ayerdhal 1Alors que les municipales s’accélèrent sous le reflet des paillettes du grand gourou, j’ai nommé l’Empereur Tomato Ketchup* après son raout de Vaise, au complexe du Pathé du même nom — vous savez la boite où l’on vend du pop-corn rose made in USA —, je préfère, moi, me diriger vers une librairie des plus sympas, Au Bonheur des Ogres, pour y rencontrer notre ami Ayerdhal, un des maîtres du pop thriller. Chacun choisit sa culture…

Grand pourfendeur des méchants devant Bakounine (bakounine-a-lyon) et porte-bannière du Droit du Serf, un collectif engagé dans la lutte pour le respect des droits d’auteur, ce Croix-Roussien d’origine est de retour sur ses terres. Incisif, exubérant, Yale pour les intimes a la plume bien trempée et ne mâche pas ses mots. Peut être pourrais-je le questionner sur ça conception de la politique et recueillir son sentiment sur notre Empereur Tomato Ketchup. Car pour lui, comme il l’explique, l’écriture est politique :  » Je n’écris que parce que j’ai des choses à dire aux autres, c’est ma façon de faire de la politique. Une chance que je ne sache pas parler car je serais un insupportable politicien ! « . Et quand on parle de politique, il dégoupille les grenades et, pirouettes cacahuètes, décortique notre société comme nulle autre en nous plongeant parfois le nez dans le caca. Et ça fait du bien.

Dans Rainbow Warriors, son précédent ouvrage Ayerdhal proposait un véritable ovni, autour d’un sujet qui, le moins qu’on puisse dire, sortait de l’ordinaire. Déjà le nom vous évoque un souvenir lointain, non ?*. On y voit le renversement d’une dictature africaine corrompue et homophobe par une armée de mercenaires lesbiennes, gays, bi- et transsexuels — autrement dit LGBT ! Un « exemple » à la face du monde car, derrière les 500 pages de ce thème loufoque, se trouvent un récit d’une forte densité et une réflexion poussée qui en font un thriller politique de très grande qualité… Ainsi ce qui aurait pu passer pour une légèreté farceuse est en réalité le récit détaillé et fluide d’une aventure hors norme, égayé par un humour constamment présent et émaillé de dialogues délirants Questionnements intime, philosophique et politique sont présents tout au long du livre où Ayerdhal interroge certains comportements néocolonialistes et l’ambiguïté du droit d’ingérence. Tout s’enchaîne avec une telle virtuosité qu’il est difficile de fermer le bouquin, sauf là où Ayerdhal vous laisse souffler.

ayerdhal 2Et Ayerdhal n’a pas fini de nous surprendre ! Il nous parlera peut être de son dernier livre Bastard (en hommage à un ancien groupe rock Lyonnais !). Une étiquette… pas facile ! Un thriller un brin déjanté avec, pour point de départ, le mystère de la page blanche. Un thriller construit comme un feuilleton, sur le mode des séries américaines : environ 50 min de lecture par épisode, avec une scène pré-générique, une histoire interne où se nouent les fils d’une méta-histoire plus complexe, et un cliffhanger . Au vu des premières pages que j’ai lues, et les rencontres que l’on y fait, Canal Plus ferait bien d’avoir du nez ! Quant à moi, je vous conseille vivement son achat ! Mais laissons l’auteur en parler :  » Alexander Byrd ne parvient plus à écrire depuis qu’il a été récompensé par le prix Pulitzer. Colum McCann l’incite à arpenter New York en inventant mentalement des vies pour les inconnus qu’il croise et à lier ces vies autour d’un fait divers peu banal : une très vieille dame, non identifiée, qui a occis trois agresseurs avec un outil de jardin et l’aide d’un chat. Sur les traces de celle que les médias surnomment Cat-Oldie, Alexander arpente les cimetières du Queens en rollers avec, dans sa capuche, Folksy, son propre chat ou, plutôt, le chat qui le possède. Dans sa quête de l’inspiration, il cherche aussi conseil auprès de Paul Auster, Norman Spinrad, Jerome Charyn, Toni Morrison, Michael Chabon, Siri Hustvedt… C’est finalement sur la tombe d’Houdini qu’il retrouve Cat-Oldie, dont il découvre qu’elle a connu l’illusionniste, comme elle a fréquenté des personnalités aussi fascinantes que Ian Fleming, Robert Capa ou John Steinbeck, au cours d’une vie si longue qu’elle pourrait bien être la doyenne de l’humanité et si mystérieuse que plusieurs services secrets n’ont eu de cesse tour à tour de l’employer et de la pourchasser. »

Bien sûr, vous pourrez rencontrer Ayerdhal à la foire du polars (http://www.quaisdupolar.com/), mais rien ne vaut l’intime et la rencontre dans une librairie sympa ! Alors un tour à Vaise s’impose pour une soirée qui sort de l’ordinaire. Ensuite, un petit détour par la Coopérative du Zèbre, et une pinchos ! Alors… si vous avez envie de craquer, suivez mes docs zébrées.
Bises les petits loups et à jeudi.

 

Rencontre dédicace : Ayerdhal pour Rainbows Warriors et Paul Colize révélation polar de l’année 2013 avec « Un long moment de silence » (interview ) . Librairie Au Bonheur des Ogres.  Jeudi 27 février à 18h30

* Rainbow Warrior : Une affaire qui dans le passé a fait chuter le ministre de la défense et maire de Villeurbanne, Charles Hernu ( Affaire_du_Rainbow_Warrior ).

** Brèves de Polars Le dénommé « Gégé » surnommé pour les besoins de la cause l’empereur Tomato -Ketchup, s’isole et se bunkérise de plus en plus, dans son fief de Central Avenue, à l’image d’un Jo Frêche en fin de carrière, « C’est le syndrome Frêche. Le monde ne tourne rond que s’il tourne à sa manière et en fonction de sa compréhension du monde« , explique Daniel Cohn-Bendit. Il vocifère, menace, insulte. Les listes des candidatures se modifient au grès des humeurs et de la météo … « Si tu ne suis pas le guide tu seras punis mon ami ». Il s’agit de garder le pouvoir. L’objet d’un polars Évidemment ! extrait de « L’empire s’ébranle et 1 de chute ».