Nos retraites sauvées : merci Liliane !

L'Oreal-heiress Liliane BettencourtUne personnalité exceptionnelle est en mesure, par ses superpouvoirs, de sauver le système de retraite. Pedro vous révèle son nom ici.

Ma grand-mère a fini ses jours dans une maison de retraite du Massif central. Elle y bénéficiait d’une chambre d’une quinzaine de mètres carrés, avec salle de bain et toilettes privatives. Elle pouvait y mener une existence indépendante et, par exemple, cuisiner ses propres plats. Mais elle préférait le plus souvent retrouver ses copains et copines à la cantine. Le personnel était attentif tout en restant discret, et une équipe médicale était présente en permanence pour parer aux urgences. Dans ce coin de campagne, l’air était pur et la nourriture saine et, si la vie mondaine ou culturelle n’était pas trépidante, la plupart des résidents ne souffraient pas d’un désœuvrement démoralisant. Mon aïeule savait que, de toute façon, elle ne pouvait plus vivre seule dans sa maison trop grande et trop isolée. Le loyer de la résidence lui pompait toute sa retraite d’ancienne petite commerçante et c’était un peu juste, mais ça allait. Je ne l’ai jamais entendue se plaindre.

Ma grand-mère était née dans une région rurale pauvre et a vécu deux guerres mondiales mais elle a terminé son existence dans un certain confort grâce au système de retraite par répartition ébauché au début du XXe siècle et consolidé à la Libération. Comme on sait, ce système est actuellement menacé sous l’effet de mécanismes pluriels, à la fois démographiques, sociaux, économiques et politiques. Or, une personnalité exceptionnelle est aujourd’hui en mesure de le sauver.

Il ne s’agit ni de Superman, ni de Batman, ni de Spiderman, encore moins de Dominique Strauss-Kahn. Il s’agit de Liliane Bettencourt.

Si on en croit sa page wikipedia, la fortune personnelle de Liliane Bettencourt s’élève aujourd’hui à 30 milliards de dollars, soit un peu plus de 25 milliards d’euros. C’est-à-dire plus que le montant du déficit attendu des caisses de retraite en 2020, évalué par le Conseil d’orientation des retraites à 18,8 milliards d’euros. On peut même y ajouter sans difficulté le montant du déficit de l’assurance chômage, soit 3,5 milliards d’euros en 2015.

L'Oreal-heiress Liliane BettencourtLe récent procès tenu à Bordeaux nous l’a montré, expertises psychiatriques à l’appui : Liliane Bettencourt ne sait plus où elle habite et n’a plus aucun sens de la valeur de l’argent — au point de filer 450 millions d’euros à un vulgaire parasite parce qu’elle le trouve drôle. Elle peut sauver les retraites sans le moindre effort, sans même le savoir et encore moins le comprendre.
C’est précisément parce qu’elle ne sait plus où elle habite que Liliane Bettencour peut sauver nos retraites. Je propose en effet qu’elle fasse don à la collectivité de l’ensemble de sa fortune, dont elle ne sait manifestement plus quoi faire, et vienne finir ses jours dans une maison de retraite telle que celle qui a accueilli ma grand-mère. Même après avoir cédé tout son patrimoine pour le bien commun, il lui restera largement de quoi en payer le prix de journée. On ne voit pas pourquoi ce qui était jugé convenable pour une ancienne petite commerçante comme ma grand-mère ne le serait pas pour une milliardaire née avec une cuillère d’argent dans la bouche et qui aura consacré son existence à une seule chose : péter dans la soie.
Soyons en sûrs, le changement d’univers se passera sans problème. Il suffira de lui dire que la campagne environnante est le parc de sa maison de Neuilly, que les bâtiments sont sa propriété, que c’est elle qui paie le personnel de l’établissement et que les autres pensionnaires sont ses invités. Quand on a côtoyé de près François-Marie Banier et Nicolas Sarkozy, on tire nécessairement un important bénéfice moral à fréquenter d’anciens agriculteurs, boulangers ou postiers qui ont trimé toute leur vie.
Elle jouait au bridge ? C’est une excellente base pour apprendre la belote. Elle dégustait le caviar à la louche ? Elle pourra se gaver de caviar d’aubergine — ça reste du caviar et c’est bien meilleur pour la santé. Elle se faisait constamment servir ? Assurer soi-même les menues tâches de la vie quotidienne, comme ouvrir les portes et aller chercher la confiture dans le placard, est excellent pour conserver son autonomie le plus longtemps possible — tous les ergothérapeutes vous le diront.
Au nom de toutes et tous les retraités, actuels ou futurs : merci Liliane !

 

Pedro