shoegaze plombé et pop désenchantée. Moi, j’adore.

 

jessica 93 mistress bomb hAvant la parution de Rise, Jessica93 a participé à un split album publié conjointement par Bruits De Fond et Kerviniou recordz. Le garçon y a placé deux excellents titres dont le premier est parfaitement dans la lignée, glacée et martiale, de ce qu’il a fait sur son dernier album, alors que le second titre, intitulé Black Dog, lorgne davantage vers ses débuts, plus minimalistes et avec une utilisation de la boite-à-rythmes moins métronomique. Black Dog est une composition vraiment magnifique, peut-être plus intimiste malgré la démonstration de puissance à nouveau développée ici par Jessica93. Qui dit split album dit deuxième face et deuxième groupe : Mistress Bomb H est en fait un autre projet solo reposant pleinement sur les talents de compositrice et le chant de son unique membre (qui se fait aider pour les concerts par monsieur Jean Ferraille aka Aphasia). Glacée et crispée, voire anxiogène et obsessionnelle, l’electro de Mistress Bomb H est un bel exemple de musique intelligemment sombre et sans le côté m’as-tu-vu trop fréquent chez les darkeux amateurs de bontempi. L’idée de lui faire partager un même disque avec Jessica93 était donc la bonne : les deux musiciens aiment tous les deux explorer les recoins sombres, déversant un flot de mélancolie parfois dévorante (un peu lyrique pour le premier, ascétique pour la seconde) et semblant alors parfaitement capables de se retrouver dans le noir.

 

11111Après une foultitude de CDr, EPs, singles, 12’ et autres, Klaus Legal a enfin publié un premier album, intitulé Sarcasmes Et Silences. Employer ce terme d’ « enfin » peut sembler assez peu charitable mais il s’avère que cet album est de loin ce que Klaus Legal a enregistré de plus consistant et de plus abouti à ce jour. Cela n’enlève strictement rien aux précédents disques du jeune homme, déjà fort recommandables, mais c’est comme si pour Sarcasmes Et Silences Klaus Legal avait mis les bouchées doubles. Ce qui est effectivement le cas, puisque l’une des bonnes idées mises en œuvre sur ce LP a été de faire appel à Mim (de L’Amour Aux Mille Parfums, label qui a publié cet album en compagnie des disques Charivari) qui non seulement s’est largement investi dans le côté technique de l’enregistrement (nous avons affaire à un perfectionniste du son) mais qui a également fini par s’impliquer de plus en plus dans les arrangements des compositions. Résultat, jamais la musique de Klaus Legal n’aura paru aussi peu brinquebalante et aussi peu nébuleuse pour se concentrer sur l’essentiel, de violentes bourrasques d’electro-noise minimale bourrées de vindictes sarcastiques voire nihilistes mais aussi pleines d’autodérision (« je suis un pixel sentimental et je t’emmerde »). Klaus Legal s’en fout de chanter mal, sa musique peut être approximative mais elle garde toujours cet esprit de réalité qui fait que l’on s’en prend plein la gueule.

 

klaus legal les spritzToujours Klaus Legal mais cette fois-ci accompagné des Spritz. Je dis accompagné parce que ce disque monoface est une véritable collaboration entre les deux. Les Spritz c’est un duo (guitare et batterie) originaire de Sicile qui selon ses propres dires s’emploie à jouer la musique la plus bordélique et la plus dissonante possible. Klaus Legal (également guitariste dans La Race, Dalida, ex Hallux Valgus et ex Death To Pigs) a lui-même un lourd passé en la matière et donc n’a rien à craindre, il n’a rien d’un orphelin esseulé lâché au milieu d’une meute de loups affamés. Au contraire, il s’en sort très bien avec sa voix déformée et ses synthés trafiqués, pris en tenaille entre les deux autres qui font preuve de plus de retenue que ce que l’on aurait pu croire au départ. L’équilibre entre les forces en présence est, on s’en doute, assez flou mais il est quand même viable et stable, sauf sur le dernier titre du disque, Schneidy, où les deux Spritz tirent vraiment toute la couverture à eux avec leurs rythmiques et dissonances à foison. Honnêtement, moi qui aime plutôt le grand-n’importe-quoi et le bordel, je ne m’attendais pas non plus à un disque aussi bandant.

 

Hazam.